L’École des Ponts ParisTech lance une nouvelle revue numérique Ingenius qui a pour objectif de donner la parole aux chercheurs et experts de l’École dans une logique de science ouverte et de vulgarisation de la recherche pour mieux faire comprendre les grands enjeux scientifiques d’aujourd’hui et de demain. Elle permettra aussi de valoriser les projets et travaux des élèves-ingénieurs. Les premiers contenus diffusés sont consacrés au thème du changement climatique et de la transition énergétique sous des formats variés (articles, vidéos, podcasts…). Le lancement d’Ingenius est consacré au thème du changement climatique et de la transition énergétique en écho avec la COP27 qui s’est déroulée du 6 au 18 novembre dernier.
Le site Ingenius, disponible en français et en anglais, s’enrichit chaque mois d’articles, vidéos et podcasts autour de 5 grandes thématiques :« L’état des connaissances est clair : il est urgent d’agir pour réduire les émissions et éviter les effets les plus graves du changement climatique. » Céline Guivarch
- Énergie, Écologie et Climat
- Ville, Urbanisme et Construction
- Mobilités, Transports et Infrastructure
- Numérique, Modélisation et Intelligence artificielle
- Économie et Société.
Un outil de médiation scientifique
En proposant des contenus fiables et accessibles, Ingenius a pour vocation de partager et diffuser les connaissances au plus grand nombre et donne à voir la contribution sociétale des recherches menées à l’École. Le site agrège des contenus éditoriaux aux formats variés (articles, podcasts, infographies, vidéos…), qui seront enrichis chaque mois et ont été conçus pour s’adresser à un public diversifié que ce soit les communautés académiques et scientifiques du secondaire au supérieur ou plus largement pour tous les férus des questions de science et de société. Il s’adresse aussi à un public international avec la mise à disposition d’une version anglaise. Parmi les premiers contributeurs figurent :- Céline Guivarch, spécialiste de l’économie du changement climatique à l’échelle mondiale, membre du Haut conseil pour le climat, elle est également auteure au sein de l’équipe de rédaction du 6e rapport d’évaluation du GIEC,
- Pierre-Antoine Versini, docteur-ingénieur en Hydrologie et HDR (Habilité à Diriger des Recherches),
- Karine Sartelet, directrice de recherche au laboratoire CEREA (laboratoire commun École des Ponts ParisTech et EDF R&D)…
Un planning éditorial adapté aux sujets d’actualité et reflétant la diversité des recherches
Le lancement d’Ingenius est consacré au thème du changement climatique et de la transition énergétique en écho avec la COP27 qui s’est déroulée du 6 au 18 novembre dernier. Parmi les sujets traités :- « Atténuation du changement climatique : le temps de l’action »
- « Comment le changement climatique impacte-t-il la qualité de l’air ? »
- « La végétalisation pour rendre la ville plus résiliente face au changement climatique »
- « Comment accélérer la transition énergétique en France ? »
- « Les milieux aquatiques menacés par le changement climatique »
Atténuation du changement climatique : le temps de l’action
3000 pages, plus de 18 000 articles académiques évalués, 278 auteurs principaux et des milliers de contributeurs, le rapport du GIEC, paru en avril dernier, représente la somme la plus à jour des connaissances scientifiques sur l’atténuation [[i.e. la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES)]] du changement climatique. Si vous n’avez pas le temps de vous plonger dans ce rapport foisonnant, voici ses principaux messages en quelques lignes, en espérant qu’elles vous donneront envie d’aller plus loin… Par Céline Guivarch septembre 2022 – 7 mins de lecture En 2021, le premier volet du rapport du GEIC, sur la physique du climat, établissait comme un fait sans équivoque l’influence humaine sur le réchauffement du globe : +1,1 °C par rapport à l’ère préindustrielle, au plus haut de 100 000 ans. Quelques mois plus tard, le deuxième volet montrait les effets en