Le temps d’écrire cette phrase, nous serons déjà dix terriens de plus. Nous étions 250 millions de Terriens en l’an 1, 350 millions en l’an 1000, environ 500 millions en l’an 1500, puis c’est en 1800 que l’on franchit la barre du milliard, pour en atteindre 2 en 1930, puis 3 en 1960, 4 en 1975, 6 en 2000. Le 31 octobre 2011, nous serons 7 milliards, selon le Real Time Statistics Project, en se basant sur les chiffres de l’ONU.
« Le compte à rebours a commencé. A l’heure où nous écrivions ces lignes, nous étions 6 999 066 468 Terriens. Lundi 31 octobre, le compteur affichera 7 milliards » écrit Clotilde Cadu sur le site de Marianne. Découvrez en temps réel l’évolution de la population mondiale www.poodwaddle.com :« Jusqu’où irons-nous ? » s’interroge Anne-Ael Durand dans Metro. Selon les dernières estimations, en hausse par rapport aux chiffres antérieurs, il devrait y avoir sur terre 9,3 milliards d’êtres humains en 2050, et plus de 10 milliards d’ici la fin du siècle, indique l’UNFPA dans un rapport publié cette semaine à découvrir en cliquant ici. Mais « avec seulement une légère variation de la fertilité, particulièrement dans les pays les plus peuplés, les chiffres pourraient être plus élevés : 10,6 milliards de gens sur terre d’ici 2050, et plus de 15 milliards en 2100 ». Mais Anne-Ael Durand se veut rassurante : « La chute de la mortalité depuis cette période, liée aux progrès médicaux, s’accompagne d’une fécondité en baisse rapide. Elle est passée de cinq enfants par femme dans les années cinquante à 2,5 aujourd’hui, avec de fortes disparités selon les pays. Les Taïwanaises n’ont en moyenne que 0,7 enfants, alors que les Nigériennes en ont sept ». Et ce dernier chiffre ne risque malheureusement pas de s’arranger. L’essentiel de la croissance démographique mondiale se fera essentiellement en Afrique. Sur ce continent qui cumule les difficultés (économiques, écologiques, politiques), la population devrait passer de 0,8 à 3,4 milliards en 2100. Un humain sur trois sera africain en 2100.
La croissance démographique problème mondial n°1 ?
« Aujourd’hui, nous sommes 7 milliards sur Terre. Lorsque je suis venu au monde, elle portait 2,5 milliards d’individus. En l’espace d’une vie, la population aura été presque multipliée par 3. Je suis persuadé que le grand défi de l’Homme est là aujourd’hui : que nous arrivions à vivre ensemble » explique Yann Arthus-Bertrand à l’occasion de la sortie son dernier livre intitulé 7 milliards (lire ci-dessous). Certains, comme le mouvement One Baby!, considèrent que l’Humanité doit stopper au plus vite sa croissance démographique si elle veut que tous puissent profiter de son immense progrès technologique, continuer à voir croître leur niveau de vie et diminuer leur temps de travail. « Car le problème est très urgent : si nos enfants dépassent – et tout l’indique – les 10 milliards en 2050, c’est la survie même de l’Humanité qui sera mise en danger » considère le mouvement. Un avis partagé par le naturaliste Michel Tarrier, auteur de Faire des enfants tue… La planète. Interrogé par Metro, il s’explique : « Nous avons cessé depuis longtemps de vivre comme au Moyen Age ou comme les peuples premiers. On agresse, on épuise la planète. On détruit l’environnement. Nous sommes dans la sixième grande extinction. 75 % des espèces ont déjà disparu. La finitude des ressources, c’est une donnée. Le pétrole, le gaz, le cuivre… les scientifiques savent quand on les aura épuisés. L’eau coûtera bientôt aussi cher que le pétrole. On voudrait que la Terre soit rechargeable ou extensible, mais ce n’est pas vrai. En 1914, une loi interdisait de faire la promotion de la dénatalité. A l’époque, c’était pour faire de la chair à canon, aujourd’hui, on fait de la chair à consumérisme. Il faut arrêter d’exhorter à la natalité, de pavoiser parce qu’en France, on fait 2,1 enfants par femme. Est-ce qu’on veut sauver les retraites ou la planète ? Les petits Français, Allemands, Japonais… polluent comme cinquante Somaliens. Il faut