La COP23, première “COP du Pacifique” se clôture aujourd’hui à Bonn. Les négociations ont avancé sur certains fronts et ont posé les bases d’un dialogue pour espérer gagner plus d’ambition en 2018. Quelques progrès sont également à noter sur les thématiques qui touchent les populations vulnérables. Mais cela reste insuffisant face à l’urgence climatique que les scientifiques ont rappelé pendant cette COP. Sur le manuel d’application de l’accord de Paris ou sur l’incontournable question des financements, la présidence fidjienne s’est heurtée au manque de volonté politique des pays. Malgré de beaux discours, la majorité d’entre eux est venue les mains vides et n’a pas apporté l’énergie politique nécessaire pour rehausser les engagements …
Réseau Action Climat

Mais la COP23 s’est limitée à des progrès sur le papier (par exemple sur le manuel d’application de l’accord de Paris et la préparation du premier bilan des actions en 2018). Les grands émetteurs de gaz à effet de serre, dont l’Union européenne, manquent toujours cruellement d’ambition politique et les actes ne sont pas suffisants pour rectifier le tir bien avant 2020. Les pays n’ont donc plus le choix et doivent cesser de se cacher derrière des postures de négociations, pour accélérer la transition vers un futur 100 % renouvelable.
Les pays riches ont également raté une occasion de démontrer leur solidarité envers les populations les plus pauvres et de respecter l’objectif de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020. Des engagements étaient également indispensables pour soutenir les populations victimes des conséquences inévitables des changements climatiques. Sur ce point aussi, cette COP du Pacifique se termine sur un goût d’inachevé.
La France doit maintenant donner les gages concrets d’une politique de transition écologique ambitieuse, qui se libère des énergies du passé : le nucléaire et les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon). Emmanuel Macron a souhaité organiser le sommet “One Planet Summit” le 12 décembre à Paris. Pour ne pas se résumer à un nouvel affichage sans lendemain, de nouveaux engagements doivent êtres pris. Nous attendons le doublement de l’objectif de financements pour l’adaptation de la France d’ici à 2022 et la fin des soutiens aux énergies fossiles. Nous serons aussi vigilants à ce que de fausses solutions ne soient pas promues, notamment dans le secteur agricole. La mobilisation citoyenne entend, en ce sens, porter ces demandes en exigeant « pas un euro de plus ! » pour les projets climaticides et les énergies du passé.

« A la COP du Pacifique, le Président la République a rappelé l’urgence de rectifier le tir pour éviter un réchauffement catastrophique de plus de 3°C. Mais le discours d’Emmanuel Macron est une nouvelle occasion manquée : si la France veut être crédible sur la scène internationale, elle doit accélérer dès à présent sa transition vers les énergies renouvelables, sans la paralyser au bénéfice de fausses solutions comme le nucléaire. Avant le sommet du 12 décembre, la France doit donner des gages concrets pour augmenter ses soutiens financiers pour l’adaptation des populations les plus vulnérables et enfin concrétiser ses grands discours. »– Pour Anne-Laure Sablé, chargée de plaidoyer souveraineté alimentaire et climat au CCFD-Terre Solidaire :
« Face à l’aggravation de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire causée par les dérèglements climatiques, Emmanuel Macron déclare vouloir répondre par l’action. Le CCFD-Terre Solidaire rappelle que cette action ne peut être engagée à n’importe quel prix. Seule une transition agricole socialement juste et respectueuse des ressources permettra de lutter contre l’insécurité alimentaire grandissante. Et cette transition est incompatible avec des initiatives “climaticides”, comme l’Alliance globale pour une agriculture intelligente face au climat (GACSA), dont la France fait toujours partie. Nous serons particulièrement attentifs, lors du sommet du 12 décembre à Paris, à ce que de fausses solutions de ce type ne soient pas promues. »– Pour Sarah Fayolle, chargée de campagne climat à Greenpeace France :
« Le discours d’Emmanuel Macron à la COP23 semble avoir été dicté par les industriels du nucléaire. Si la France est en retard sur sa transition énergétique, c’est justement parce qu’elle entretient une dépendance extrême au nucléaire, qui empêche le déploiement des énergies renouvelables sur le marché de l’électricité. En résumé, Emmanuel Macron vient de se livrer à une instrumentalisation de la tribune climatique pour défendre les intérêts du nucléaire. S’il y a un fétiche irréaliste à abandonner, c’est bien celui qui consiste à croire que le nucléaire doit être préservé à tout prix au nom de la lutte contre les dérèglements climatiques. «– Pour Armelle Le Comte, Responsable du plaidoyer climat à Oxfam France :
