En Europe, les initiatives pour sauvegarder notre héritage culturel se multiplient : journées européennes du patrimoine, musées, fonds publics ou privés dédiés à la restauration d’œuvres d’art et de bâtiments historiques… Pourtant, dans le même temps, un autre type de patrimoine mérite tout autant notre attention : le patrimoine naturel, ce legs vivant si précieux que nous devons préserver avec autant de soin.
La nature agressée, une menace pour nous tous
Dès 1972, l’Unesco a inscrit la nature dans le champ d’action de la Convention du patrimoine mondial, devenue l’un des instruments internationaux les plus efficaces pour préserver les sites naturels extraordinaires de la planète1. Cette initiative répond à l’urgence de préserver la biodiversité alors que la réduction des espaces naturels s’accélère : un million d’espèces sont menacées d’extinction et 85 % des zones humides ont disparu
2Dans le même temps, la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) a alerté sur l’érosion accélérée du patrimoine naturel mondial. Sur environ 6 000 plantes cultivées historiquement pour notre alimentation, moins de 200 le sont désormais3. Plus alarmant encore, 66 % de la production végétale mondiale se résume à 9 espèces4.
À cette disparition s’ajoute la destruction massive des forêts, estimée à 10 millions d’hectares chaque année d’après la FAO. Ce recul n’a rien d’anodin et doit nous alerter. En effet, il a un impact direct sur l’équilibre planétaire et humain, accentuant les problématiques existantes liées au changement climatique, ainsi qu’à la dégradation de notre santé physique et mentale.
Pourtant, les nombreux bénéfices des sites naturels ne sont plus à démontrer, ils contribuent, entre autres, à réduire les risques et impacts des catastrophes naturelles5. De même, les 69 millions d’hectares de forêts de ce patrimoine absorbent environ 190 millions de tonnes de CO2 chaque année6. Cela équivaut à environ 45% des émissions de CO2 émises par la France en 2022. Dans le domaine de la santé, des recherches ont prouvé que les personnes vivant près d’espaces verts ont un risque réduit de dépression et d’anxiété. Il n’est donc plus temps de tergiverser !
Le patrimoine naturel : un legs à préserver pour les générations futures
Parler de patrimoine pour évoquer la nature est loin d’être un non-sens, puisque ce terme intègre la dimension de transmission : ce que nous léguons aux générations futures. Or, si de nouveaux textes à portée juridique ou symbolique ont suivi la démarche initiée par l’Unesco – on peut citer entre autres la Convention du Conseil de l’Europe sur le paysage3, ou encore la Convention de Berne7 -, ils restent encore beaucoup à faire pour préserver notre capital naturel si menacé.
L’inventaire du patrimoine naturel intègre ainsi les richesses écologique, faunistique, floristique, géologique, pédologique, minéralogique et paléontologique. Parce qu’elles nous sont précieuses, elles méritent autant d’attention qu’une toile de maître ! Il est donc urgent d’agir pour changer notre approche et prolonger la démarche patrimoniale initiée par l’Unesco.
Des actions concrètes pour engager, inspirer et sauvegarder
Que ce soit à l’échelle mondiale, nationale, régionale ou individuelle, des quantités d’initiatives créatives et porteuses d’espoir existent, contribuant à la conservation et au développement de sites naturels. Nous devons également soutenir les projets qui éduquent la conscience collective et sensibilisent toutes les générations à la protection de la biodiversité.
C’est le cas de la Fondation Etrillard, qui participe, au travers de son « Prix du Patrimoine Naturel », au financement des projets porteurs de solutions, qui répondent à des questions aussi larges que la pénurie d’eau, la réhabilitation des terres agricoles, le développement de zones d’agroforesterie et apportent des réponses concrètes à la dépollution des terres pour les réinscrire dans un cercle vertueux ou encore au développement de méthodes innovantes pour cultiver et nourrir les populations, …
Parce qu’il est vivant, ce patrimoine doit en effet être traité différemment, en interagissant avec lui, non pas pour le contrôler, mais pour lui permettre d’exprimer toute sa richesse. Il s’agit d’envisager sa préservation sous un angle positif, en prouvant qu’il n’est pas trop tard et que nous pouvons encore agir. C’est par des initiatives, comme celle de la Fondation Etrillard, que nous pourrons susciter des vocations et offrir au grand public un discours éducatif exempt d’éco-anxiété.
Note(s)
- Centre du patrimoine mondial – Patrimoine mondial naturel (unesco.org)
- Le rapport IPBES 2019
- Convention du Conseil de l’Europe sur le paysage / Site web officiel – Convention du Conseil de l’Europe sur le paysage (coe.int)
- canne à sucre, maïs, riz, blé, pommes de terre, soja, palmier à huile, betterave, sucre et manioc
- https://whc.unesco.org/fr/disaster-risk-reduction/
- https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000379528
- Présentation de la Convention de Berne – Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe (coe.int)