Chaque année en France, 42 vêtements par personne sont mis en vente [1] alors que pour respecter l’Accord de Paris, il faudrait abaisser ce chiffre à seulement 5 vêtements par personne et par an [2] . C’est donc trop, mais surtout trop court, avec en moyenne 7 utilisations par vêtement - payé en moyenne le prix dérisoire de 13 euros - avant qu’il finisse à la poubelle ou sur une plage à Madagascar. Ce système appelé surproduction [3] fait partie intégrante des stratégies économiques des leaders de la fast-fashion comme Shein, Zara ou H&M.
Si un tel système est possible, c’est uniquement grâce à des coûts de production extrêmement faibles, dûs à une production délocalisée exploitant de manière systématique les travailleurs et l’environnement [4]. Aussi, 98% des émissions de CO2 issues de l’industrie textile françaises sont importés et proviennent des pays du Sud [5].
La fabrication et l’exploitation des matières premières nécessaires à la production d’un vêtement représente 95% de ses émissions de gaz à effet de serre [6] . En clair, la surproduction est un désastre environnemental et humain auquel il faut mettre fin de toute urgence.
“Face à ce constat, les réponses du gouvernement manquent leur cible, favorisant des mesures concentrées sur la fin de vie des produits et servant de caution verte aux enseignes de la fast-fashion” dénonce Pierre Condamine, chargé de campagne surproduction aux Amis de la Terre France. Or la filière française n’est pas en capacité de gérer les énormes quantités de vêtements usagés collectés : en France, 95 % des textiles collectés en vue de réemploi sont exportés, soit plus de 13 000 tonnes par mois. Une grande majorité de ce textile est exporté dans des pays du Sud - Pakistan, Tunisie, Haïti - où il finit souvent brûlé ou enfoui sans traçabilité. Si le réemploi, la réparation et le recyclage doivent certes être soutenus, cela ne doit se faire que dans un contexte de réduction croissante et importante des quantités de produits mis en marché.
A travers ce dossier, les Amis de la Terre France dressent une liste des solutions à mettre en œuvre pour remettre l’industrie textile sur la bonne voie. Des mesures de réduction et d’encadrement de la production doivent impérativement être adoptées et aller de pair avec de réelles incitations à la relocalisation.
Pierre Condamine conclut : “Il faut mieux et moins produire. Cela passe par un plafonnement des quantités de textile produit mais aussi et surtout par une production plus locale, respectueuse de son environnement et de ses salariés”.