« Le leadership climatique passe par des actions concrètes, et pas par de simples discours aussi lyriques soient-ils. Malheureusement, Emmanuel Macron est venu les poches vides à la COP23 et n’a fait aucune nouvelle annonce financière pour les pays les plus pauvres, qui sont pourtant en première ligne du changement climatique. Le sommet climat du 12 décembre à Paris doit être l’occasion de rectifier le tir en annonçant un doublement des financements français pour l’adaptation, afin d’atteindre 2,4 milliards d’euros d’ici 2022, et en adoptant enfin la taxe européenne sur les transactions financières. De telles mesures concrètes enverraient un signal fort aux communautés les plus vulnérables«– Pour Emma Jagu, observatrice climat du REFEDD :
« Investir dans l’avenir de la jeunesse et des générations futures c’est avant tout désinvestir des énergies fossiles et s’assurer que notre mix énergétique soit cohérent avec les objectifs de l’accord de Paris. Le discours d’Emmanuel Macron aujourd’hui était une tentative de séduire la scène internationale, mais ne reflète pas la politique énergétique actuelle de la France. Nous attendons des mesures concrètes pour la transition vers une économie décarbonée. »– Pour Nicolas Haeringer, porte-parole de 350.org France :
« Emmanuel Macron a tenté d’incarner le rôle du leader mondial en matière climatique, expliquant n’avoir qu’une obsession – l’action – et qu’un horizon – maintenant. En l’absence de décisions fortes, le costume reste pourtant trop grand pour lui. A quelques semaines du sommet du 12 décembre, il a une opportunité unique de conjuguer l’action au présent : annoncer que la France n’accordera pas un euro de plus aux énergies du passé, afin d’investir dans la transition vers un future 100% renouvelable pour tous. »– Pour Maxime Combes, économiste et membre d’Attac France :
« Emmanuel Macron a franchi le seuil maximal autorisé d’hypocrisie climatique, cherchant à dissimuler ses multiples renoncements : de la validation du CETA qui n’est pas climato-compatible au sabordage de la taxe sur le transactions financières, source de financements pour le climat, Macron, sans un mot sur l’évasion fiscale qui soustrait des milliards aux pouvoirs publics, a prouvé que sa seule obsession est de ne surtout pas toucher aux fondements de cette formidable machine à réchauffer la planète qu’est notre insoutenable système économique. A l’alerte scientifiques aurait dû succéder un sursaut politique. Raté : le BusinesAsUsual l’emporte encore sur MakeThePlanetGreatAgain.«– Pour Fanny Petitbon, Responsable Plaidoyer de CARE France :
« Cette après midi encore Emmanuel Macron a répété la nécessité de lutter contre l’injustice climatique. Mais pour l’instant la France reste aux abonnés absents à la fois sur la solidarité internationale et même nationale. La récente décision du gouvernement de supprimer du budget national les 20 millions d’euros du fonds vert destiné à aider les collectivités françaises du Pacifique à lutter contre les effets du réchauffement climatique, a envoyé un très mauvais signal. Réintroduit in extremis la semaine dernière par les député-e-s, le fonds vert français est encore sur la sellette. Le gouvernement français devrait tirer les leçons de la catastrophe qui a récemment touché de plein fouet les îles des Caraïbes dont Saint Martin.«– Pour Célia Gautier, responsable Energie-Climat à la Fondation pour la Nature et l’Homme :
« Emmanuel Macron a voulu montrer une direction et faire preuvre d’une volonté diplomatique. Mais, comme souvent, le diable est dans les détails. Le Président n’a pas fait d’annonce nouvelle pour accélérer la transition écologique de la France. Espérons qu’elles soient gardées pour le sommet du 12 décembre à Paris sur le financement du climat. Nous saluons sa volonté que l’UE se substitue aux Etats-Unis pour financer les travaux du GIEC, et le lien explicite que le Président a effectué entre régime climatique et les politiques commerciales. Mais un très long chemin reste à parcourir afin que la logique de la politique commerciale internationale soit renversée pour être subordonnée au droit de l’environnement. Enfin, au-delà des discours, nous attendons toujours un plan concret et conjoint de la part de Mme Merkel et de M. Macron pour booster les énergies renouvelables et sortir des énergies du passé que sont le nucléaire et les énergies fossiles. »– https://reseauactionclimat.org/
ADEQUATIONS
Premier bilan de la COP23 par Yveline Nicolas
OXFAM

WWF

“Dès le début, les paradoxes de cette COP ont été stupéfiants. Les négociateurs se sont réunis à Bonn sous la présidence fidjienne et, alors que les Etats délibéraient sur leurs actions futures, les villes, les acteurs locaux, les entreprises et les communautés ont intensifié leurs efforts pour mettre en oeuvre l’Accord de Paris. Mais malgré l’élan constaté dans les couloirs de Bonn, les pays sont toujours à la traîne. Dans une année marquée par des catastrophes climatiques extrêmes et potentiellement la première augmentation des émissions de gaz à effet de serre en quatre ans prévue pour 2017, le paradoxe entre ce que nous faisons et ce que nous devrions faire est clair : les pays doivent agir avec une plus grande ambition climatique, et bientôt, nous mettre sur une trajectoire vers un futur de 1,5°C”. Manuel Pulgar-Vidal, directeur du programme mondial climat et énergie du WWF.