inverser les allocations familiales, comme l’a proposé le député écologiste Yves Cochet, et pénaliser le troisième enfant. » Une position que ne partage pas du tout de nombreux spécialistes. « Le surcroît de 1 à 3 milliards d’habitants d’ici à cinquante ans est pratiquement inévitable. Il est illusoire de penser pouvoir agir beaucoup sur le nombre des hommes à court terme, car les mouvements démographiques ont une grande inertie. Est-ce que 7 milliards d’habitants aujourd’hui, ou 10 milliards, demain, c’est trop ? Les avis divergent, car nul n’est capable de dire quel est le nombre optimal d’individus que notre planète peut accueillir. » rétorque ainsi Gilles Pison,directeur de recherches à l’Institut national des études démographiques (Ined) et auteur de l’Atlas de la population mondiale : Faut-il craindre la croissance démographique et le vieillissement ? (éditions Autrement). Marion Guillou, présidente de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et auteure de 9 milliards d’hommes à nourrir : Un défi pour demain (éditions Bourin) considère qu’il y a assez de ressources pour tous mais « pas en suivant les tendances actuelle. » Il faudra avoir une alimentation modérée et moins riche en produits animaux, « car 1,45 milliard de personnes sont surnourries », explique-t-elle à Anne-Ael Durand dans Metro. Les rendements agricoles, qui ont été multipliés par 2,5 en quarante ans, peuvent encore s’accroître par des investissements dans l’agriculture des pays du Sud. Il faudra aussi limiter le gaspillage (pourrissement de récoltes, aliments non consommés), qui représente entre 30 % et 50 % de la production. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, les pays industrialisés gaspillent 222 millions de tonnes de nourriture chaque année. C’est que relève aussi le WWF depuis 2008 avec son rapport Planète vivante. Pour vivre comme aujourd’hui en 2030, il nous faudrait deux planètes. L’empreinte écologique, c’est-à-dire l’ensemble des ressources utilisées par les humains, ne cesse d’augmenter. Mais elle est très inégale : si tout le monde vit comme les Américains, il faudrait cinq planètes, mais le mode de vie des Chinois ou des Indiens est compatible avec un monde à dix milliards d’habitants… « C’est précisément parce que la population humaine est tellement importante, et s’accroit aussi rapidement, que nous devons prendre soin en tant qu’individu, et en tant que nation, du manque de synchronisation face aux capacités environnementales, » explique de son côté Robert Engelman, Président du Worldwatch, un expert en population mondiale. « Le défi devient plus important encore à chaque génération, mais heureusement, il existe des moyens permettant de réduire de façon pratique et humaine la croissance de la population et réduire les impacts liés à cette croissance produite. » Robert Engelman cite notamment l’initiative du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) qui a lancé 7 milliards d’actions, une campagne mettant l’accent sur des actions positives réalisées par des individus et des organisations faisant face à des défis liés au développement. En partageant ces innovations sur un forum ouvert, cette campagne à l’intention d’assurer la communication et la collaboration alors que la planète devient de plus en plus peuplée et interdépendante. Prenez le temps de regarder et écouter le clip ci-dessous. Il résume très bien l’esprit de cette campagne internationale : Le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) a également publié hier un rapport intitulé 7 milliards de personnes leur monde, leurs possibilités. Le rapport s’appuie ainsi abondamment sur un ouvrage du journaliste Fred Pearce intitulé L’apocalypse démographique n’aura pas lieu, qui s’avère catégorique : le problème est celui de la répartition des ressources. Ainsi, les 500 millions d’individus les plus riches vivant sur Terre (soit 7% de la population du globe) sont responsables d’environ la moitié des émissions mondiales de CO2. Pour en savoir plus cliquez