Le Comité de préfiguration de la Haute Autorité a remis hier son avis sur le MON 810, seul maïs transgénique cultivé aujourd’hui en France. « De nouvelles études scientifiques permettent d’établir des doutes sérieux sur les effets du maïs MON 810 » a déclaré, Jean-François Legrand, animateur du groupe OGM du Grenelle de l’environnement et président du Comité de préfiguration de la Haute Autorité sur les organismes génétiquement modifiés. Le gouvernement pourrait prendre très rapidement la décision de l’interdire provisoirement. L’avis de la Haute Autorité sur les OGM portant sur le MON 810 se trouvait dès hier soir sur le bureau du président de la République. C’est lui qui devrait annoncer les conséquences qu’en tire la France : activer ou non la clause de sauvegarde sur cette semence.
Pour activer une clause de sauvegarde, Bruxelles exige que le pays demandeur apporte des éléments scientifiques nouveaux montrant que la culture présente des risques. Il y en a trois principaux dans l’avis. Le plus important porte sur la dissémination. « Les premières études sur le MON 810 évoquaient une dissémination sur quelques centaines de mètres. Une recherche plus récente au Canada montre en fait que la dissémination peut se faire sur plus de cent kilomètres », explique Jean-François Le Grand. Les ONG sont satisfaites. Pour Arnaud Apoteker, de Greenpeace France : « Compte tenu des engagements du Grenelle et des déclarations de Nicolas Sarkozy, hier, s’engageant à activer la clause de sauvegarde si la Haute Autorité soulevait des doutes sérieux sur les OGM, l’activation de la clause ne fait plus aucun doute… Sinon, la parole politique n’aurait plus aucun sens ! » L’avis de la Haute Autorité sur les OGM survient alors que le ministre de l’Ecologie, Jean-Louis Borloo, avait annoncé le matin même le report au printemps de l’examen du projet de loi sur les OGM. Au même moment, le Président de la République rappelait l’obligation d’appliquer scrupuleusement les décisions du Grenelle. L’Alliance pour la planète se réjouit de la décision de report, qui laissera du temps pour améliorer le texte existant et travailler à une loi qui garantisse réellement le droit et la liberté à produire et consommer sans OGM, conformément au Grenelle. « Elaboré dans l’urgence et sans concertation, le projet de loi, tel qu’il devait être présenté la semaine prochaine au Sénat, organisait la coexistence des filières, c’est-à-dire la contamination. Il s’agissait d’un déni manifeste du Grenelle de l’environnement », déclare Guy Kastler, des Amis de la Terre. « Nous souhaitons que ce report donne la sérénité nécessaire au débat démocratique et à une décision qui engagera l’avenir de l’agriculture, de l’alimentation et de l’environnement en France et en Europe ! » déclare également Chantal Jacquet de Goodplanet. L’Alliance pour la planète rappelle que l’activation de la clause de sauvegarde est une décision du Grenelle de l’environnement. « Les incertitudes scientifiques sur l’innocuité du MON810 sont légion, précise Arnaud Apoteker, de Greenpeace, et l’on découvre chaque année de nouveaux effets potentiellement toxiques… Si elle fait preuve de responsabilité, la Haute Autorité ne peut que délivrer un avis montrant l’ampleur des doutes sur le MON810. Au gouvernement de prendre ces doutes en compte et d’activer la clause de sauvegarde auprès de la Commission européenne, comme il s’y est engagé ! ». La clause de sauvegarde est actuellement utilisée par six pays et a été invoquée en dix occasions : trois fois par l’Autriche, deux fois par la France (en novembre 1998 pour deux types de colza génétiquement modifiés) et une fois par l’Allemagne, le Luxembourg, la Grèce, le Royaume-Uni et la Hongrie. Pour Matin Plus (édition du 10 janvier 2008), la décision fera grand bruit, mais elle n’aura que peu d’impact pour les agriculteurs français. Ceux qui se sont lancés dans la culture des OGM sont jusqu’ici très rares : sur 130 000 maïsiculteurs, seuls 2 000 sont passés à l’acte en 2007, parfois en faisant tout juste un test sur une parcelle. Les surfaces cultivées augmentent certes fortement, mais elles demeurent confidentielles : sur près de 3 millions d’hectares de maïs, 500 ha étaient plantés en OGM en 2005, 5 000 en 2006 et près de 22 000 ha en 2007 – soit 0,7 % du total. Pour mémoire, l’ensemble des cultures d’OGM dans le monde (maïs, coton, soja, colza…) s’étendaient sur 102 millions d’hectares en 2006.OGM, LE WWF-FRANCE n’attend plus que la validation du Président de la République
