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Les déchets plastiques mortels continuent d'envahir nos océans

Du plastique dans les eaux antarctiques

Les scientifiques de l’Algalita Marine Research Foundation (Long Beach, Californie), en collaboration avec Tara Expéditions, font part de leur découverte d’une importante pollution par le plastique dans les eaux antarctiques, 9 mois après le passage de Tara en Antarctique dans le cadre de l’expédition Tara Oceans. Tous les échantillons collectés à cette occasion dans l’Océan Antarctique contenaient du plastique, le compte allant de 956 à 42 826 morceaux de plastique par kilomètre carré autour des différentes stations d’échantillonnage. Les échantillons étaient collectés près de la surface de l’océan, et montrent que cette pollution est maintenant détectable dans tous les recoins du globe.

Les chercheurs de l’Algalita Marine Research Foundation continuent à étudier les effets de ces pollutions de plastique, y compris sur les oiseaux marins, les mammifères et les poissons qui avalent de petits morceaux de plastique ou sont empêtrés dans de plus gros morceaux. Les relations entre les plastiques et les microbes marins qui les colonisent sont également étudiées. Des analyses approfondies sont en cours pour comprendre quels sont les risques de ces pollutions plastiques pour la santé humaine. Sont en cause les plastiques eux-mêmes, les additifs au plastique et les toxines qui adhérent aux plastiques.
Observation du plastique dans des eaux antarctiques. M.Duhaime/University of Arizona
Observation du plastique dans des eaux antarctiques. M.Duhaime/University of Arizona
Afin de mesurer les quantités de plastiques dans les zones explorées par l’expédition Tara Oceans, l’Agalita Marine Research Foundation a mis en place un protocole scientifique utilisé depuis janvier 2011 à bord le Tara. Depuis, pour chaque station d’échantillonnage, un filet de surface spécial est traîné dans l’eau pendant une heure et demie, collectant les particules de plastique. Ces échantillons sont ensuite analysés par l’Algalita Marine Research Foundation. L’Expédition Tara Oceans explore pendant deux ans et demi (de septembre 2009 à mars 2012) tous les océans du monde. Tara fonctionne sous l’égide de l’UNEP (United Nations Environmental Program), et en partenariat avec l’IUCN (International Union for Conservation of Nature). L’expédition dirigée par Dr. Eric Karsenti et Etienne Bourgois a pour objectif principal de permettre aux scientifiques d’étudier les écosystèmes planctoniques dans la perspective du réchauffement planétaire et ses conséquences sur la chaîne alimentaire marine. Les effets du réchauffement planétaire sur les récifs coralliens et sur la vie marine qui en dépend sont également étudiés. Tara fera escale à Honolulu (à partir du 19 septembre 2011), à San Diego (à partir du 27 octobre 2011) et à New York en février 2012. Pendant toute cette phase de l’expédition, le bateau continuera à échantillonner le plastique dans l’océan, tout en poursuivant ses investigations biologiques, notamment lors de sa traversée du continent de plastique [[Le continent de plastique : Une zone calme de l’Océan Pacifique, vers laquelle les courants marins amènent les déchets flottants qui s’accumulent en bancs. Cette mer de déchets, visible uniquement depuis le pont des bateaux, a été découverte en 1997 par Capitain Charles Moore. Il mit alors près d’une semaine à la traverser, stupéfait par ce qu’il avait trouvé dans cette zone peu fréquentée du globe.]]. Des techniques de génomique et de bio-géochimie seront employées pour identifier les communautés microbiennes qui colonisent et vivent dans les débris plastiques, afin de comprendre les relations entre les microbes et le plastique. POUR EN SAVOIR PLUS – Sur l’Agalita Marine Research Foundation et Captain Charles Moore, sur leurs missions, leurs activités éducatives et projets de recherche, consultez le site : www.algalita.org. – Sur l’expédition TARA, consultez le site : http://oceans.taraexpeditions.org/fr/

