Il était une fois, en Afrique australe, un bébé suricate répondant au nom de Kolo. Ce petit animal carnivore, malin et joueur, va devoir braver la sècheresse et de dangereux prédateurs afin de relever le plus grand défi de sa vie : retrouver ses parents, ses frères et ses soeurs. À travers sa touchante histoire, nous découvrirons aussi la lutte de son espèce pour survivre dans l’immense et somptueuse savane. Grâce à un langage vocal et tactile élaboré et à leur incroyable solidarité, qui rapprochent mystérieusement ces drôles de petits animaux de l’espèce humaine, vous découvrirez une famille… comme la vôtre !
La famille Suricate un film de James Honeyborne produit par BBC Films et The Weinstein Company – Une histoire racontée par Guillaume Canet – Durée : 1h24 – Sortie nationale : le 15 octobre 2008La bande annonce
Un film dédié aux suricates…
Survivre Du haut de leur 30 centimètres, les suricates affrontent le désert du Kalahari. Ces félins n’ont pourtant ni griffes ni crocs acérés. Ils bravent sans venin les scorpions et serpents. Ils luttent sans carapace face aux lionnes, chacals et aigles. Les suricates sont les mangoustes les plus adaptées aux régions arides. Ils vivent en familles d’une trentaine d’individus dans la pointe sud-est de l’Afrique, du Mozambique à l’Afrique du Sud. Voici comment ces peluches au masque noir traversent les dangers du désert. Se cacher Le pelage des suricates varie du brun au beige selon leur lieu de vie. Ainsi camouflés, servis également par une silhouette élancée et une taille minime au pays des géants, les suricates sont – un peu – protégés. Mais à la moindre alerte, ils se réfugient dans leur terrier. Leurs pattes avant, plus larges, savent creuser dans le sable des galeries et des chambres. Ces galeries fines interrompent la chasse des rapaces, lions, chacals, et des serpents les plus minces. Les chambres accueillent le sommeil quotidien et la naissance des petits. Le couple de la famille suricate donne naissance à 3 petits, environ une fois par an. Ces naissances dépendent des ressources de nourriture. Les bébés sont généralement mis au monde à la période de pluie, entre août et mars. Sourds et aveugles pendant plus d’une semaine, les petits suricates restent dans leur chambre, protégés des prédateurs et de la chaleur. Le terrier joue en effet une deuxième fonction cruciale. Aux heures les plus brûlantes, les suricates ne se montrent pas dans le désert : ils s’abritent sous terre de l’écrasante chaleur. La température du terrier leur indique quand bouger : ils restent cachés tant que la terre est trop chaude ou trop froide, notamment la nuit. Apprendre à manger À l’aube et en fin d’après-midi, les suricates sortent de leur terrier. Comme la plupart des animaux, ils passent une grande partie de leur temps à chasser. Ils croquent en large majorité des insectes, mais avalent parfois des mille-pattes, araignées et scorpions, des lézards, des oeufs, des petits oiseaux et même des mulots. L’eau contenue dans ces aliments leur suffit. Les petits comme Kolo sont guidés par leurs aînés pour reconnaître leur repas. Lors des deux premiers mois, c’est la mère qui nourrit les petits. Les autres adultes de la famille apportent aussi de la nourriture, permettant à la mère de se nourrir pour allaiter. Puis, pendant près d’un an, les aînés apportent des proies aux plus jeunes et, surtout, leur apprennent à chasser. En imitant son grand frère, Kolo découvre ainsi comment couper le dard du scorpion avec ses dents pointues. Une initiation vitale dans le désert, où chaque animal possède ses propres armes de survie. Veiller et surveiller Quand ils chassent, les suricates ont le nez dans le sable pour sentir les insectes. Impossible de surveiller les prédateurs ! Des tâches sont donc assignées aux adultes de la famille. Elles varient au cours de la journée : chaque suricate peut creuser des galeries, apprendre aux jeunes à chasser, chasser soi-même et, posture emblématique, faire la sentinelle. Dressé sur ses pattes arrière, usant de sa queue fine comme d’un trépied, le suricate sentinelle surveille les alentours. Sa vue et son ouïe très développées lui permettent de repérer les prédateurs de loin. La