ici. « Faire face à la croissance mondiale de la population n’est pas la même chose que ‘contrôler la population' », résume Robert Engelman. « Le moyen le plus direct et immédiat afin de réduire le taux de natalité est de s’assurer que les grossesses dans leur plus grande proportion soit désirée, et de garantir que la femme soit en mesure de faire ses propres choix à savoir si elle désire ou non porter un enfant. Dans le même temps, nous avons besoin de rapidement transformer notre consommation d’énergie, d’eau et de matériaux grâce à une meilleure utilisation de conservation, d’efficacité et de technologies écologiques. Nous ne devons pas considérer ceci comme des efforts séquentiels, – concernant tout d’abord la consommation, dans l’attente de changements liés à la dynamique démographique- mais plutôt comme des tâches simultanées à réaliser sur des fronts multiples. » Pour finir d’une manière plus légère, je vous invite à découvrir quelques sites répertoriés par Clotilde Cadu sur le site de Marianne. « Sur Worldometers.info, le nombre de naissances et de décès défile en vitesse réelle, tandis que s’égrainent les jours, les heures, les minutes et les secondes avant la date fatidique du 31 octobre 2011. Le site du quotidien anglais The Guardian propose lui de vous donner l’état de la population le jour de votre naissance. Les adeptes du classement peuvent même savoir quel est leur « numéro » sur l’échelle planètaire… » « Autant de données ludiques, parfois aussi inquiétantes, sur l’état de notre monde et les défis qui s’annoncent », résume Clotilde Cadu. Mais n’en ferait-on pas un peu trop ? Regardez ce dessous des cartes :6 milliards d’Autres devient 7 milliards d’Autres
En 2003, Yann Arthus-Bertrand lance un projet vidéo ambitieux : 6 milliards d’Autres. Le 31 octobre, il s’intitulera naturellement 7 milliards d’Autres. A cette occasion, plusieurs films sont diffusés sur le web et sur la chaine LCP. Après 8 ans d’existence, 6000 interviews ont été recueillies par une quinzaine de reporters dans 84 pays. Du pêcheur brésilien à la boutiquière chinoise, de l’artiste allemande à l’agriculteur afghan, tous ont répondu aux mêmes questions sur leurs peurs, leurs rêves, leurs épreuves, leurs espoirs : Qu’avez-vous appris de vos parents ? Que souhaitez vous transmettre à vos enfants ? Quelles épreuves avez-vous traversées ? Que représente pour vous l’amour ?… Une quarantaine de questions essentielles permettent ainsi de découvrir ce qui nous sépare et ce qui nous lie. « 7 milliards d’Autres » oeuvre dans ce sens en partageant ces expériences et en nous faisant réaliser que l’Autre, c’est aussi beaucoup de nous. Depuis 2 ans, « 7 milliards d’Autres » est diffusé à travers des expositions dans le monde entier : Paris, Bruxelles, Sao Paulo, Shanghai, Moscou… Des nouveaux tournages sur des thématiques d’actualité viennent aussi enrichir le projet de nouveaux films. Tel est l’objectif de « 7 milliards d’Autres », réalisé par Sibylle d’Orgeval et Baptiste Rouget-Luchaire. Le 31 octobre prochain, le monde passe à 7 milliards d’habitants et ces témoignages du monde entier prendront encore plus de sens. A cette occasion, retrouvez les programmes « 7 milliards d’Autres » sur la chaîne parlementaire (LCP). Cette journée événement sera aussi l’occasion de découvrir en exclusivité les toutes nouvelles interviews « 7 milliards d’Autres », tournées dans 16 pays pour sensibiliser sur les problématiques de développement. 500 nouveaux témoignages et deux films pour avoir un autre regard sur la pauvreté et pour redécouvrir la valeur de l’éducation. Rendez-vous sur LCP à partir de 8h30 le 31 octobre 2011. Avec au programme des films inédits (L’éducation en questions – La pauvreté en questions), les films des expositions diffusés (Guerre – Epreuves – Peur – Making-of), une émission spéciale de « Parlons-En » sur le thème 7 milliards d’Autres en présence de Yann Arthus-Bertrand. Retrouvez tous les films sur le site Internet : www.7milliardsdautres.orgWhat’s yours ?
