Le poumon de la planète est malade. Plus grand bassin fluvial du monde, plus grand écosystème de la biosphère, plus grande réserve d’oxygène de la Terre, l’Amazonie est menacée. Aux trafics classiques (drogue, orpaillage, biopiraterie) s’ajoute le drame de la déforestation : extension des grands domaines et de l’élevage bovin, percement de routes, trafic de bois précieux, développe-ment incontrôlé du soja (et bientôt des biocarburants), paupérisation et acculturation des peuples amérindiens. Il faut réagir. Vite.
« Les forêts précèdent les peuples, les déserts les suivent. » François René de Chateaubriand Ce petit livre nous retrace les étapes de la colonisation de l’Amazonie à partir des années 1960. Hubert Prolongeau revient largemet sur cette colonisation à deux vitesses :« d’un côté, les pauvres, les sans-terre, émigrés misérables venus de régions où ils mourraient faim et appâtés par l’utopique idée d’une vie plus facile, à qui on donna quelques terres, à charge pour eux de les faire fructifier. De l’autre, les riches, les gros propriétaires terriens qui accaparèrent les terrains, les regroupèrent, les exploitèrent, en expulsèrent parfois ceux qui y étaient avant eux. Les premiers arrivés, les forestiers, s’en prirent au bois précieux. Pour l’atteindre, ils tracèrent des chemins. Les paysans pauvres vinrent ensuite, et s’installèrent près de ces sentiers. La construction de routes goudronnées permit une invasion plus importante. Arrivèrent alors les gros propriétaires. Pour défricher, ils brûlèrent des hectares entiers. L’élevage se développa, et le Brésil devint le premier producteur de viande de bœuf au monde. Puis ce fut le soja. Demain, ce seront peut-être les biocarburants. Avec des variantes, ce cycle reproduit dans chaque région conquise : forestiers, petits paysans, gros propriétaires ; brûlis, élévages, immenses plantations… Les chiffres sont plus qu’inquiétants. Entre août 2007 et août 2008, 8147 hectares ont été déforestés. Soit 69% de plus qu’à la même période de l’année précédente. » L’auteur poursuit plus loin : « Au brésil – du fait de la taille de son implantation amazonienne, l’essentiel de ce livre sera brésilien -, c’est surtout au sud de l’Amazonie, sur un vaste arc que les habitants eux-mêmes appellent « l’arc de la déforestation », que se développe le déboisement. Les cartographes peuvent y dessiner une zone de front où, principalement en suivant les routes, se développent les attaques contre la forêt. En forme de boomerang, cet arc s’étend sur plus de 4000 kilomètres, du Rondônia à l’ouest au Maranhao à l’est, concernant deux millions de kilomètres carrés de bois et neuf millions d’habitants. Cette frontière bouge, comme la forêt de Macbeth, mais en marchant, elle, vers sa mort. » Mais pour Hubert Prolongeau, ce livre est bien « plus que le récit d’une destruction aussi réelle soit-elle ». Il permet aussi de « mesurer tout ce qui peut encore être fait. Dans quarante ans, nous dit-on, l’Amazonie sera totalement détruite. Mais dans quarante ans. Pas aujourd’hui. Et seulement si on ne fait rien. Le feu est dans la forêt. On ne pourra lui reprendre ce qu’il a déjà dévoré. Mais on peut limiter son expansion. C’est encore faisable ». Il conclut son avant-propos : « il y a urgence. Pas fatalité ». – L’auteur : Grand reporter et journaliste, Hubert Prolongeau collabore au Nouvel Observateur, à Elle et au Journal du dimanche. Auteur de huit essais, il a notamment écrit L’Assassin de Bonaparte, Le Baiser de Judas et La Mort de l’amie. – Références : Amazonie une mort programmée ? par Hubert Prolongeau – Editeur : Arthaud – Parution : 11/05/2009 – 1ère édition – 210 pages – Format : 13,5 x 20 – EAN13 : 9782700301304 – Prix public : 15 €