Le violent séisme qui a touché la capitale de Haïti, l’un des plus pauvres pays au monde, aurait fait 45.000 à 50.000 victimes selon de premières estimations de la Croix Rouge ainsi que trois millions de blessés ou de sans-abri. Le chaos règne toujours dans cette ville de 2 millions d’habitants où les scènes de pillages se multiplient. Devant l’ampleur de la catastrophe, de nombreuses organisations comme la Fondation de France, l’UNICEF, Médecins du Monde, la Croix Rouge et Médecins sans Frontières se mobilisent et lancent un appel à la générosité pour venir en aide aux populations les plus vulnérables.
La situation :48 heures après le séisme, toujours l’incertitude
45.000 à 50.000 personnes seraient mortes à Haïti selon le Président de la république, René Préval, vivant malgré l’effondrement de son palais. Hier, mercredi, le Premier ministre haïtien Jean-Max Bellerive disait à la chaîne américaine CNN : « il est difficile d’évaluer précisément le nombre de victimes. Combien de constructions, combien de bâtiments se sont effondrés. Avec les habitants à l’intérieur, je pense qu’on est bien au dessus de 100.000. Tellement de bâtiments, tellement de quartiers ont été totalement détruits, et dans certains quartiers, on ne voit même plus personne, donc je ne sais pas où sont ces gens ». Mais on ignore pour le moment le nombre réel de victimes, les communications étant fortement perturbées dans l’île. Un puissant séisme a frappé le pays mardi soir, à 16 km de Port-au-Prince. La secousse, de magnitude 7, a duré plus d’une minute et a même été ressenti « fortement » par des habitants de l’est de Cuba. Le séisme a été suivi quelques minutes plus tard par une forte réplique d’une magnitude de 5,9, puis d’une autre de magnitude 5,5. L’épicentre du tremblement de terre a été localisé à l’intérieur des terres, à seulement 10 km de profondeur et à 16 km de la capitale. Un géophysicien de l’institut géologique américain à Golden, dans le Colorado, a indiqué qu’un séisme de cette importance n’avait jamais été enregistré à Haïti depuis plus de 200 ans. « Il y a eu deux tremblements de terre majeurs en 1750 et 1771, mais depuis il n’y en a pas eu de cette magnitude », a dit Dale Grant. Selon Médecins Sans Frontières, la situation est « chaotique » dans la capitale. « Je me suis rendu dans cinq centres médicaux dont un grand hôpital et la plupart d’entre eux ne fonctionnaient pas, raconte un témoin. Beaucoup sont détruits et j’ai vu un nombre bouleversant de corps. Des centaines de milliers de personnes ont dormi dans les rues car elles n’ont plus de logement. Nous avons pu voir des fractures ouvertes, des blessures à la tête. Le problème est que nous ne pouvons envoyer les gens se faire soigner correctement à ce stade ». « Il va falloir reloger Port-au-Prince, soit deux millions de personnes », a expliqué mercredi soir l’ambassadeur de France à Haïti, Didier Le Bret, joint au téléphone par France 2. « Je n’ai quasiment pas croisé une maison qui tenait », ajoutant avoir vu des rues « jonchées déjà de cadavres ». Il se dit horrifié par ce qu’il a vu : « on voit des gens apparaître, une jambe, un bras, dans des tas de ferrailles, de béton. C’est épouvantable! ». Et il ajoute que les gens sont tous « dans la rue, ils vont passer la nuit dans la rue et maintenant, certains d’entre eux, avec leur seule bonne volonté, cherchent à retrouver les cadavres sous les décombres. » L’ambassadeur parle d’une quasi-absence de sauveteurs: « Aucun moyen actuellement n’a été mis en oeuvre. Le peu de moyens dont disposait Port-au-Prince, à travers son réseau de pompiers, a été enseveli dès la première secousse ». A l’ambassade, « le plafond s’est effondré. On s’est réfugié sous nos tables. On est sorti avec une ambassade qui était à moitié détruite. J’ai traversé à pied deux quartiers dont un où se trouve la résidence de l’ambassadeur de France qui est totalement détruite ». De nombreux morts et blessés enfouis sous les décombres De nombreuses personnes se retrouvent coincées dans les décombres des immeubles détruits, soit mortes, soit blessées, dans le nord de la capitale, Port-au-Prince. « Mon pays fait face à une catastrophe majeure », a commenté sur CNN l’ambassadeur de Haïti aux Etats-Unis, Raymond Alcide Joseph. La principale prison de la ville s’est effondrée. Des détenus ont pris la fuite. Le secrétaire d’Etat français à la Coopération, Alain Joyandet, déclare que 200 personnes seraient portées disparues sous les décombres d’un grand hôtel de Port-au-Prince, l’hôtel Le Montana, sur les hauteurs de la capitale, non loin du quartier-général de l’ONU. « Une soixantaine de Français sont réfugiés à l’ambassade (de France), touchée par le séisme. La résidence de l’ambassadeur a aussi été touchée par le séisme », précise-t-il. Il y a 1.400 Français recensés en Haïti, dont 1.200 à Port-au-Prince. Une cinquantaine au moins est portée disparue. L’ONU a payé un lourd tribut à la catastrophe. Son siège local s’est effondré. 