sentinelle choisit le plus souvent un monticule non loin du terrier. Parfois, les suricates se regroupent et guettent en famille les dangers. Certaines sentinelles grimpent au sommet d’un arbre. De là, ils embrassent du regard les prédateurs venus du sol ou des airs : cobra, chacal et parfois lion, aigle martial et faucon. Alerter Les suricates sont réputés pour l’efficacité de leur communication. Ils possèdent un éventail de cri large et très riche en informations. À intervalles réguliers, la sentinelle appelle les suricates. Elle écoute et reconnaît le cri propre à chacun. Si un des suricates ne répond pas, il quitte son poste et part à sa recherche. Et si le cri d’appel vient des parents, les jeunes courent se réfugier auprès de leur mère. En cas de danger, la sentinelle pousse d’autres types de cris. Le cri annonçant un prédateur venu du ciel diffère de celui alertant d’un prédateur terrestre ! Grâce à ce système de signaux, tous les membres de la famille savent en permanence où se situent les autres. Lutter en groupe Si la famille n’a pas le temps de se réfugier dans le terrier, la lutte s’engage. Les adultes protègeront les petits, au péril de leur vie. La stratégie des suricates est une défense de groupe. Côte à côte, dressés sur leurs pattes arrière, poils hérissés, les suricates tentent de se montrer plus grands qu’ils ne sont. Ils bougent d’avant en arrière, grondent et crachent pour impressionner et troubler l’adversaire. Si le prédateur persévère, un des suricates s’allonge et montre ses dents et ses griffes. Seule une défense de groupe peut fonctionner face à des adversaires tellement plus grands et dangereux que ces petits mammifères. Dès qu’un individu s’isole, il est en danger. Les prédateurs ne sont pas les seuls adversaires. C’est parfois avec une famille de suricates avoisinante qu’une bataille éclate. Si les suricates sont affectueux au sein de leur famille, se caressant souvent les uns les autres, il n’en est pas de même avec les autres clans. Chaque famille doit rester sur son territoire de chasse ! Les rares échanges positifs entre clans se déroulent lorsque les jeunes quittent leur famille et partent fonder la leur. Inversement, il faudra bien du temps pour apprivoiser un suricate étranger dans une famille déjà formée. Ce comportement découle de la solidarité indispensable à la survie des suricates. Impossible pour de si petits animaux de vivre seuls dans le désert. À travers l’histoire de Kolo se dessine à la fois une initiation à l’âge adulte et une belle lutte des petits contre les géants.… au coeur du désert
Des décors sublimes Dès les premières images du film, le désert du Kalahari s’impose, austère et splendide. De vastes étendues de sable brun, une végétation épineuse, quelques arbres dressés dans cette immensité, et ça et là, miracles de la vie, des animaux affrontant le désert. Situé au sud de l’Afrique, le Kalahari recouvre une large partie du Botswana, un tiers de la Namibie et l’extrémité nord de l’Afrique du Sud. Sur plus de 500 000 km², il offre des paysages variés, plus ou moins désertiques, plus ou moins vallonnés. Les dunes de sable passent du rouge au brun et au blanc. L’aridité du désert ne parvient pas à éteindre la beauté de la nature. Le soleil fait de la peinture sur ces étendues vierges : à la douce lumière de l’aube succède l’éclat cru du zénith, qui laisse sa place, chaque soir, à un bain de couleurs orangées. Un milieu hostile Derrière la majesté du Kalahari se dresse une réalité sévère. La température grimpe au-delà de 40° C certains jours, et peut passer le seuil des -10° C la nuit. La sécheresse est ici chez elle : « Kalahari » signifie « grande soif » en twsana, la langue locale. Pourtant, le Kalahari reçoit de l’eau. Il fait partie des déserts qui accueillent les masses chaudes et humides descendues de l’équateur. La saison des pluies s’y déploie de novembre à mars, apportant 10 à 50 cm d’eau, selon les années et les endroits. Le nord du Kalahari reçoit assez de pluie pour former quelques lacs et rivières quasiment chaque hiver. En revanche, le sud-ouest reste la seule zone véritablement aride, arrosée de moins de 20 cm par an. C’est là que se déroule La Famille