« Nous vivons à une époque où nous touchons plus souvent du plastique que nous ne touchons ceux que nous aimons ». Voici les premiers mots de Jens Althoff, directeur du bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll, à l’occasion de la publication de l’Atlas du Plastique au Palais de la découverte le 3 Mars 2020. Près de 200 personnes étaient présentes à cette soirée pour participer à des tables-rondes, animées par Jules Hebert, coordinateur des programmes Transition énergétique, écologique et sociale à la Fondation Heinrich Böll – France et Anahita Grisoni, directrice opérationnelle de La Fabrique Ecologique.
Jens Althoff et Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique Ecologique ont présenté l’Atlas du Plastique comme le résultat d’une coopération franco-allemande efficace sur le thème du plastique et de ses conséquences. Il est à la fois un « Atlas de responsabilisation » et une source d’inspiration qui nous invite à agir et à débattre sur des questions de justice sociale, d’écologie mais aussi de géopolitique, d’économie, de santé publique… Rappelons que nous ingérons en termes de plastique, l’équivalent d’une carte de crédit par semaine.
« Que faut-il faire à l’échelle nationale et européenne pour mettre fin à l’omniprésence du plastique ? »
Pour débuter, Nathalie Gontard a tenu à rappeler les risques liés au plastique. Selon ses propos, le plastique laisse une empreinte dans l’environnement, qu’elle soit visible ou invisible. La directrice de recherches à l’INRAE critique le recyclage comme une solution inadaptée au problème et propose en remplacement un objectif de réduction de la production de plastique vierge. Pour compléter ce constat, Matthieu Combe nous rappelle que si le plastique est un facteur de pollution, c’est aussi pour plusieurs raisons anthropologiques : la surconsommation, la mauvaise gestion des déchets, des eaux et la non-responsabilité élargie des producteurs. Quatre raisons qui doivent redevenir le centre d’intérêt des décideurs. La parole a ensuite été donnée à Diane Simiu qui nous a parlé de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire. Ancienne conseillère « environnement » du président de la République Emmanuel Macron, elle est revenue sur l’interdiction du plastique à l’horizon 2040. Selon elle, la sortie du plastique est un problème structurel qui prend plus ou moins de temps à être réglé par les différents acteurs économiques, c’est pourquoi les mesures relatives à la sortie du plastique doivent se déployer sur le court et le long terme. Enfin, Justine Maillot nous a permis d’élargir le débat à l’échelle européenne en évoquant les mesures prises par Bruxelles et relatives à l’utilisation du plastique. Avec la publication récente de la directive sur l’interdiction de certains plastiques à usage unique d’ici à 2021, l’Union européenne entame une véritable politique qui vise à responsabiliser les producteurs pour un retrait du plastique. L’annonce d’un Green Deal européen suscite également l’enthousiasme puisqu’il pourrait permettre de fixer des objectifs et des lignes directrices en termes d’utilisation et de repenser les systèmes de production et de distribution, bien que cela reste à vérifier.« Les alternatives locales essaiment : quelques exemples »
Nous avons eu l’occasion de discuter avec des professionnels qui sont à l’origine de projets proposant des alternatives aux plastiques à usage unique : – Marie De la Giraudiere : We Love Green . We Love Green est un festival de musique engagé qui cherche à promouvoir le zéro plastique dans des événements pouvant rassembler jusqu’à plusieurs milliers de personnes : utilisation des gobelets réutilisables, interdiction des bouteilles d’eau à usage unique… Il s’insère dans un réseau européen d’organisateurs d’événements qui échangent sur les meilleures pratiques pour réduire ses déchets plastiques. – Célia Rennesson : Réseau Vrac. Réseau Vrac est un réseau d’entreprises de production et de distribution qui développe la méthode du vrac comme solution à l’utilisation d’emballages à usage unique dans le secteur de l’alimentation. Le vrac est une méthode de stockage dans laquelle les particuliers viennent faire des achats avec leurs propres contenants. L’objectif est à la fois de limiter les emballages en développant un nouveau réseau de distribution et limiter le gaspillage en laissant le consommateur ajuster ses achats selon ses besoins. – Shu Zhang : Pandobac. Pandobac est une entreprise qui se focalise sur les déchets générés par les fournisseurs et les entreprises de distribution. Elle propose à ces derniers de remplacer les emballages à usage unique par des bacs réutilisables qui accompagnent les marchandises du fournisseur jusqu’au consommateur.
Les intervenants
- Jens Althoff – Directeur du bureau de Paris de la Fondation Henrich Böll
- Matthieu Combe – Journaliste, auteur de « Survivre au péril plastique »
- Marie De La Giraudière – Chargée du contenu et des projets européens
- Nathalie Gontard – Directrice de recherche en sciences de l’aliment et de l’emballage à l’INRA
- Anahita Grisoni – Directrice de La Fabrique Ecologique
- Jules Hebert – Coordinateur des programmes Transition énergétique, écologique et sociale
- Justine Maillot – Coordinatrice de la Rethink Plastic Alliance, chargée de campagne Production et consommation chez Zéro Waste Europe
- Célia Rennesson – Co-fondatrice et directrice du Réseau Vrac
- Diane Simiu – Adjointe au Commissaire générale au développement durable
- Shu Zhang – Co-fondatrice et directrice de Pandobac
Atlas du Plastique
Atlas du Plastique – Version Française