14 de ses employés (13 casques bleus, dix Brésiliens et trois Jordaniens, ainsi qu’un employé civil haïtien) ont été tués et 150 autres sont portés disparus. Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner dit craindre que toutes les personnes présentes au siège de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) au moment de la secousse ne soient mortes. Parmi elles figure le chef de la mission, le Tunisien Hedi Annabi, dont le décès semble avéré. 56 employés ont par ailleurs été blessés, dont sept gravement qui ont été évacués du pays. L’archevêque de Port-au-Prince, Mgr Serge Miot, est lui aussi décédé lors du tremblement de terre. Le vicaire général, Mgr Charles Benoît, est porté disparu, selon la Missionary international service news agency (Misna). Le chaos règne dans les rues, déjà visible sur le Web Après le tremblement de terre, les gens se sont précipités dans les rues de la ville tandis qu’un nuage de poussière et de fumée s’élevait dans le ciel. Alors que le soleil se couchait sur des scènes de chaos, des habitants de Port-au-Prince, utilisant des lampes torches tentaient de trouver des survivants dans les décombres des immeubles effondrés. De nombreux cadavres jonchent les abords des routes, tandis que des pillards sont à l’œuvre dans un supermarché au nord de Port-au-Prince. Les lignes téléphoniques terrestres et les communications par téléphones portables sont interrompues dans la capitale. Les rares personnes munies de téléphones satellitaires sont les seules à pouvoir communiquer. Cependant, sur le Web, arrivent des vidéos montrant la panique et l’étendue du désastre. Les premiers témoignages arrivent sur Twitter et Facebook. Selon twitter.com, quatre des 10 thèmes les plus discutés actuellement sur le réseau ont trait au tremblement de terre et à ses conséquences humanitaires. Les mots « Port-au-Prince », « Help Haïti » et « Yele », une organisation caritative créée par le musicien haïtien Wyclef Jean, sont parmi les plus utilisés sur le site de micro-blogging précise Reuters. Wyclef Jean a appelé les internautes à envoyer en messages textes le mot « Yele » au numéro 501501. Chaque utilisateur verra alors son compte automatiquement débité de cinq dollars qui seront versés au Fonds Yele pour le séisme en Haïti. La communauté internationale se mobilise Réagissant rapidement à l’annonce de la catastrophe, le président Barack Obama a déclaré que « ses pensées et ses prières » allaient vers le peuple haïtien et a promis de fournir toute l’aide nécessaire. « Nous suivons de près la situation et nous nous tenons prêts à porter assistance aux gens d’Haïti », a-t-il déclaré dans un communiqué. Il promet une intervention « rapide, coordonnée et énergique ». Des équipes commencent arriver sur place dès les prochaines heures, l’aéroport de la capitale ayant été rouvert. Les Etats-Unis « vont fournir une aide civile et militaire aux catastrophes ainsi qu’une assistance humanitaire », a déclaré la secrétaire d’Etat Hillary Clinton. Des forces militaires ont été envoyés, y compris un porte-avions qui va mouiller au large de la capitale. Côté français, 130 sapeurs pompiers ou sauveteurs français et 6 chiens spécialisés auront rejoint Port-au-Prince, frappée par un violent séisme, « au plus tard dans les 24 heures », a annoncé la Sécurité civile ce mercredi. Le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, a annoncé dans un communiqué qu’il allait « y envoyer immédiatement deux détachements d’intervention catastrophe constitués de sapeurs pompiers martiniquais et guadeloupéens et des sapeurs sauveteurs des formations de la Sécurité civile stationnées à Brignoles dans le Var ». Le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, a annoncé que « le FMI se tient prêt à tenir son rôle avec un soutien adéquat dans nos domaines d’expertise. J’ai déjà demandé au personnel d’examiner toutes les possibilités. Nous nous coordonnerons avec les autres agences internationales, et mobiliserons nos moyens d’assistance aussi vite que possible ». La Banque mondiale, dont les bureaux situés dans la banlieue ont été détruits, a annoncé de son côté qu’elle allait dépêcher une équipe à Haïti pour évaluer l’étendue des dégâts et qu’elle commençait à travailler sur des projets de reconstruction. Et elle a indiqué mercredi soir envoyer une aide d’urgence de 100 millions de dollars (69 millions d’euros).Les dernières informations