Suricate. La vie qui résiste Les suricates ne sont pas les seuls à affronter la sécheresse et la chaleur du Kalahari. Les pluies, même irrégulières, permettent à une végétation basse et épineuse de couvrir une grande partie du désert. Chaque plante a son astuce pour subsister plusieurs mois sans boire. L’une se protège par une gaine de sable, l’autre étale largement ses racines ou modifie ses feuilles pour conserver l’humidité. Quand les pluies sont généreuses, on trouve sur certaines dunes du Kalahari des variétés de melons, concombres ou oignons. Quelques arbres élèvent le désert, principalement des acacias et autres épineux, hébergeant oiseaux, insectes et serpents. Des gouttes d’eau, des végétaux, du sable facile à creuser pour fuir la chaleur : ce cadre de vie suffit à certains animaux. Le Kalahari, haut lieu de tourisme de safari, abrite plus de 400 espèces d’oiseaux, dont l’aigle martial, divers faucons, des espèces sédentaires ou en migration. Parmi eux se trouvent les républicains sociaux aux impressionnants nids suspendus. Les arbres accueillent également les cobras, quand beaucoup de reptiles préfèrent le sol : des vipères au venin mortel, quelques tortues, des lézards, iguanes et geckos. Dans le sable se cachent surtout des petites bêtes, moins gourmandes en eau que les mammifères : scorpions, araignées, insectes de toutes tailles, usant de ruses pour vivre là. Ce sont eux qui permettent aux oiseaux et petits mammifères de se nourrir. Ainsi, les écureuils fouisseurs, abrités à l’ombre de leur queue, les chacals à chabraque et les renards du Cap changent de menu au gré de leurs trouvailles. Les grands mammifères emblématiques des déserts africains sont aussi présents au Kalahari : girafes, springboks, antilopes, gnous à queue noire, hyènes tachetées et lions, selon les espaces visités, les ressources de nourriture et surtout d’eau. Chaque espèce trouve abri et nourriture dans un équilibre précaire. Malgré l’aridité du désert, un peuple vit dans le Kalahari depuis plus de 20 000 ans : les San. Premiers habitants de l’Afrique australe, ils ont survécu dans le désert en chassant l’antilope, et surtout en cueillant les fruits, baies et racines qui poussent envers et contre tout. Lorsque les puits n’existaient pas au Sud du Kalahari, les San développaient d’autres techniques pour s’abreuver : goûter les fruits gorgés d’eau, comme le melon à pistache ou placer des oeufs d’autruche sous les dunes pour en faire des gourdes. Certains anciens connaissent aujourd’hui encore les lieux où les pluies se rejoindront. Et ils savent si ces cuvettes offrent de l’eau potable et quelles plantes poussent autour d’elles. Un trésor à protéger Du Botswana à l’Afrique du Sud, le désert du Kalahari est jalonné de parcs naturels, tant nationaux que privés. Dans ces réserves, la faune et la végétation sont protégées. Le peuple San peut à nouveau s’y installer et pas à pas, collaborer avec les équipes des parcs. Malgré ces espaces protégés, le Kalahari est en danger. Le réchauffement de la planète entraîne dans les déserts une augmentation des températures et une baisse des précipitations. Certaines plantes disparaissent ou modifient leur fonctionnement. Or, ces végétaux accrochent les dunes et les empêchent de se déplacer avec le vent. L’agriculture doit alors s’adapter à des changements de climat, de précipitations, mais aussi de taille et d’emplacement des terres cultivables. Les conséquences peuvent être importantes. Quand les cultures sont moins productives, le coût des aliments augmente, déclenchant des bouleversements économiques, aussi bien à l’échelle des habitants que des pays. Si l’accroissement de l’aridité au Kalahari est aujourd’hui certaine, il reste difficile de prévoir comment et en combien de temps un tel enchaînement peut survenir. Une partie des défis posés par le climat sont surmontables par les agriculteurs. En revanche, ils supposent une flexibilité et une inventivité importantes, supportées par des politiques et des techniques efficaces. La Famille Suricate se déroule dans la réserve de “Tswalu”, mot tswana signifiant “nouveau départ”. Gageons que ce nom soit la promesse d’un long avenir pour le désert du Kalahari.