Communiqué du Réseau Action Climat-France :
« Quand ArcelorMittal et Lafarge engrangent des centaines de millions d’euros grâce au système de quotas européen »
Les industriels français soumis au marché européen de quotas de CO2 ont été les premiers à faire pleurer dans les chaumières à l’heure où la contribution carbone a été mise à l’étude par le gouvernement, s’inquiétant d’être doublement imposés[[« Il faut éviter le risque d’une « double peine » qui ferait que les entreprises de l’industrie lourde seraient soumises à la taxe carbone française et aux quotas européens » – Claire Tutenuit, déléguée générale d’Entreprises pour l’environnement, in Le Monde, L’industrie redoute une « double peine », entre taxe française et quotas européens, 31/12/09]]
par l’établissement de ce dispositif. Or, le rapport The Carbon Rich List: The companies profiting from the EU Emissions Trading Scheme, tout juste publié par l’ONG britannique Sandbag en association avec www.carbonmarketdata.com , montre, chiffres à l’appui, à quel point les principaux industriels européens et surtout français profitent du système de quotas échangeables de CO2.
En 2008, dernière année pour laquelle les émissions sont connues, les deux entreprises qui ont engrangé le plus important surplus de quotas (la différence entre le nombre de quotas reçus et les émissions) sont aussi les principaux émetteurs français (hors électricité) : il s’agit d’ArcelorMittal (14,4 millions de tonnes de CO2 de surplus) et de Lafarge (4,2 millions de tonnes). Au prix actuel de 14 euros la tonne, la valeur de ces surplus est de 202 millions pour Arcelor et de 59 millions d’euros pour Lafarge. Bien que les émissions de l’année 2009 ne soient pas disponibles, une estimation basée sur l’évolution de la production dans ces secteurs entre 2008 et 2009 indique que le surplus de ces deux entreprises en 2009 pourrait atteindre, respectivement, 42 et 6,7 millions de tonnes. Sur l’ensemble de la période 2008-2012, une estimation prudente aboutit aux chiffres de 100 et 24 millions de tonnes, soit respectivement 1,4 milliard d’euros pour Arcelor et 336 millions d’euros pour Lafarge !
Peu loquaces sur ces profits faramineux obtenus grâce au système européen d’échanges de quotas, les lobbyistes des secteurs industriels appellent le gouvernement à reporter la mise en œuvre de la contribution carbone au-delà de juillet 2010 (date d’entrée en vigueur annoncée par le gouvernement) ou à l’abandonner purement et simplement, au motif que la coexistence des deux systèmes (quotas européens et contribution carbone) les soumettrait à une « double peine ». Les chiffres montrent, au contraire, que non seulement il n’y aura pas de « double peine », mais que les industriels pourront puiser dans ces surplus pour payer la contribution carbone.
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Contacts :
– Philippe Quirion – Réseau Action Climat-France : 06 81 37 09 99
– Anna Pearson – Sandbag UK : +44 77 96 17 62 80