Le Groupe consultatif international sur les crédits biodiversité (IAPB) est une initiative indépendante établie par la France et le Royaume-Unis en juin 2023 afin de faciliter la création et la croissance de marchés de crédits biodiversité à haute intégrité et d’encourager la mise en place à l’échelle internationale d’un cadre politique et institutionnel favorable et de mécanismes réglementaires, crédibles, opportuns et cohérents. Il a lancé à l’occasion de la COP 16 Biodiversité son Cadre pour les marchés de crédits biodiversité à haute intégrité.
L’importance de la biodiversité
C’est la nature qui fournit à la vie les conditions de sa subsistance.
La gestion responsable de la nature est fondamentale pour la santé de la planète et la survie de l’espèce humaine. Il existe une interdépendance extrêmement étroite entre la nature, l’Homme et la biodiversité.
Pourtant, la nature qui nous entoure et sa biodiversité riche et vitale qui sous-tendent nos économies sont en danger, tant nous sommes confrontés à une double crise de la perte de biodiversité et du changement climatique.
Comme l’ont montré le rapport de l’Évaluation mondiale sur la biodiversité et les Services Écosystémiques (IPBES, 2019), le rapport Dasgupta sur l’économie de la biodiversité (2021) et de nombreuses autres études, nous épuisons la nature à des niveaux insoutenables.
En l’absence d’investissements plus importants et d’une gouvernance efficace, la biodiversité continuera à décliner. L’inversion de cette crise de la biodiversité dépend de la réalisation des objectifs du cadre mondial de la biodiversité (CMB) de Kunming à Montréal, qui appelle à une mobilisation efficace des ressources et à l’alignement des flux financiers mondiaux sur les objectifs internationaux en matière de biodiversité.
Les décideurs économiques, notamment les gouvernements, les organisations internationales, les institutions multilatérales et financières et les entreprises, n’en font pas assez.
Il faut faire davantage pour encourager les pratiques qui protègent et régénèrent
la nature plutôt que celles qui la détruisent. L’économie et la finance doivent
prendre en compte la biodiversité et ses valeurs dans le cadre de la transition vers une croissance durable. Nous avons besoin d’une série de mécanismes publics et de mécanismes de marché, et nous devons encourager les entreprises à valoriser la biodiversité et à investir dans ce domaine.
Les crédits biodiversité (et les marchés de crédit) constituent un mécanisme permettant aux acteurs du marché de canaliser les flux financiers pour soutenir la transition vers un avenir propice à la nature.
Au-delà de la simple mobilisation de capitaux, l’adoption des crédits biodiversité pourrait contribuer à modifier la relation des entreprises et des marchés financiers à la nature et à mieux soutenir tous ceux qui, sur le terrain, la préserve.
Qu’est-ce que le Cadre mondial pour les marchés de crédits biodiversité à haute intégrité ?
Le développement de crédits biodiversité à haute intégrité est possible, tout comme le passage à l’échelle progressif de ces marchés. Cela nécessite une action de multiples acteurs, comme indiqué par le Cadre IAPB. En particulier, les gouvernements ont besoin de politiques publiques ou de mécanismes réglementaires solides pour débloquer des financements qui profitent à la Nature et à ceux qui, sur le terrain, la préservent.
L’intégrité signifie que les crédits doivent être conçus de manière à apporter des bienfaits mesurables et vérifiés pour la Nature, à garantir une participation et des revenus équitables pour les personnes et à reposer sur des marchés encadrés. L’intégrité à tous les niveaux est une condition préalable à la croissance de ces marchés, et non un obstacle à celle-ci.
Le rôle de ceux qui, sur le terrain, préservent la nature, est primordial. Les Populations Autochtones comme les communautés locales doivent être co-créatrices des projets et des marchés et être associés à tous les aspects de leur conception et de leur mise en œuvre.
Un crédit biodiversité est un « certificat qui représente une unité de bénéfices pour la biodiversité qui soient à la fois durables, mesurés, adossés à des preuves tangibles et additionnels à ce qui ce serait passé sans intervention » (BCA, 2024).
Le travail de l’IAPB s’est appuyé sur cette définition, valable à la fois en matière de conservation et de restauration, pour en approfondir certains termes, dans le but d’assurer le développement de marchés à haute intégrité.
Les crédits biodiversité peuvent être utilisés pour :
- Réaliser des contributions, assises sur des preuves tangibles visant des objectifs de protection et de restauration de la Nature ;
- Servir à financer, selon des critères stricts, la compensation locale et encadrée d’impacts sur la biodiversité ;
- Investir dans les chaînes de valeur des entreprises, afin de les rendre plus résilientes.
L’IAPB ne soutient pas les approches consistant à prôner une compensation internationale de la biodiversité : l’action doit impérativement rester locale et porter sur des écosystèmes similaires à ceux qu’elle vient compenser
Dans cette première phase, les marchés de crédits biodiversité seront nombreux et suivront une logique de financement de projet. La biodiversité n’étant pas fongible, une unité standardisée de biodiversité n’est donc pas appropriée (les projets seront financés en fonction de circonstances et de résultats qui leur seront spécifiques).
Les propositions devront donc être adaptées à des marchés multiples, en fonction du contexte, des acteurs et des motivations. Il est important de souligner qu’à ce stade, l’IAPB ne soutient pas les marchés secondaires.
Un engagement collectif ambitieux et urgent, de la part de tous les acteurs du marché, est nécessaire pour développer rapidement les marchés des crédits biodiversité.