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Résultats du programme Grandes Cultures Économes

Réduire de 50% l’usage des pesticides, dès aujourd’hui, c’est possible

Né en 1994, le Réseau agriculture durable (RAD) accompagne des agriculteurs dans leur démarche d’évolution vers des systèmes de production agricole plus économes en intrants (engrais, pesticides, énergie, capitaux, moyens de production…) et plus respectueux des ressources naturelles et des hommes. Association membre des Civam (Centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural), le RAD compte 30 groupes d’agriculteurs (3000 au total), dans une quinzaine de départements (des Landes à la Seine-maritime).

En 2006, une quinzaine d’agriculteurs expérimentés du réseau RADCIVAM décident de créer un cahier des charges pour des cultures économes en intrants. Leur but est de le faire valider en tant que mesure agri-environnementale (MAE) et de l’intégrer au plan de développement rural hexagonal (PDRH). L’idée directrice du projet est de refonder les systèmes de culture afin de les rendre moins sensibles aux bio-agresseurs et, de ce fait, moins consommateurs d’intrants. Lundi 13 février 2012, devant un parterre de 150 participants, les résultats de ce programme dénommé Grandes Cultures Économes, qui regroupe désormais 56 agriculteurs, ont été présentés au Palais du Luxembourg, à Paris. Diminuer les consommations d’intrants (pesticides, engrais, énergie…), tout en maintenant la rentabilité économique des systèmes de culture, c’est possible : preuve faite par le Réseau Agriculture Durable des Civam dans un document que vous pouvez télécharger en cliquant ici.
Les pieds dans l'herbe : réunion du RAD en Basse-Normandie (photo RAD).
Les pieds dans l’herbe : réunion du RAD en Basse-Normandie (photo RAD).
La restitution des résultats de ce programme s’est faite en présence de M. M. Calame, directeur de la Fondation Charles Léopold Mayer, de M. J. Morineau et B. Drouin, administrateurs du Réseau Agriculture Durable des CIVAM, de M. S. Orru, Directeur général du WWF France et de M. E. Giry, Chef de service de la stratégie agroalimentaire et du développement durable du Ministère de l’Agriculture. Les exploitations les plus performantes de ce programme ont d’ores et déjà atteint, voire dépassé, les objectifs fixés par les politiques publiques à l’horizon 2020 en matière d’environnement : • elles utilisent 50 % moins de pesticides , ce qui est conforme aux objectifs fixés par le Grenelle de l’environnement pour 2018 (Plan Ecophyto) ; • elles obtiennent, après lessivage agricole, une eau dont la concentration de nitrate/litre est inférieure ou égale à 50 mg ; ce qui est conforme à l’objectif 2015 de bon état chimique de la Directive Cadre sur l’Eau et correspond à la norme de potabilité ; • elles consomment 20 % d’énergie en moins que la moyenne nationale, conformément aux objectifs globaux du Paquet Energie-Climat ; • elles émettent 20 % de gaz à effet de serre en moins par rapport à la moyenne nationale, conformément, là aussi, aux objectifs globaux du Paquet Energie-Climat. Parmi les intervenants, un agriculteur de la Beauce a présenté son expérience : en 3 ans, il a transformé le système de culture intensif de son exploitation en système de culture économe, sans perte de revenu ; preuve qu’il est possible de concilier moindre impact environnemental et rentabilité économique en grandes cultures. Pour diffuser les pratiques culturales qui permettent d’atteindre ces résultats, le RAD-CIVAM a mis au point un cahier des charges. Avec le WWF, le Réseau RAD-CIVAM souhaite que ce cahier des charges soit agréé par le Ministère de l’Agriculture, en tant que mesure agri-environnementale. Les agriculteurs pourraient ainsi signer un contrat avec la collectivité qui donnerait lieu à des subventions en rémunération des services environnementaux rendus. En pleine renégociation de la PAC et à la veille du salon de l’agriculture, ce serait là un geste politique important pour concilier production agricole et respect de l’environnement, un signal clair à l’attention de tous les agriculteurs qui souhaitent faire évoluer leur système de production dans le sens des attentes de la société. La preuve par l’exemple : l’expérience de Sébastien LALLIER, céréalier en Eure-Et-Loir (Beauce) En 2008, Sébastien Lallier reprend l’exploitation familiale, située au sud de la Beauce, région céréalière spécialisée. Avant cette date, les principes de l’exploitant étaient de ne constater aucun dégât visuel sur les cultures et de maximiser le rendement. Pour ce faire, la conduite des cultures était essentiellement basée sur des méthodes chimiques à travers des traitements systématiques et une fertilisation élevée. La rotation était courte : colza – blé – blé –orge. Le système était arrivé dans une impasse avec des problèmes d’adventices du fait de la répétition de cultures d’hiver. Ainsi, les rendements des blés de blés étaient inférieurs aux blés de colza, tout en consommant plus de pesticides et d’engrais. Sébastien Lallier décide de s’engager dans le projet Grandes Cultures Économes et se fixe les objectifs suivants : développer une marge brute correcte – quitte à tolérer des dégâts de récoltes –, diminuer les achats d’azote et de pesticides, supprimer le régulateur de croissance. Il a donc recomposé le système de la façon suivante : – des cultures de printemps et de légumineuses (tournesol, pois de printemps) ont été introduites pour déspécialiser la flore adventice et introduire de l’azote dans le système. Le pois a été placé devant le colza pour optimiser la valorisation des reliquats azotés ; – les labours ont été espacés pour réduire la facture de fuel et augmenter leurs effets sur le stock de graines adventices ; – des faux semis et des couverts végétaux ont été réalisés, respectivement, pour gérer les adventices, limiter les fuites d’azote et protéger le sol ; – la fertilisation azotée a été réduite pour diminuer le montant de la facture, mais également pour éviter de recourir au raccourcisseur ; – les dates de semis ont été décalées : retardées pour le blé, afin d’éviter les bio-agresseurs, et avancées pour le colza afin de renforcer la résistance de la culture ; – les densités de semis ont été réduites pour créer un environnement moins propice au développement des maladies ; – la taille des parcelles a été réduite pour optimiser l’effet des auxiliaires. Trois ans plus tard, les résultats sont là. La consommation de pesticides a diminué de 58 %, la fertilisation de 40 %, la facture d’intrants à l’hectare de 42 %. Si la marge brute du pois reste inférieure aux autres cultures, ce dernier permet d’améliorer la productivité des autres cultures de la rotation. La marge brute moyenne (toutes cultures) annuelle a légèrement augmenté et l’exploitation est gagnante.

 

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David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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