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Race et Histoire, Tristes Tropiques, La Pensée sauvage

Claude Levi-Strauss : 3 oeuvres pour (re)découvrir le maître de l’anthropologie moderne

+ le documentaire consacré à Tristes Tropiques

Géant de la pensée française, connu dans le monde entier comme un maître de l’anthropologie moderne, l’académicien français est décédé ce week-end à l’âge de 100 ans. Philosophe de formation, ce pionnier du structuralisme qui arpentait le monde pour en étudier les mythes, ce précurseur dans le domaine de l’écologie qui écrivait admirablement, a oeuvré à la réhabilitation de la pensée primitive. «A cheval entre philosophie et science […], son oeuvre est indissociable d’une réflexion sur notre société et son fonctionnement. Il a une approche écologique du monde et des individus, avant la lettre», raconte l’un de ses biographes, Denis Bertholet. Je vous propose de (re)découvrir trois oeuvres incontournables de l’ethnologue : Race et Histoire, Tristes Tropiques et La Pensée sauvage.

Race et Histoire

C’est dans un style simple et clair que Levi-Strauss s’attaque en 1952 au racisme. A cette époque, on considérait encore trop souvent que la civilisation occidentale constituait le forme la plus avancée de progrès et que les autres civilisations (aborigènes, pré-colombiennes, asiatiques etc.) n’étaient que des versions enfants ou adolescentes de la civilisation occidentale. L’auteur, grâce à des exemples clairs et frappants, démontre qu’il n’en est rien. Après une étude complète il en déduit que la civilisation européenne n’est très importante que par sa puissance et par le fait que ce soit la notre. Il démontre entre autres une théorie de la relativité des civilisations intéressante : une civilisation serait d’autant plus en progrès que l’on serait proche d’elle et il serait impossible à une personne extérieure de distinguer du progrès dans une civilisation où il n’aurait aucun repère. Claude Levi Strauss en conlut à l’absurdité du racisme de civilisation.
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« Deux fois dans son histoire, l’humanité a su accumuler une multiplicité d’inventions orientées dans le même sens […] et qui ont entraîné des changements significatifs dans le rapport que l’homme entretient avec la nature. » La révolution industrielle a été entamée par les occidentaux puis mise en place partout à travers le monde. On inclinerait donc à penser que c’est le génie de l’occident qui a permis cela. Mais il y a 2000 ans, la révolution néolithique s’est déclenchée simultanément à plusieurs endroits de la planète tant et si bien que Lévi-Strauss constate que « la simultanéité d’apparition des mêmes bouleversements technologiques, sur des territoires aussi vastes et dans des régions écartées, montre bien qu’elle n’a pas dépendu du génie d’une race ou d’une culture, mais de conditions si générales qu’elles se situent en dehors de la conscience des hommes. » Enfin, au sujet des relations entre les cultures constatons qu’« Aucune culture n’est seule ; elle est toujours donnée en coalition avec d’autres cultures, et c’est cela qui lui permet d’édifier des série cumulatives. » Par exemple la Renaissance se caractérise par la rencontre des cultures grecque, arabe, romaine et chinoise avec la culture européenne. Finalement « Tout progrès culturel est fonction d’une coalition entre les cultures. »Acheter Race et Histoire chez notre partenaire Amazon.fr

Tristes tropiques, œuvre majeure du XXe siècle

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L’autobiographie intellectuelle « Tristes tropiques », parue en 1955, est considérée comme l’un des grands livres du XXe siècle. En 1954, un jeune spécialiste des populations esquimaudes et lapones, Jean Malaurie, est chargé par l’éditeur Plon de lancer une collection ethnographique intitulée « Terre humaine ». Il demande à Claude Lévi-Strauss un récit de voyages. En quatre mois, celui-ci boucle le manuscrit de Tristes tropiques, rédigé à partir de son voyage au Brésil central avant la guerre. Son livre se présente comme un hommage à la tradition du voyage philosophique : non pas un livre de voyage mais un livre sur le voyage où les détails pittoresques cohabitent avec les envolées philosophiques ou les propos scientifiques. Qui n’a en tête cette entame tranchante et apparemment paradoxale: « Je hais les voyages et les explorateurs », suivie, sur près de 500 pages écrites dans une langue extraordinaire, par le récit de ses aventures et l’exposé de ses réflexions. « Ce que vous nous montrez, voyages, c’est notre ordure lancée au visage de l’humanité », écrit-il dans cette autobiographie intellectuelle. Moraliste, il analyse les rapports entre l’ancien et le nouveau monde, la place de l’homme dans la nature, le sens de la civilisation et du progrès. – Acheter Tristes Tropiques chez notre partenaire Amazon.frVIDEO : le documentaire A PROPOS DE TRISTES TROPIQUES Un voyage initiatique pour suivre les traces de Claude Levi-Strauss, qui, de 1936 à 1938, a parcouru les savanes et les forêts du Brésil méridional en quête de mondes primitifs.

La Pensée sauvage

En utilisant le thème de l’ethnologie traditionnelle Claude Levi Strauss décrit les mécanismes de la pensée en tant qu’attribut universel de l’esprit humain. Pour lui, la pensée sauvage est présente en tout homme tant qu’elle n’a pas été cultivée et domestiquée à « fins de rendement ». Par l’utilisation de l’idée de rendement, il met en opposition l’utilité immédiate de la science et des connaissances dont a besoin le primitif pour survivre, avec une forme de pensée adaptée au besoin sociaux ou de productivité des sociétés modernes.
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Partant de ce principe, l’évocation de thèmes tels que la science, la culture, les totems et castes, ou encore les « Catégories, Eléments, Espèces et Nombres », appuyés par de nombreuses références ethnologiques issues de l’étude de peuples primitifs variés, sont autant de moyens d’illustrer le fonctionnement de la pensée chez l’homme primitif. Mais sous ce travail ethnologique minutieux, se dissimule en réalité une tentative de démonstration que peu de chose démarque la pensée du « sauvage » de celle du « civilisé ». Qu’il est erroné d’affirmer que la différence entre la pensée primitive et la pensée moderne résiderait dans la capacité de cette dernière à appréhender la complexité ou des phénomènes complexes. Les deux premiers chapitres intitulés « La Science du Concret » et « La Logique des Classifications Totémiques » cherchent à convaincre le lecteur de cette universalité de la pensée, et surtout de l’uniformité des capacités intellectuelles et conceptuelles des hommes quel que soit leur degré de civilisation. Le livre tente aussi de démontrer la relativité d’une supposé supériorité de la science des civilisés sur celle des archaïques. Ainsi, en nous expliquant dans le premier chapitre qu’il existe une véritable science du primitif, mais dont la construction est empirique (contrairement à la science moderne, expérimentale mais aussi largement spéculative et théorique), l’auteur nous démontre que la science n’est pas l’apanage du moderne, mais qu’elle fait partie de l’histoire des hommes depuis des temps immémoriaux. – Acheter La Pensée sauvage chez notre partenaire Amazon.frVIDEO : La richesse des savoirs autochtones Selon Claude Lévi-Strauss, interviewé en 1991 par Bernard Rapp, les peuples autochtones ont sur leur milieu naturel toutes sortes de connaissances qui pourraient être de la plus grande utilité.

 

Sources de l’article : AFP – Le Figaro – Wikipédia

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David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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