Alors que les négociations sur le climat viennent de s’achever cette semaine à Bonn en se focalisant sur la question cruciale du financement de la lutte contre les changements climatiques, le Président Sarkozy et la Chancelière Merkel ont conjointement évoqué une piste d’action concrète pour aider les pays en développement. Mais pour RAC-F et le WWF France, elle reste trop vague pour faire avancer les négociations.
L’Union européenne se veut être leader dans la lutte contre le changement climatique. Mais pour le RAC-F et le WWF France, présents à Bonn, au-delà des principes, les propositions concrètes qui permettront de dessiner le futur régime international sur le dérèglement climatique font défaut.
L’accord obtenu à Bali l’année dernière est très clair : les pays en développement sont prêts à agir mais à condition de recevoir un soutien – notamment financier – approprié et pérenne pour réduire leurs émissions et s’adapter aux impacts du changement climatique.
« Les besoins sont estimés à plusieurs dizaines de milliards d’euros chaque année quand les fonds disponibles s’élèvent à quelques millions seulement », explique Morgane Créach du RAC-F « c’est aux pays industrialisés d’y répondre. Pas seulement parce qu’ils sont à l’origine du dérèglement en cours mais aussi parce qu’ils bénéficient d’une capacité supérieure pour répondre au défi des changements climatiques ».
Quand la Chine, le Mexique, la Norvège ou encore la Suisse ont déjà formulé des propositions pour trouver des sources de financement pérennes, l’Europe reste muette. La proposition de la Norvège a notamment retenu l’attention des négociateurs : il s’agit de mettre aux enchères une partie des quotas d’émissions attribués aux Etats industrialisés pour alimenter les fonds.
Lundi dernier, le Président Nicolas Sarkozy et la Chancelière allemande Angela Merkel ont annoncé leur intention d’examiner cette voie, en affectant une « part » du revenu dégagé par la vente des quotas aux industriels européens, qui devrait générer au minimum 40 milliards d’euros par an. Mais les deux chefs d’Etat se sont empressés de rajouter que « les décisions sur les projets à soutenir doivent appartenir aux Etats membres ».
Pour le RAC-F et le WWF France, cette annonce reste bien trop vague. Selon Damien Demailly du WWF-France, « pour débloquer les négociations internationales, l’Europe doit annoncer qu’elle utilisera au moins la moitié du revenu de la vente des quotas pour soutenir les pays en développement. Cette somme doit abonder les fonds existants de l’ONU, et non pas être laissée au bon vouloir des Etats membres : il ne s’agit pas d’un don mais d’un devoir. »
Le WWF France et le RAC-F appellent le Président de la République à amender dans ce sens sa proposition, et à la porter haut et fort auprès de ses homologues européens à l’occasion de sa future Présidence de l’Union européenne. Cela apporterait la première pierre à l’édifice d’un nouvel accord international ambitieux sur le climat.
Contacts :
Morgane Créach RAC-F : +33.6.89.78.44.93
Damien Demailly WWF France : +33.6. 11.42.15.51