“La France, par la voix du Président de la République, doit mener l’Europe vers une ambition à la hauteur de l’enjeu climatique, et ce dès le One Planet Summit du 12 décembre à Paris. Dans ce contexte, le WWF attend que la France accélère à domicile la transformation nécessaire liée à l’énergie, la mobilité, l’agriculture et l’alimentation. Sur ces trois fronts, des engagements doivent être poursuivis ces prochains mois pour véritablement tenir la trajectoire de neutralité carbone.” Pascal Canfin, directeur général du WWF France
“De nombreux facteurs auraient pu faire de cette COP23 une COP de retour en arrière : la position Etats-Unis, la potentielle augmentation des émissions de gaz à effet de serre en 2017, le recul du gouvernement français sur sa trajectoire de transition énergétique, le retour du clivage Nord-Sud. Malgré tout cela, la COP23 a pu se conclure aujourd’hui avec un accord sous la présidence Fidjienne. Cette première « COP du Pacifique » n’a toutefois pas pu apporter de garanties pour répondre à l’urgence climatique. Tout repose donc maintenant sur l’année 2018, dont la COP23 a fixé les grandes étapes, et qui doit aboutir à des engagements climatiques plus ambitieux de la part des Etats, avant que l’Accord de Paris entre en plein fonctionnement en 2020.” “Dans ce contexte, l’Union européenne doit reprendre le flambeau de l’action climatique mondiale. Pour avancer vers une transition énergétique à domicile, la France et l’Allemagne doivent être moteurs pour porter l’ambition de l’Accord de Paris au niveau européen et profiter de 2018 pour relever les engagements climatiques de l’UE. Le paquet « Une énergie propre pour tous les Européens », le règlement sur le partage de l’effort climatique, ainsi que les futures discussions sur la réforme de la Politique Agricole Commune et sur la mobilité bas-carbone sont autant d’opportunités à saisir pour fixer un cadre solide et dynamique vers la neutralité en gaz à effet de serre en Europe d’ici 2050.” Pierre Cannet, responsable des programmes Climat, Énergie et Villes durables au WWF FranceEn ramenant l’attention sur l’action immédiate à mener avant 2020, et en s’accordant sur le format d’un processus de revue et d’amélioration de l’ambition climatique à travers le Dialogue, dit, “de Talanoa”, la COP23 a posé d’importants jalons qui participent à poursuivre l’esprit constructif de l’Accord de Paris. Mais le succès est encore loin d’être garanti. La présidence polonaise à venir de la prochaine COP doit appuyer, et même viser à renforcer, les efforts de la présidence Fidjienne pour accélérer les progrès vers la finalisation des règles d’application de l’Accord de Paris pour sa pleine mise en oeuvre et assurer un financement prévisible pour les pays en développement, y compris sur les questions des pertes et dommages. Les pays ne sont pas les seuls à prendre des actions. A travers le Partenariat de Marrakech pour l’Action Climatique des Nations unies, les efforts en cours des gouvernements locaux et des acteurs non-étatiques, y compris les villes, les régions, les entreprises, les investisseurs et la société civile, ont été sous les projecteurs pour dynamiser l’action climatique à la COP23 à Bonn. En ce sens, le PandaHub – pavillon du WWF à la COP23 – a accueilli tout un programme de dialogues et d’événements afin de montrer la valeur de la collaboration et de l’innovation pour un avenir durable et résilient pour tous. – www.wwf.fr
Comité 21
La COP 23, une COP résolument de transition mais pas d’étape ! Une note d’analyse du Comité 21
Depuis 2014 et la COP20 à Lima, le Comité 21 participe systématiquement aux COP climat afin de faire connaitre les engagements de ses adhérents en faveur de la lutte contre le changement climatique.
Le Comité 21 était donc présent à la COP23 à Bonn, en Allemagne, du 6 au 17 novembre 2017. A cette occasion, il s’est particulièrement investi sur le sujet de l’adaptation au changement climatique, sujet qu’il a choisi comme une de ses priorités stratégiques de 2017-2018 et qui devrait mobiliser l’attention à la même hauteur que l’atténuation.
En parallèle de cette participation, le Comité 21 propose des analyses sur l’avancement de l’Accord de Paris dans le cadre de son CERRESCE (Centre de ressources pour une responsabilité sociale climatique et énergétique).
