La mobilisation est lancée pour tenter de sauver le protocole de Kyoto. À six mois d’une réunion organisée par l’ONU, des discussions se sont tenues à Bonn, en Allemagne, lors d’une rencontre qui s’est terminée vendredi. Les négociateurs de plus de 190 pays se sont réunis pendant deux semaines afin de trouver une formule satisfaisante pour toutes les parties avant la Conférence de Durban, qui se tiendra du 28 novembre au 9 décembre en Afrique du Sud. Résultat ? Le Réseau Action Climat-France estime que « les négociations semblent très loin de la réalité scientifique, de plus en plus pressante ».
Il y a quelques semaines, l’Agence Internationale de l’Energie rappelait à tous l’urgence climatique et publiait des chiffres accablants quant aux émissions de gaz à effet de serre, à un niveau record en 2010 (pour en savoir plus, cliquez ici). Selon une étude présentée à Bonn par des experts indépendants, le niveau des promesses actuelles des différents pays pour réduire les émissions gaz à effet de serre représente malgré tout une hausse de la température de 3,2 degrés (en Celsius). C’est beaucoup plus que l’objectif maximal que s’était donné la communauté internationale, soit 2 degrés. A Bonn, après deux semaines de négociations sur le climat, entre blocages de procédures et maigres avancées techniques, les négociations semblent donc très loin de cette réalité. L’Europe et la France auront fort à faire d’ici la conférence de Durban – à la fin de l’année – pour tirer vers le haut des discussions pourtant cruciales qui stagnent. Le Protocole en mal d’optimisme… La sauvegarde du Protocole de Kyoto est la priorité de l’année pour ces négociations a rappelé Christiana Figueres (photo en une), qui dirige le secrétariat de l’Onu sur le climat, ajoutant que les négociateurs continuaient d’explorer « toutes les options ». D’ici Durban l’Union européenne doit décider si et comment elle acceptera une seconde période d’engagement du Protocole de Kyoto. « Mais comme à son habitude, l’Europe tergiverse et conditionne entièrement son engagement au bon vouloir des autres pays. Néanmoins, s’engager au sein d’une deuxième période du Protocole de Kyoto après 2012 ne demandera aucun effort supplémentaire de réduction d’émissions à l’Union européenne. Au contraire elle a tout à y gagner d’un point de vue politique, diplomatique et économique. L’Europe doit donc – sans attendre- faire preuve de leadership et d’optimisme pour tirer les négociations vers le haut » explique Sébastien Blavier, (responsable du pôle international) du Réseau Action Climat-France. Le flou entretenu sur les financements Une fois actée la création d’un Fonds Vert pour accueillir les financements climat, encore faut-il se donner les moyens de l’alimenter et d’atteindre l’objectif – entériné à Copenhague – de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020. « Et il faut faire vite : les financements précoces prennent fin en 2012. Or à Bonn, les discussions sur les financements climat ont été repoussées aux calendes grecques par les américains. Ceci ne doit pas empêcher l’Europe de montrer l’exemple en s’engageant sur le soutien qu’elle compte apporter aux pays en développement après 2012 » précise Alix Mazounie (chargée de mission climat & développement) du Réseau Action Climat-France. La question des réductions d’émissions n’a été qu’effleurée à Bonn. Alors que la science du climat, reprise au sein du Plan d’Action de Bali, indique qu’une augmentation des températures au delà de 2°C serait catastrophique, les engagements de réduction actuellement sur la table nous placent sur la voie d’un réchauffement de plus de 3°C d’ici 2100. L’urgence de l’action se fait chaque jour plus pressante.