Alors que la Table ronde sur le soja responsable (RTRS) se réunit aujourd’hui à Campinas (Brésil), avec, entre autres, Monsanto, Syngenta et Cargill, pour définir de nouveaux standards volontaires de culture du soja, les Amis de la Terre-International dénoncent les tentatives de « greenwashing » et de tromperie du consommateur. Même le soja transgénique sera étiqueté « responsable »[[Les critères peuvent être téléchargés sur le site www.responsiblesoy.]], dénonce l’ONG.
Le développement de la monoculture de soja durant ces dernières années a eu des conséquences désastreuses bien connues : accélération de la déforestation, aggravation des conflits sociaux et fonciers, augmentation de l’utilisation de pesticides et émissions importantes de gaz à effet de serre. Ce soja sert presque exclusivement à nourrir les animaux des pays riches et maintenant à fournir le marché de l’agrodiesel. Pour les Amis de la Terre-International, la RTRS est une tromperie verte car : – elle ne s’attaque pas au problème de l’augmentation de la production de soja qui est la cause des dommages à la fois aux populations locales, à la biodiversité et au climat ; – en réalité, elle fait le jeu des grands groupes agro-industriels et légitime leurs pratiques [[les principaux acteurs du développement du soja sont Monsanto, Syngenta, Cargill et Bunge – qui sont aussi des participants très actifs de la RTRS.]]. Elle va même jusqu’à certifier le soja OGM pourra comme responsable alors qu’il est prouvé qu’il entraîne une augmentation de l’utilisation de pesticides, avec des conséquences catastrophique sur l’environnement et la santé des populations locales ; – les représentants des petits paysans et les communautés locales ont été exclus de la RTRS et s’opposent aux critères proposés Les Amis de la Terre-International demandent : – une réduction de la dépendance au soja pour l’alimentation du bétail, en corrélation avec une baisse de la quantité et une amélioration de la qualité de la viande consommée dans les pays industrialisés – l’arrêt de l’utilisation d’huile de soja comme agrocarburant ; – la mise en place de politiques agricoles et alimentaires équitables et environnementalement soutenables pour permettre à toutes les régions et les pays de se nourrir sans dépendre démesurément d’importations. Pour Martin Drago des Amis de la Terre-International, « les standards que développe la RTRS vont légitimer un système de culture du soja dévastateur, alliant déforestation et destruction des conditions de vie des petits paysans au profit de quelques grands propriétaires terriens et multinationales. Le seul soja responsable, c’est moins de soja ». Pour Christian Berdot des Amis de la Terre-France : « Nous devons affronter les vrais problèmes derrière ce système comme la sur-consommation dans les pays industrialisés et le partage inéquitable des ressources comme l’eau et les terres. Nous avons besoin de vraies solutions qui préservent l’environnement et les populations locales et promeuvent la souveraineté alimentaire plutôt que les profits de quelques multinationales ». Plus de 80 organisations de par le monde ont signé une lettre d’opposition aux propositions de la RTRS.