Cette deuxième note d’analyse de la COP23 est réalisée par Bettina Laville, présidente du Comité 21.
La COP 23, une COP résolument de transition mais pas d’étape !
Rappel de la 1ère note à mi-parcours : « La COP23, transition douce ou accélération? » – 13 novembre 2017
La COP23, transition douce ou accélération ?
– www.comite21.org/
La Fabrique Ecologique
La politique climatique européenne : Des progrès importants à accomplir – Décryptage par Géraud Guibert, Président de La Fabrique Ecologique
L’Union européenne joue un rôle clé dans les négociations climatiques internationales. Mais qu’en est-il de sa propre politique climatique ? A l’occasion de la COP23, ce décryptage rédigé par Géraud Guibert, président de la Fabrique Ecologique, fait un point complet des engagements pris par l’UE, des objectifs fixés et des moyens existant, prévus ou proposés pour les atteindre. Ce bilan montre que d’importants progrès restent à accomplir.
La politique climatique européenne : Des progrès importants à accomplir
– www.lafabriqueecologique.fr
International Insetting Platform
Nice Côte d’Azur

« Nice et sa Métropole sont connues, partout dans le monde, pour leur qualité de vie et leurs paysages exceptionnels. Cet environnement, ce patrimoine naturel dont nous avons hérité, sont le dénominateur commun de toute l’humanité. C’est pourquoi, face aux atteintes portées à notre planète, il nous revient de préserver ce lieu et ce lien uniques. Ici, plus encore, je veux voir le développement durable comme une possibilité de faire mieux pour la planète autant que de créer des emplois grâce à la nécessaire transition écologique. Je veux qu’à Nice, nous construisions une collectivité exemplaire et à l’avant-garde. Renforçons notre action sur les grandes problématiques environnementales (avec notre Agenda 21), pour lutter contre le réchauffement climatique et protéger l’atmosphère (extension du tramway, développement des vélos, espaces piétons/marche), préservons la biodiversité et les milieux naturels (7 sites Natura 2000 sur notre territoire métropolitain), réduisons les pollutions, notamment les pesticides, et la pollution plastique qui s’infiltrent partout, voilà nos défis ! Cet avenir « vert et bleu », c’est Nice, ville verte de la Méditerranée qui le porte historiquement et naturellement. Il doit nous faire renouer avec notre patrimoine naturel et nous tourner davantage vers la mer, vers la Méditerranée, un hotspot de biodiversité qu’il nous faut protéger car à elle seule, elle abrite une flore exceptionnelle, entre 15 000 et 25 000 espèces, dont 60 % sont endémiques (selon l’IUCN). Cette politique environnementale doit réduire les écarts, rapprocher, conduire vers l’autre, susciter des transformations sociales et économiques… Réinventer la ville, c’est l’exigence d’aujourd’hui, pour créer ici les conditions du mieux vivre demain. Alors, pour notre Plan Climat, dont la concertation sera lancée début 2018, je nous veux créatifs, positifs et ambitieux. Montrons que tout est encore possible, c’est à nous de nous y engager avec force ! Nos concitoyens nous le demandent, et les évolutions technologiques nous guideront vers des innovations environnementales (Smartcity), qu’il nous faudra saisir, à la recherche de la performance énergétique (Smartgrid), et dans le développement des énergies renouvelables (réseaux urbains de chaleur/froid). Ce cap à tenir nous engage tous, et je souhaite que l’ensemble des services de la Ville et de la Métropole s’engagent pleinement dans cette voie. C’est pourquoi, en réaction à la sortie des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat, le 19 juin dernier, j’ai répondu présent, avec de nombreux élus des métropoles, agglos et grandes villes rassemblées autour de « France urbaine », à poursuivre les objectifs de l’Accord de Paris. Par cet appel, la Métropole Nice Côte d’Azur s’est inscrite dans une dynamique. Son but : contenir le dérèglement climatique « bien en-dessous de 2°C ». Il s’agit maintenant de réussir à traduire pleinement cet objectif planétaire à l’échelle de nos 49 communes et mettre en œuvre les actions en phase avec cet horizon. Voilà pourquoi nous avons répondu OUI à l’invitation du WWF France à collaborer sur ses travaux prospectifs sur la traduction des objectifs de l’Accord de Paris à l’échelle des territoires urbains français. Ce combat, nous devons le mener tous ensemble. La bataille pour ne pas dépasser les 2°C de réchauffement n’est pas perdue, des solutions existent. C’est pourquoi je veux dire à nos habitants, aux acteurs de la société civile, aux associations, à la communauté scientifique, aux médias, que chacun puisse se sentir investi de cette mission, tant la qualité de notre environnement est l’affaire de tous. »