Alors que son projet « 6 milliards d’Autres » change de nom, la fondation GoodPlanet lance également une campagne vidéo globale sur YouTube, invitant les internautes du monde entier à envoyer leurs messages à la planète. Le projet, intitulé « What’s yours ? » compte les messages de Kofi Annan, Yann Arthus-Bertrand et de l’équipe GoodPlanet. Et vous, quel est votre message ?Un livre : vivre ensemble
En vente depuis le 13 octobre, « Vivre ensemble – 7 milliards d’Autres », publié en partenariat avec l’Agence France Presse, met en relief les grands enjeux de la croissance démographique mondiale. Un premier chapitre, « 7 milliards d’Autres » rassemble des témoignages d’hommes et de femmes sur les 5 continents. Ce chapitre renvoie à un projet éponyme de la fondation GoodPlanet. Le concept est d’offrir un témoignage de l’incroyable richesse de l’humanité au XXIe siècle. Les chapitres suivants, introduits par des textes de spécialistes, abordent les principales thématiques associés : La bombe humaine, « Les 7 milliards d’habitants seront peut-être l’un des derniers caps que franchira la population mondiale » (Hervé Le Bras), L’empreinte de l’homme, « si tous les habitants sur terre vivaient comme les Français, nous aurions besoin des ressources de trois planètes, ou presque » (Mathis Wackernagel), Crises, « Un milliard de personnes souffre encore de la faim à cause de politiques mal adaptées » (Ismail Serageldin et Dov Zerah), Vivre ensemble, « L’agriculture des pays pauvres doit donc être une priorité pour faire face à l’accroissement de la population » (Michel Griffon), Consommer autrement, « La consommation, au lieu d’être un problème, pourrait devenir la solution » (Rob Hopkins), Futurs, « Plus que jamais, c’est aux hommes d’inventer l’avenir avant qu’il ne s’impose à eux » (Virginie Raisson). Cet ouvrage apporte un message humaniste et optimiste pour vivre avec son temps, à l’image de la phrase de Martin Luther King qui a inspiré le tire de ce livre : « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir ensemble comme des idiots ». Ce livre est illustré d’une sélection des plus belles photos de l’Agence France Presse et de Yann Arthus-Bertrand tandis que les textes sont agrémentés de chiffres-clés, de statistiques, de cartes et de graphiques. Références : Vivre Ensemble – Éditions de la Martinière, 192 p. – 12 €
7 millards d’êtres d’humains le 31 octobre 2011, combien demain ?
Très bon article qui fait en partie le tour de la question. On peut cependant regretter qu’il ne soit guère question de la biodiversité qui est la plus impactée par le développement de l’humanité : en effet, toutes les espèces que nous faisons disparaître, entre autre par la colonisation des territoires, seront perdues à jamais. Il en va ainsi des tigres dont 97% ont été éliminés depuis le début du XXème siècle et de plusieurs autres animaux emblématiques.
D’ailleurs Gilles Pison (démographe à l’INED) l’a lui-même reconnu au « Téléphone sonne » de France Inter le 26 octobre dernier : « Les Hommes vont probablement devoir gérer l’avenir en décidant quelles espèces ils veulent à tout prix conserver ».
Il est assez révélateur que les « natalistes » que l’on voit tourner en boucle sur les chaînes de télé, à savoir Marion Guillou, Gilles Pison, Hervé Le Bras, Jean Ziegler, Sylvie Brunel,… s’évertuent à fixer le débat sur la question alimentaire : « la Terre peut nourrir « X » milliards d’habitants » les entend-t-on dire à longueur de déclarations. Or, les rendements actuels de l’agriculture industrielle sont possibles grâce aux intrants issus de la chimie du pétrole et aussi grâce à la mécanisation. Les pays qui ne produisent pas assez (c’est un euphémisme) sont approvisionnés par bateau ou par avion et le pétrole et les autres énergies fossiles vont être épuisés d’ici la fin du siècle. Mais pourquoi pas : contre toute attente nous arriverons peut-être à nourrir les plus de 10 milliards d’habitants prévus pour 2100…
Cependant, en réalité, au delà de la question animale évoquée plus haut, les principales préoccupations des écologistes décroissants sont les suivantes : le réchauffement climatique, l’énergie, l’eau potable, la déforestation, les espaces naturels, ou tout simplement le besoin de ne pas être entassés dans des mégapoles, surveillés sans relâche par des caméras ou des forces armées pour nous protéger d’un terrorisme rendu quasi inévitable par notre effectif et les disparités qu’il engendre.