cascade de ce réchauffement sur les écosystèmes et les sociétés humaines. Il mettait également en lumière les connaissances sur les solutions d’adaptation à un climat qui change, mais aussi, sur leurs limites. C’est ici qu’intervient le troisième volet qui synthétise les connaissances scientifiques sur le bilan des émissions passées et les perspectives d’émissions futures, les options de réduction des émissions, les politiques de lutte contre le changement climatique, leur financement et les innovations qu’elles requièrent. Que nous dit ce rapport ? Une décennie critique Malgré des politiques et mesures de plus en plus nombreuses, dans de nombreux pays et à tous les échelons de gouvernance, les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) restent à la hausse. Ces politiques et mesures ont permis d’éviter des émissions, mais seulement en ralentissant le rythme de leur augmentation à l’échelle mondiale, sans parvenir à inverser la tendance. Ainsi, les émissions de GES, dont l’accumulation dans notre atmosphère cause le changement climatique, n’ont jamais été aussi élevées en valeur absolue. Or, pour se placer sur une trajectoire compatible avec la limitation du réchauffement global à 2 °C, les émissions mondiales doivent être réduites de 20 à 30 % d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 2019. Pour 1,5 °C, c’est une division par 2. La décennie actuelle est donc critique pour amorcer et accélérer la baisse des émissions mondiales de GES, et enclencher les transformations nécessaires dans tous les grands secteurs – énergie, industrie, transports, bâtiments, infrastructure, villes, agroalimentaire, etc. Quel que soit le niveau de stabilisation du réchauffement global visé, il faut atteindre zéro émission nette de CO2 (que l’on appelle aussi la neutralité CO2 ou parfois neutralité carbone), et une baisse des autres GES – méthane, protoxyde d’azote, gaz fluorés. Dans les trajectoires compatibles avec 1,5 °C, cette neutralité CO2 est atteinte vers 2050 ; et vers 2070 pour 2 °C. Limiter l’ampleur du changement climatique Si les transformations nécessaires de tous les grands secteurs sont en effet majeures, nous disposons aujourd’hui de solutions. Ainsi, il existe des options de réduction des émissions, dont le coût est inférieur à 100$ la tonne de CO2, et qui, cumulées, pourraient réduire les émissions mondiales de GES de moitié d’ici 2030. Il s’agit de technologies de production d’électricité renouvelable (solaire, éolien) ou nucléaire, de solutions pour réduire les fuites de méthane et de gaz fluorés, de stockage de carbone dans les sols agricoles, de restauration des écosystèmes et des forêts, de solutions de sobriété et d’efficacité énergétique dans le bâtiment, de développement des transports en commun et des mobilités actives (vélo et marche), de l’électrification des véhicules, des solutions d’efficacité énergétique et matière dans l’industrie, de solutions de recyclage, etc. Le rapport fait un focus spécifique sur les actions portant sur les demandes (d’énergie, de matériaux, de biens, de terres, d’eau) et met en évidence un potentiel important, de 40 à 70 % de réduction d’émission à l’horizon 2050. Certaines de ces actions reposent sur l’adoption de technologies, d’autres relèvent de l’efficacité ou encore de la sobriété. Des exemples de ce triptyque dans le secteur des bâtiments sont :- l’installation de panneaux solaires sur les toits (technologie) ;
- l’isolation (efficacité) ;
- le réglage du chauffage à 19 °C plutôt que 20 °C (sobriété).
- éviter des déplacements de personnes avec un urbanisme raccourcissant les distances entre domicile, travail, écoles, commerces, etc. ;
- éviter des déplacements de marchandises en raccourcissant les chaînes d’approvisionnement, transformer les modes de transport en reportant les modes les plus émetteurs (avion, voiture) vers des modes peu émetteurs (rail, transport en commun) ou non émetteurs (vélo, marche) ;
- améliorer les véhicules pour qu’ils soient légers et électrifiés, etc.