Cette semaine, Jacques Chirac rappelait que « l’accès à l’eau est un droit humain universel » lors d’un colloque co-organisé par sa Fondation à l’Unesco. Hommes politiques et experts, responsables d’ONG et d’institutions internationales de développement se sont interrogés sur les moyens d’éviter que l’eau soit un jour ou l’autre synonyme de conflits entre Etats. Mais, la raréfaction de l’« or bleu » aiguise aussi les appétits des multinationales (dont les sociétés Vivendi et Suez) pour s’emparer de l’eau au mépris de l’intérêt collectif. Inédit, le documentaire américain « Pour l’amour de l’eau » offre un constat implacable, fruit d’une enquête planétaire de trois ans. Diffusé sur Arte, mardi 18 novembre dernier, il est consultable gratuitement jusqu’au 24 novembre prochain sur le site d’Arte.
Pour l’amour de l’eau
– Vous pouvez (re)voir l’intégralité de ce documentaire sur le site d’Arte et cela jusqu’au 24 novembre prochain. – Le documentaire fait référence à une pétition internationale. Plusieurs internautes nous ont demandé de la trouver. La voici : Article 31: The Right to Water. Cette pétition demande l’intégration d’un nouvel article dans la Déclaration Universelle des droits de l’Homme : « Tout le monde a le droit à l’accès à l’eau potable, suffisamment pour la santé et le bien être de l’individu et de la famille, et personne ne sera privé d’un tel accès et d’une telle qualité d’eau à cause d’une circonstance économique individuelle. » Faites circuler l’info. Qu’en est-il de la préservation, des réserves naturelles et de la distribution de l’eau dans les années à venir ? Durant trois ans, des États-Unis à l’Afrique du Sud en passant par le Rajasthan et la Bolivie, Irena Salina a interrogé scientifiques, militants écologistes, porte-parole d’entreprises ou simples citoyens pour dresser un constat alarmant. L’eau représente désormais la troisième industrie mondiale après le pétrole et l’électricité, mais son caractère vital et sa raréfaction accélérée vont en faire, à court terme, la première ressource potentielle de profits à la surface du globe. Partout, y compris aux États-Unis, l’accès à l’eau potable est devenu problématique, et trente mille personnes meurent par jour dans le monde faute d’en bénéficier. Dans les bidonvilles des pays pauvres, la privatisation des réseaux, encouragée par la Banque mondiale – au profit notamment de deux multinationales françaises, Vivendi et Suez, et d’une britannique, Thames Water, les trois plus offensives en la matière – exclut un nombre croissant d’habitants, incapables de payer des factures qui ont augmenté brutalement. Et alors que l' »or bleu » excite de plus en plus ouvertement les convoitises, on découvre que le Conseil mondial de l’eau, créé officiellement pour arbitrer entre les intérêts contradictoires des États, des entreprises et des citoyens, est dirigé ouvertement par les représentants de Vivendi, Suez ou Veolia. Aux États-Unis, autre exemple, l’administration républicaine a refusé d’interdire le composant chimique nocif désormais proscrit en Europe, l’atrazine, que l’on retrouve, entre autres, dans l’eau du robinet. Quant à Nestlé et autres vendeurs d’eau en bouteille, ils se livrent à une compétition effrénée pour capter ce marché de plus en plus lucratif, quitte à saccager sources et rivières.Soirée Thema – Energies : le futur à contre-courant
Puisant sans frein dans ses stocks d’énergies fossiles, le monde s’achemine-t-il vers un gigantesque black out ? Aux quatre coins de la planète, chercheurs et citoyens militent pour un autre scénario. Une passionnante enquête sur la nouvelle donne énergétique. – Ce documentaire diffusé mardi 18 novembre est lui aussi disponible sur le site d’Arte jusqu’au 24 novembre. L’humanité est au bord de la panne de courant. Mais elle continue à s’agiter et à consommer les énergies fossiles par milliards de tonnes, feignant de croire ses ressources inépuisables. Le charbon par exemple, par ailleurs champion en matière de pollution, devrait se tarir dans cent trente ans. Idem à plus courte échéance pour le gaz et le pétrole. Inquiétant quand on sait que, dans moins de deux décennies, avec l’émergence de l’Inde et de la Chine, la demande d’énergie va doubler. Cette situation tendue risque de provoquer de violentes crises entre différentes parties du monde. Un changement radical s’impose donc dans nos habitudes de consommation et dans les politiques menées, notamment dans une Europe très dépendante du reste de la planète en matière énergétique.