La Fedene - Fédération des services énergie et environnement, vient de publier une note de situation sur la base d’un travail réalisé en collaboration avec ses 7 syndicats professionnels réunissant plus de 500 entreprises de toute taille, 60.000 salariés pour un chiffre d’affaires de 11 Mds €, dont la moitié est réalisée en France : entreprises d’exploitation et de maintenance d’équipements de chauffage et de climatisation, de gestion de réseaux de chaleur et de froid, de valorisation énergétique des déchets, de services d’efficacité énergétique, de facilities management et d’ingénierie de projets.
Cette note fait suite à une demande reçue de la commission des Affaires économiques du Sénat afin d’évaluer les conséquences de l’épidémie sur la politique énergétique. Vous y trouverez donc des éléments sur la continuité des prestations de services énergétiques ainsi que les premières remontées sur les conséquences techniques et contractuelles au sein des différents secteurs représentés au sein de la Fedene (Installations de cogénération alimentées en gaz ou en biomasse, Chaufferies biomasse, Efficacité énergétique, Bureaux d’étude, Unités d’Incinération d’ordures ménagères à des fins énergétiques, Facilities management (FM))
– Toutes les fonctions support ont été mises en télétravail.
– Les opérations d’urgence ou de maintenance curative impératives (listées en annexe) ne pouvant être reportées ont été maintenues.
– L’obligation de continuité des prestations assurées par les entreprises de services énergétiques est parue immédiatement évidente pour les situations sensibles ou sites stratégiques, notamment pour l’accès aux :
– Dans le même temps, la FEDENE a identifié et signalé aux pouvoirs publics une liste indicative des sous-traitants stratégiques.
– Pour permettre la continuité de ces activités, les adhérents de la FEDENE utilisent le formulaire de justificatif professionnel type [3] prévu par le ministère de l’Intérieur, accompagné d’une attestation de la fédération qui confirme le caractère urgent ou sensible de l’intervention.
– Sur la question des équipements de protection sanitaire (EPI) :
Si les conséquences économiques de l’épidémie de Covid-19 sont difficilement mesurables à ce stade, la FEDENE souhaite attirer votre attention sur ses conséquences techniques et contractuelles. Elles suscitent un certain nombre d’alertes et d’interrogations dans la filière, et donc d’inquiétudes, car elles conditionneront (à terme) l’impact économique de la crise sanitaire.
D’une manière générale, les entreprises de services énergétiques souhaitent alerter les pouvoirs publics sur le risque de non-respect des dates limites de validité des habilitations, visites générales périodiques obligatoires, ou encore des certifications. C’est pourquoi elles appellent de leurs vœux une prolongation...
– de validité des qualifications et certification BTP (RGE, Qualibat, Qualigaz...)
– de la validité des formations/habilitations obligatoires arrivant à échéance (habilitations électriques, TST [4], CACES[Certificat d’aptitude à la conduite en sécurité]]...) ou leur renouvellement sans report à l’aide de formations à distance afin d’éviter l’engorgement des centres de formation lors de la sortie de crise sanitaire ;
– des certifications (ISO notamment) des entreprises arrivant à échéance ;
– des contrôles périodiques réglementaires obligatoires (électriques, appareils sous pression, pont bascule, décennales chaudières, appareils de levage, équipements hydrauliques...).
La FEDENE demande à tout le moins la prorogation de la validité des agréments listés ci-dessus jusqu’au 31 décembre 2020 afin d’éviter l’engorgement de demande d’audits, recyclages de formation, renouvellements d’habilitations au sortir de la crise sanitaire et de l’état d’urgence.
Par ailleurs, tandis que la chaleur représente 42,5% des consommations finales d’énergie en France et que les objectifs nationaux ne sont pas atteints, les projets de production de chaleur renouvelable et de réseaux de chauffage urbains et industriels subissent les conséquences directes telles que la suspension des activités non impératives, la suspension ou le report d’appels à projets ADEME et les appels d’offres CRE Bois conduits par la DGEC. De la même manière, les décisions des collectivités locales sont reportées du fait du report de l’installation des conseils municipales élus.
La filière fait face à l’arrêt de puits de chaleur du fait de la fermeture d’un certain nombre de sites industriels.
Ainsi :
– Même temporaires, ces fermetures peuvent avoir des conséquences économiques lourdes du fait des obligations inhérentes aux contrats d’obligation d’achat ou de complément de rémunération (mis en place avec EDF OA [5]) qui régissent les installations de cogénération.
– La filière demande ainsi la possibilité de « neutraliser » les clauses de disponibilités électriques et d’EP des contrats d’achat et de complément de rémunération pendant la période de confinement.
