Comment la France atteindra-t-elle ses objectifs avec les mesures prises ? Quels impacts économiques ? Quels impacts en matière d’emplois ? Quelles comparaisons avec les mesures prises par d’autres pays ? Pour répondre à ces questions, le bureau d’études Boston Consulting Group a réalisé Ministère un rapport d’évaluation intitulé, Réflexions sur le portefeuille de mesures Grenelle Environnement. Vous trouverez ci-joint une synthèse de ce document dont la version complète est également téléchargeable en fin d’article.
Impact économique des mesures Grenelle Environnement
Le Grenelle Environnement est né de la volonté de répondre aux défis environnementaux mis en lumière par une multitude d’acteurs (ONU, GIEC, universités…). – Ce Grenelle est nécessaire car la France contribue à523 Mt eqCO2 ; rapporté à sa population, ce chiffre est environ 4 fois supérieur au niveau d’émission qui permettrait une stabilisation de l’effet de serre. – Ce Grenelle est une réponse innovante et en rupture puisqu’il associe l’ensemble des parties prenantes et a permis la dépolitisation de la politique environnementale et l’obtention d’un consensus (vote à la quasi-unanimité au parlement). Les 15 grands programmes du Grenelle participent àla relance de l’économie de manière substantielle, en générant une activité sur 12 ans d’environ 450 Md€, financés à hauteur d’environ 170 Md€par l’état et les collectivités territoriales. Les programmes du Grenelle permettront la création de plus de 600 000 emplois en moyenne sur la période 2009-2020, principalement dans les secteurs du bâtiment, des infrastructures et des énergies renouvelables. Amélioration significative de la balance commerciale : 25% de réduction de la consommation d’énergie thermique (pétrole, gaz …) à l’horizon 2020 – Dont 19% uniquement lié à l’impact Grenelle.Impact environnemental et sociétal des mesures Grenelle Environnement
Réduction de 24% des émissions de GES par la France entre 2007 et 2020, soit environ 128 millions de tonnes équivalent CO2 par an en 2020, sur 523 millions de tonnes de GES émises en 2007. – Les mesures du Grenelle contribuent à cette réduction à hauteur de 14% des émissions de GES, soit environ 75 millions de tonnes équivalent CO2 par an en 2020, –dont environ 50% par substitution d’énergie thermique par des énergies renouvelables et environ 25% grâce aux mesures du bâtiment. – Entre 2005 et 2020, la baisse sera alors de 27%, soit d’environ 150 millions de tonnes équivalent CO2 par an en 2020. Le Grenelle permettra aussi la réalisation d’autres impacts environnementaux majeurs, quoique plus difficiles à quantifier: – La meilleure préservation de la biodiversité – L’amélioration de la qualité (notamment phytosanitaire) des cours d’eau – L’amélioration de la qualité de l’air (NOx, SOx, ozone, COV, particules, …) – La réduction des émissions atmosphériques acidifiantes – La diminution des pollutions aux métaux lourds Selon le bureau d’études Boston Consulting Group, « bien que les politiques menées précédemment aient permis de réduire les pollutions et les émissions de GES, les mesures du Grenelle Environnement permettent quant à elles un véritable changement de trajectoire ».Comparaisons internationales
Parmi les grands partenaires économiques de la France et au sein des grands pays industrialisés, aucun plan de relance n’est aussi orienté développement durable que celui de la France. – Plus de 20% des efforts financiers du plan de relance consacrés aux mesures « vertes », contre 13% aux Etats-Unis, avec un engagement financier en valeur de l’Etat supérieur : 110 Md€ pour la France sur 12 ans, environ 70 Md€ pour les USA sur 10 ans (102 Md$). – L’Etat et les collectivités locales engagent presque 170 Md€d’ici 2020 alors que le plan allemand » Energie et Climat 2007 « , renforcé en 2009, concerne 42Md€au total. Un plan français équilibré… – L’ensemble des thèmes sont couverts, aucun ne représentant plus de 40% des investissements et avec une pondération relativement forte des mesures bâtiment, Energies Renouvelables et transport. En comparaison, dans leur