Le point de vue de :
ALAIN GRANDJEAN, PATRICK CRIQUI ET JEAN-MARC JANCOVICI, membres du comité de veille écologique de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme.
Entre les partisans d’une croissance « as usual », qui se heurte irrémédiablement aux limites de la planète, et ceux de la décroissance, souvent vue comme un retour au Moyen Age, peut-on donner un contenu concret et mobilisateur à une autre croissance ?
La découverte (récente) du fait que la Terre est finie montre que la croissance illimitée de la consommation de ressources non renouvelables est strictement impossible. De la même manière nous devrons réduire inéluctablement nos émissions de gaz à effet de serre. La généralisation à l’ensemble de l’humanité du mode de vie américain et même européen est impossible. Il n’y a tout simplement pas assez de pétrole pour faire rouler des voitures en Chine si leur taux d’équipement devenait similaire au nôtre. Les exportateurs occidentaux et les importateurs orientaux en feront un jour ou l’autre la découverte cuisante. Autre exemple : il est strictement impossible de prolonger indéfiniment la croissance actuelle du trafic aérien. Le rêve de la mobilité sans limite pour tous se heurte aux réalités.
Est-ce pour autant la fin du « développement » et la preuve de la nécessité de la décroissance de l’activité économique ? Nous ne le pensons pas et nous ne le souhaitons pas. On imagine en effet trop bien quels pourraient être les résultats sociaux catastrophiques d’une décroissance prolongée : l’entrée dans la dépression généralisée et le désespoir.
Comment par ailleurs la décroissance économique pourrait-elle permettre les mutations rapides de l’économie vers un modèle écologiquement soutenable : comment produire une énergie propre en quantité suffisante pour 9 milliards d’hommes en 2050 sans investissements massifs et sans innovations technologiques ?
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