– Par ailleurs, pour les installations alimentées en :
Certaines chaufferies pourraient être arrêtées (y compris les installations nécessaires à la production de chaleur pour le chauffage urbain) du fait de :
– l’arrêt de puits de chaleur, notamment industriels et tertiaires [6] ;
– la nécessité de confinement du personnel ou du retrait des techniciens [7] ;
– la réduction des équipes disponibles, qui peuvent être affectées sur les sites ou installations prioritaires.
Ces arrêts peuvent avoir pour conséquence le non-respect d’engagements contractuels ou conventionnels en matière de mixité énergétique, tant vis-à-vis d’autorités délégantes ou de clients privés que de l’ADEME. Les conséquences de ces périodes d’arrêts, qui peuvent se prolonger au-delà de ces dernières, devront être prises en compte.
L’impact de la crise se pose d’abord sur les CEE [8], avec la réduction du gisement de CEE du fait de la suspension ou l’arrêt des projets d’économie d’énergie (du fait de l’arrêt de très nombreux chantiers faute de techniciens ou faute de pouvoir accéder aux sites d’interventions).
Cette situation entraine des conséquences sur :
– Les modalités de dépôts des dossiers ;
– Les modalités de transferts de CEE (transactions au registre) ;
– Une tension sur le marché des CEE liée à la difficulté d’atteindre les obligations.
– La capacité du PNCEE [9] à instruire les demandes (du fait de sous-effectifs).
Dans le domaine de l’ingénierie de projets énergie & déchets :
– Tous les salariés sont en télétravail
– Les bureaux d’études n’ont plus que 10 jours d’activité devant eux ;
– Arrêt des missions d’assistance à maitrise d’ouvrage du fait de la suspension des chantiers par les collectivités locales ;
– Arrêt des missions d’assistance à maitrise d’œuvre (les mesures de performance d’efficacité énergétique étant impossibles dans les bâtiments résidentiels et tertiaires en cours de rénovation)
Les unités de valorisation énergétique (UVE) doivent être considérées comme une activité essentielle (service public de traitement des déchets) pour lutter contre l’épidémie (hygiénisation) et assurer l’évacuation des déchets. À ce titre, elles doivent être prioritaires ; tant pour leur personnel que pour leur approvisionnement ou encore pour l’intervention des sous-traitants sur site (laboratoires et organismes de contrôle, sous- traitants pour la maintenance nécessaire à la continuité d’activité...).
Plusieurs difficultés à fort impact potentiel pourraient se faire jour à courte échéance :
– Les livraisons de déchets et l’enlèvement de résidus de traitement ;
– Les livraisons des consommables indispensables au fonctionnement de ces installations (réactifs pour le traitement des fumées et des effluents liquides, des eaux chaudières, combustibles brûleurs, gasoil pour les véhicules...) ;
– La nécessité d’extension des jours et des heures d’ouverture des réceptions des installations qui accueillent des déchets d’activités de soins à risques infectieux ;
– Le nécessaire report des contrôles techniques réglementaires (électriques, appareils sous pression, pont bascule, décennales chaudières...) arrivés à échéance et prévus pendant cette période de crise ;
– Le nécessaire report des contrôles et analyses environnementales réglementaires (fumées, rejets liquides, mâchefers, QAL2/AST, ...) en cas d’indisponibilité des bureaux de contrôle et/ou laboratoires d’analyse.
– La capacité de l’inspection du travail à accorder des dérogations.
– Les risques de dépassement des limites de capacité administrative (flux et/ou en tonnage journalier).
Par ailleurs, la campagne de mesure des émissions de mercure au sortir de ces unités est suspendue considérant que les activités qui lui sont liées (pauses de préleveurs, prélèvements et analyses par des laboratoires impérativement habilités COFRAC, déplacements pour des fournisseurs européens...) sont impossibles à accomplir ou peuvent être reportées. Sur ce point, la filière demande à l’Ademe de prendre en compte cette situation et de rallonger la validité des conventions de partenariat (avec un report éventuel des paiements en 2021).
Les entreprises du secteur rencontrent de nombreuses difficultés s’agissant de la mise en œuvre du dispositif de chômage partiel. En effet :
– Les DIRECCTE refusent leur prise en charge en considérant que l’activité concernée ne fait pas partie des activités interdites en cette période de confinement et qu’elles ne sont pas, par conséquent, suspendues.
- Or, cette interprétation erronée de la part des services de l’État ne tient pas compte de la situation concrète des entreprises du facilities management : leurs salariés sont mis à l’arrêt du fait de la décision unilatérale de leurs clients qui ferment leurs sites (bureaux, usines...).