plan de relance 2009, – l’Allemagne ne dédie pas de mesure nouvelles aux ENR et focalise les trois quart de son plan sur le secteur du bâtiment – l’Angleterre consacre plus de la moitié des mesures vertes de son plan de relance aux véhicules décarbonnés – le Japon dédie 100% de son plan aux bâtiments …et qui gagnera à focaliser davantage sur certains sujets – Dans les Energies Renouvelables, une focalisation des investissements serait nécessaire pour faire émerger une référence mondiale. – La stimulation de l’offre devrait être développée pour accompagner la stimulation de la demande. – Certaines mesures pourraient être abandonnées pour éviter que la France soit un acteur mineur et fortement importateur, sur le photovoltaïque par exemple. Dans la perspective de Copenhague, il sera souhaitable de caractériser plus précisément les forces et les faiblesses des programmes des grands pays industriels.Dépêche AFP – Evaluation du Grenelle : l’occasion d’aller plus loin, pour les ONG
L’évaluation du Grenelle de l’environnement par le cabinet américain Boston Consulting Group (BCG), qui insiste sur les gains d’une croissance verte, montre bien qu’il faut aller plus loin, estiment la fédération FNE et la députée européenne Corinne Lepage, présidente de Cap 21. « Ce document démontre que l’économie verte n’est pas un mirage mais un impératif », estime la fédération France nature environnement dans un communiqué. Aussi FNE appelle le gouvernement à « cesser de slalomer entre relance grise et relance verte et (à) investir clairement dans les programmes du Grenelle de l’environnement (…) pour que les opérateurs économiques soient clairement encouragés à investir massivement dans les cleantechs », les technologies propres. Pour Corinne Lepage, l’étude « montre bien qu’une autre évolution soutenable est possible, écologique et génératrice d’activités économiques et d’emplois ». Mais elle constate, dans un communiqué, « un manque de cohérence des politiques », avec « une volonté marquée du gouvernement et du Président de développer le nucléaire alors que l’on veut des énergies renouvelables et des économies d’énergie ». Mme Lepage se dit également « très inquiète » à l’idée de voir « les multinationales (…) subtiliser à leur seul profit de court terme les technologies et évolutions souhaitables pour l’ensemble de la société ».Communiqué de presse de Corinne Lepage
L’étude présentée ce matin par Jean-louis Borloo sur l’évaluation des mesures qui seront mises en œuvre par Le Grenelle de l’Environnement montre bien qu’une autre évolution soutenable est possible, écologique et génératrice d’activités économiques et d’emplois. Ces mesures seront cependant insuffisantes pour compenser les pertes économiques dues aux autres secteurs et pour atteindre l’objectif de division par quatre des émissions polluantes d’ici 2050. Il faut urgemment changer de paradigme et faire de l’économie un sous-ensemble de l’environnement et non l’inverse. Par ailleurs je constate aujourd’hui un manque de cohérence des politiques qui sont menées avec notamment un plan de relance qui ne tient pas compte du Grenelle, où encore une volonté marquée du Gouvernement et du Président de développer le nucléaire alors que l’on veut des énergies renouvelables et des économies d’énergie. Je suis heureuse de voir que l’économie verte fait son chemin, mais très inquiète aussi des dérives que cela entraîne. Cette évolution soutenable doit permettre un développement des PME en France. Rien ne serait plus grave que de voir ce secteur subtilisée par les seules multinationales qui choisiraient en fonction de leur seul profit de court terme , les technologies et évolutions souhaitables pour l’ensemble de la société et au rythme qui leur conviendrait. Je demande donc au Gouvernement de lancer un nouveau plan de relance cohérent consacré à l’économie verte ainsi que la réalisation d’un vrai bilan économique, social et sociétal des différents scénarios énergétiques possibles pour la France. Corinne Lepage, Député européen, Présidente de CAP21 et Vice-présidente du Mouvement Démocrate