Le commerce équitable, nouvel élixir miracle des multinationales pour se garantir un visage attrayant malgré d’indésirables conflits sociaux internes ? C’est en tout cas, depuis quelques années, le pari lancé par plusieurs mastodontes de la mondialisation libérale. McDonald’s, Leclerc, Carrefour, Auchan, Dagris, Kraft Foods…
Et depuis peu Nestlé ! Alors que le géant de l’agroalimentaire n’aurait aucun scrupule à plonger 800 familles marseillaises dans la précarité en décidant de fermer son usine de Saint-Menet, Nestlé lance dans le même temps au Royaume-Uni un café soluble équitable. Affichant comme garantie le logo de la Fairtrade Labelling Organizations (dont le principal représentant en France est Max Havelaar), la boîte métallique de Nescafé scande en gros caractères, pour mieux persuader le consommateur de sa crédibilité, que ce produit « aide les producteurs, leurs communautés et l’environnement ».
Il y a quelques mois encore, Nestlé s’insurgeait pourtant contre l’idée même du commerce équitable dans son rapport Visages du café. Comment expliquer ce soudain revirement ? À n’en pas douter, quelques éléments peuvent aiguiller. En 2004, pour ne parler que de la France, le chiffre d’affaires des produits Max Havelaar a dépassé les 70 millions d’euros et devrait même, selon son directeur Victor Ferreira, « atteindre 125 millions d’euros en 2005 ». De quoi émoustiller les tenants du tout-profit. Mais de quoi aussi susciter les craintes de l’hebdomadaire Politis dans son édition du 20 octobre : « Tant qu’on fera croire que les firmes sont capables d’améliorer d’elles-mêmes leurs pratiques, on légitimera l’idée libérale que l’État n’a pas à intervenir. »
Source : Article paru dans le quotidien l’Humanité du 25 octobre 2005 sous la plume de Christelle Chabaud.
Pour en savoir plus :
> Sur le partenariat entre Neslté et Fairtrade, consultez le site britannique de Fairtrade
Le commerce équitable selon Nestlé
Si on n’accepte pas que la pression exercée par les organisations de Commerce Equitable puisse conduire in fine des multinationales à se ranger à cette idée alors il faut arrêter tout de suite de militer pour une généralisation du CE.
Certes il ne faut pas être naïf, et rester très vigilant car la stratégie d’accompagnement de Nestlé (très limitée géographiquement et commercialement) ressemble plus à un test qu’à une véritable conversion.
Cela montre néanmoins la puissance de la pression des tenants (organisation et usagés) à un moment ou attaquées de toutes parts (tiens…) elle doivent redresser la tête mais également à une évolution des producteurs qui prennent conscience de leur propre valeur. Souhaitons que la crise mondiale ne vienne pas tout flanquer par terre en réveillant les égoïsmes et les peurs.