Cela peut avoir des conséquences économiques importantes, puisque nos adhérents doivent possiblement prendre en charge l’entièreté de l’arrêt du travail ou du maintien à domicile de leurs collaborateurs, alors même que l’exécution de leurs contrats est suspendue et qu’ils n’ont donc pas de recettes.
Par ailleurs, des astreintes sont parfois demandées par des donneurs d’ordre, qui dénaturent dans le même temps la relation commerciale et la facturation attachée.
Liste des interventions d’urgence ou impératives des entreprises de services énergétiques
Production et distribution de vapeur et d’air conditionné :
– Conduite et maintenance technique curative d’installation de combustion, d’incinération, de méthanisation
– Conduite et maintenance technique curative d’installation de production de chaleur
– Conduite et maintenance technique curative des réseaux de chaleur et de froid
– Conduite et maintenance technique curative d’installation de traitement de déchets :
Travaux sur les installations d’équipements thermiques et de climatisation, ainsi que sur les installations électriques dans tous locaux :
– Conduite et maintenance technique curative d’installation de production de froid
– Conduite, maintenance technique curative et dépannage des systèmes de chauffage et de climatisation, conditionnement et traitement d’air et ventilation
– Maintenance technique curative de bâtiments résidentiels, tertiaires et industriels.
Traitement et élimination des déchets non dangereux avec valorisation énergétique :
– Conduite et maintenance technique d’usine d’incinération de déchets ménagers (UIOM) et de méthanisation
Autres :
– Production d’électricité
– Captage, traitement et distribution d’eau
La Fédération des services énergie et environnement, regroupe plus de 500 entreprises de toute taille, 60.000 salariés pour un chiffre d’affaires de 11 Mds €, dont la moitié est réalisée en France. Elle rassemble sept syndicats professionnels réunissant des entreprises d’exploitation et de maintenance d’équipements de chauffage et de climatisation, de gestion de réseaux de chaleur et de froid, de valorisation énergétique des déchets, de services d’efficacité énergétique, de facilities management et d’ingénierie de projets.
MISSIONS ET ENJEUX
ACTEUR MAJEUR DANS LES DOMAINES DE L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE ET DES ÉNERGIES RENOUVELABLES THERMIQUES, la Fédération a pour missions de faciliter le développement des métiers de ses adhérents et de promouvoir l’image de la profession.
Elle regroupe, à travers 7 syndicats professionnels spécialisés par métier, 500 entreprises de services centrés sur l’efficacité énergétique, la performance des bâtiments, la production et la valorisation de la chaleur renouvelable et de récupération ainsi que le multiservice immobilier (facility management). Dans une logique de filière amont-aval, la FEDENE a intégré depuis 2019, un septième syndicat, le SN2E, qui rassemble les bureaux d’études spécialisés en ingénierie déchets et énergie.
Ces services répondent à deux enjeux majeurs de la transition énergétique :
– la réalisation d’économies d’énergie dans les bâtiments résidentiels, tertiaires et industriels ;
– e développement des énergies renouvelables et de récupération thermiques pour satisfaire les besoins de chaleur.
Les adhérents de la FEDENE proposent des solutions globales fondées sur des engagements de performances réelles sur le long terme. Ces prestations vont de la conception/réalisation jusqu’à l’exploitation et la relation avec le client final.
La FEDENE est membre de l’EFIEES (European Federation of Intelligent Energy Efficiency Services)
HIÉRARCHISER ET RENFORCER LES EFFORTS SUR DEUX ENJEUX MAJEURS DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE
Après un long processus de maturation initié par le Grenelle de l’environnement, la loi sur la transition énergétique adoptée en 2015, puis la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) publiée en 2016, ont clairement tracé les enjeux et les ambitions et fixé les objectifs en matière de politique énergétique. Pour les atteindre, tout en favorisant la croissance économique, les entreprises réunies au sein de la FEDENE se mobilisent sur le terrain pour monter des projets d’économies d’énergies, de chaleur renouvelable, de réseaux de chaleur. Cependant ces objectifs ne pourront être atteints que si nous renforçons nos efforts sur deux enjeux majeurs : les ECONOMIES D’ÉNERGIES et la CHALEUR RENOUVELABLE.
[1] Livraison d’intrants et combustibles, évacuation de sous-produits
[2] Résidus d’épuration des fumées d’incinération des ordures ménagères
[3] Après que la FEDENE ait invité les pouvoirs publics à l’adapter la réalité du terrain pour les interventions des salariés itinérants
[4] Travaux sous tension
[5] EDF Obligation d’achat
[6] Établissements d’enseignement notamment
[7] En cas de tension majeure sur les EPI (par exemple).
[8] Certificat d’économies d’énergie
[9] Pôle national des certificats d’économies d’énergie