Peut-on défendre de la même manière une fleur menacée par le climat et un cochon élevé pour sa chair ? Dans son nouvel essai, L’androsace et le cochon, l’écologue Pierre Rigaux propose de repenser notre relation au vivant à travers un double symbole : une fleur rare des montagnes, l’androsace, et un animal domestiqué, le cochon. Un livre publié aux éditions Delachaux et Niestlé le 5 septembre. L’auteur a accepté de répondre aux 9 questions essentielles Cdurable.

L’ANDROSACE ET LE COCHON
Quelle relation serait-il juste que nous ayons avec le vivant ? Que protège-t-on,
quand on protège le vivant ?
Faut-il défendre de la même façon l’androsace, fleur discrète des hautes montagnes menacée par le réchauffement climatique, et le cochon, multiplié pour sa chair dans des hangars industriels ?
Une plante, un animal et un écosystème sont de nature profondément différente, à tel point qu’il semble parfois contradictoire de vouloir tous les protéger. L’élevage en plein air permet de conserver des prairies utiles à certaines populations d’oiseaux et de fleurs sauvages liées aux écosystèmes
herbeux, mais conduit les vaches à l’abattoir.
Éliminer des animaux appartenant à des espèces dites invasives peut être positif pour la biodiversité mais très cruel pour les individus concernés.
L’auteur propose de dépasser ce clivage et de concilier la lutte écologiste,
incontournable si nous voulons pouvoir vivre dans un environnement habitable,
et la lutte pour le droit des animaux, nécessaire si nous voulons vivre dans un monde plus juste.
À travers son expérience de terrain, Pierre Rigaux propose une écologie basée non seulement sur les données scientifiques, mais aussi sur une approche éthique la plus précise possible, qui fait encore souvent défaut s’agissant de la façon dont on traite les animaux.
Le livre aux Editions Delachaux et Niestlé



La Vidéo de présentation par l’auteur
L’ANDROSACE ET LE COCHON sort le 5 septembre aux éditions Delachaux & Niestlé👇 pic.twitter.com/Ll5iGePySk
— Pierre Rigaux (@RigauxNature) August 30, 2025
Un extrait du libre de Pierre Rigaux
L’auteur : Pierre Rigaux, écologue

Pierre Rigaux est écologue professionnel. Après une formation universitaire en
biologie, il a travaillé pendant onze ans dans des associations de protection de la
nature, menant des expertises, des suivis et des programmes de conservation de la biodiversité. Très présent sur les réseaux sociaux, il est suivi par une communauté de 200 000 personnes.

Ma définition du naturaliste ou écologue :
« le naturaliste observe, recense et analyse les phénomènes observables de la nature, particulièrement à l’échelle des communautés d’êtres vivants dans les écosystèmes, pour faire progresser la connaissance du vivant et sa protection lorsqu’il est en péril »
Définition « pour les nuls » :
« le naturaliste étudie et fait connaître un peu de notre planète pour la protéger »

Face aux massacres de millions d’animaux et à l’effondrement de la biodiversité, NOS VIVENTIA agit sur le terrain.
Fondée par le naturaliste-écologue Pierre Rigaux, NOS VIVENTIA enquête dans toute la France pour dévoiler des pratiques méconnues souvent liées à la chasse, attaquer leurs auteurs en justice et faire avancer le débat public.
Questions Cdurable à Pierre Rigaux
Questions Cdurable !
ou c’est pas durable ?
Au delà des communiqués, qui ne présentent souvent que le « meilleur », et du développement durable, qui ne fait que tenter de réduire les impacts négatifs d‘une croissance volumique, nous nous intéressons aujourd’hui, 20 ans après la création de Cdurable.info, aux questions essentielles. Alors Cdurable ou pas ? 9 questions qui nous invitent à Comprendre pourquoi Agir & Coopérer avec le vivant, Cdurable !

1 – Quelle est la nature de ma relation avec le vivant ?
Elle est à la fois sensorielle comme tout le monde avec un besoin très fort de voir, écouter, sentir (ce qu’on appelle simplement « être dans la nature »). Et à la fois raisonnée, en tenant compte des besoins de chaque être vivant, du moins ce qu’on peut en connaître : une plante n’a pas les mêmes besoins qu’un mammifère, un chien n’a pas les mêmes besoin qu’un chevreuil donc il nous faut traiter chacun de façon différenciée, tout en ayant de la considération pour tous.

2 – Quels sont mes besoins et choix d’alimentation ?
100% végétale pour ne pas faire souffrir inutilement d’animaux, puisque l’alimentation végétale est semble-t-il suffisante pour être en bonne santé.

3 – Quel est mon type d’habitat actuel et idéal ?
Actuel : je suis locataire d’un petit endroit à la campagne.
Idéal : égoïstement, ce serait une maison en pleine nature, mais pour l’intérêt général (optimisation de l’impact écologique) on sait que l’habitat idéal ressemblerait plutôt à des petits immeubles écologiques de quelques foyers seulement qui mettraient en commun certains moyens logistiques (machine à laver etc), le tout relié par des transports en commun et des transports très peu polluants.

4 – Quelle activité physique favorise mon bien-être et ma santé ?
Le vélo et la marche.

5 – Quels savoirs m’ont permis de comprendre comment agir ?
Les années passées dans le milieu associatif et autres milieux dits militants.

6 – Quel est le sens que je donne à mon travail ?
J’essaie de produire un travail utile à l’intérêt général, tout en étant suffisamment épanouissant pour moi.
7 – Quelle énergie j’utilise pour mes usages et besoins ?
Énergie au sens des carburants ? Hélas beaucoup trop de voiture, pour enquêter sur le terrain en France. Le train dès que possible. Chauffage au bois.

8 – Quelle est mon implication personnelle pour l’intérêt général ?
Tout mon travail et autant que possible mon mode de vie, certes très imparfait en tant qu’habitant d’un pays riche, mais j’essaie de tendre le plus possible vers la minimisation des impacts négatifs : zéro avion, très peu de vêtements neufs (l’industrie textile est une calamité), nourriture bio-local-végétale, etc.
9 – Quels sont mes liens de coopération et ma participation au bien commun ?
J’ai toujours travaillé à la fois en solo (par exemple écrire des livres) et à la fois avec plein de gens formidables pour des projets communs dits « militants » depuis 20 ans.

10 – Carte blanche : quel est le message essentiel que vous souhaitez faire passer à nos visiteurs ?
Je pense qu’il est important de ne pas dépolitiser les luttes et de se baser sur les connaissances communes (les données scientifiques).