Le phénomène Trash Vortex

Les résultats communiqués par Tara Expéditions confirment la démultiplication des continents de plastique sur l’ensemble des océans. En 2009, nous vous alertions déjà sur CDURABLE.info sur la « soupe plastique » de déchets flottant dans l’Océan Pacifique. Difficile à mesurer, elle couvrirait une surface représentant au minimum le tiers de l’Europe, certaines ONG estimant qu’elle représenterait en fait le double de celle des Etats Unis. Tous s’accordent sur le chiffre de 100 millions de tonnes de débris plastiques flottant entre deux eaux. Ce vaste amas de débris – en fait la plus grande décharge mondiale – est maintenu en place par les courants marins. Cette « soupe » flottante s’étend à travers le Pacifique nord depuis une distance d’à peu près 500 miles nautiques de la côte Californienne, puis dépasse Hawaii et continue de s’étendre pratiquement jusqu’au Japon. D’après le Programme Environnemental des Nations Unies, les débris de plastique causent la mort de plus d’un million d’oiseaux marins chaque année, ainsi que celle de plus de 100.000 mammifères marins. En 2009, pour alerter l’opinion publique de ce phénomène appelé « Trash Vortex », Chris Jordan a mis en ligne sur le site Planet Green 30 clichés d’albatros photographiés sur l’atoll de Midway. Ce témoignage permet de voir avec quoi les oiseaux adultes nourrissent leur progéniture : capsules de bouteilles, briquets, aérosols et même sur l’un des clichés ce qui semble être un casque audio.
Copyright Chris Jordan
Copyright Chris Jordan
Copyright Chris Jordan
Copyright Chris Jordan
Vous pouvez voir le diaporama complet sur le site Planet Green Reconstitution du Trash Vortex par Greenpeace Cette plaque s’est formée pendant plusieurs décennies, coincée entre Hawaï et la Californie, entourée de courants concentriques qui ont ramené les déchets du Pacifique dans ce « trou noir ». (Voir la vidéo) La localisation de cette plaque s’explique par un phénomène de vortex ou tourbillon, c’est-à-dire de courants qui font converger vers cette zone les déchets flottants et par l’absence de vents qui engendre l’accumulation de ceux-ci, constituée de tout ce qui peut flotter, qui n’est pas biodégradable et en plastique, allant de la brosse à dent jusqu’aux filets de pèche fantôme, mais aussi de millions de morceaux microscopiques de plastiques. La plaque de déchet du Pacifique, est la manifestation d’un phénomène qui touche l’ensemble des océans de la planète, formant une des plus grande menace sur les écosystèmes marins. Dans toutes les mers y compris dans les régions polaires on trouve des déchets flottants. Dans certains endroits de nos océans il ya six fois plus de plastique que de plancton… Quelles sont les solutions ? Si le nettoyage de la grande plaque de déchets semble un chantier titanesque dont personne ne veut assumer la paternité ni les coûts, il est de la responsabilité de la communauté internationale de régler ce problème en particulier et d’adopter des mesures efficaces de lutte contre les déchets. Il est également indispensable de développer le recyclage des déchets, l’utilisation de plastique biodégradable et mettre en place une véritable politique de réduction des déchets. Ce que VOUS pouvez faire pour éviter ça Nous sommes tous responsables de cette situation, et chacun doit s’impliquer pour qu’elle n’empire pas. Il est grand temps de remettre fondamentalement en cause la manière dont nous usons (ou abusons) des matières plastiques. Vous pouvez agir dès à présent: – Chaque fois que vous voyez des déchets, ramassez-les et jetez-les de manière appropriée. – Réduisez votre consommation, réutilisez, recyclez vos produits. – Soyez un consommateur responsable, et faites votre possible pour éviter les produits dont l’emballage est excessif, en particulier lorsqu’il s’agit de produits jetables. – Faites pression pour des équipements de recyclage meilleurs et plus nombreux dans votre quartier. – Participez aux initiatives locales de nettoyage de cours d’eau, rivières et plages, ou organisez-en une vous-même. Ces opérations ne sont pas une solution miracle, mais elles sont très efficaces pour attirer l’attention sur le problème plus grave de nos océans. – Si vous habitez en région côtière ou au bord d’un cours d’eau se jetant dans l’océan, vos égouts amènent probablement les déchets directement en mer. Soyez conscient de ceci, ainsi que de toute autre source potentielle de pollution marine dans votre région. Battez-vous pour leur disparition. – Soyez très conscient de votre empreinte écologique. Prenez des décisions allant dans le sens du changement, et dites non au paradigme actuel du tout-jetable.

 

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David Naulin
David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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