Nicolas Demorand revenait ce matin sur le séisme qui a touché Haïti et recevait dans le 6h30/10h de France Inter, Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères (08h20 – 14 Janvier 2010)… … et Olivier Bernard de Médecins du Monde et Raoul Peck, réalisateur haïtien, ancien ministre de la Culture de la République d’Haïti (1995/1997).Appel à la générosité : soutenir les missions d’urgence
– Les médias français appellent à la générosité. Radio France et France Télévisions se sont associées à la Fondation de France. Envoyez vos dons à Fondation de France – BP22 – 75008 Paris. Libellez vos chèques au nom de : Fondation de France – Solidarité Haïti, ou cliquez ici pour faire un don sécurisé en ligne dès maintenant. – La Croix-Rouge française : un don pour l’eau et la prise en charge des personnes. Elle a annoncé qu’elle déployait une aide d’urgence. Elle va installer une première unité de traitement d’eau pour 40.000 personnes et ditribuer des produits de premières nécessité (couvertures, tentes, …) pour 20.000 personnes, soit 3.750 familles. Pour faire un don à la Croix Rouge, cliquez ici. – Médecins du Monde : un don pour soigner les victimes : « Nous avons encore de grandes difficultés à joindre par téléphone nos équipes qui a priori, sont saines et sauves » précisait hier Olivier Bernard, président de Médecins du Monde. « Mais la gravité de la situation nous amène à envisager une mission d’urgence de grande envergure pour appuyer nos équipes et nos partenaires sur place ». Anne Urtubia, responsable de la mission long terme de Médecins du Monde à Port-au- Prince, explique la situation sanitaire du pays : « L’hôpital général de Port-au-Prince se situe dans la zone la plus touchée de la ville, proche du palais présidentiel et de la cathédrale qui se sont effondrés. C’est très inquiétant. Car même en temps normal, le service d’urgence est totalement surchargé et a très peu de moyens : c’est à lui que s’adressent les plus démunis dépourvus de couverture maladie quand ils ont un problème de santé. Tous les indicateurs de santé en Haïti sont au rouge : le secteur de la santé est totalement dépendant de l’aide internationale, tant du point de vue financier que pour les ressources humaines. Il y a un déficit criant de professionnels de santé car beaucoup de médecins haïtiens ont émigré vers le Canada ou les Etats-Unis. De ce fait, le personnel de santé est en souffrance, mal payé et en nombre très insuffisant. Moins de 3% des Haïtiens bénéficient d’une couverture maladie, raison pour laquelle notre projet dans la Grande Anse participe au renforcement du système de santé en soutenant la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans. » Faire un don en ligne à Médecins du Monde – Pour envoyer un don, Médecins du Monde a ouvert une boite postale : Médecins du Monde – Urgence Haïti – BP 100 – 75018 Paris. – Unicef : un don pour les services de base : L’Unicef, comme les agences des Nations unies et d’autres organisations humanitaires se déploient sur le terrain pour évaluer les besoins et apporter du secours. Haïti a besoin de matériel médical et les blessés doivent être évacués. Les populations ont également besoin d’eau potable. En coordination avec toutes les autres agences de l’ONU présentes sur place, l’Unicef va fournir une aide pour permettre l’accès à l’eau potable, à des installations sanitaires et des soins de santé de base. Les conséquences de cette catastrophe naturelle vont être foudroyantes pour Haïti. Le pays tente toujours de se remettre de la forte saison d’ouragans qui l’a touché en 2008. Haïti est le second pays le plus densément peuplé dans l’hémisphère ouest. Quatre enfants sur 10 vivent dans des habitations aux sols en terre battue ou dans des conditions très précaires, avec plus de 5 personnes par pièce. Environ 46% de la population a moins de 18 ans. Faire un don sécurisé par internet ou par chèque : Unicef, Urgence Haïti, BP 600, 75006 Paris. – Action contre la faim: un don pour l’eau et la nourriture. L’équipe d’urgence d’Action contre la faim ainsi qu’un premier envoi de matériel, notamment en termes d’eau, d’assainissement et d’aide alimentaire, partent renforcer les équipes sur place. Un nouveau fret est prévu pour acheminer sur place le matériel nécessaire en fonction des premières évaluations à Haïti. On peut faire un don sur le site ou par courrier dans une enveloppe sans l’affranchir à: ACF-Urgence Haïti, Libre réponse 64 731 – 75 681 Paris Cedex. – Médecins Sans Frontières : un don pour aider les victimes. Après le tremblement de terre qui a frappé Port-au-Prince, les équipes fournissent les premiers soins sous tentes à des centaines de blessés, les structures médicales de MSF n’ayant pas été épargnées par le séisme. Faire un don sécurisé par internet. – Timbre solidaire : La Poste va éditer dans les prochains jours un timbre en solidarité avec les victimes du séisme en Haïti. Ce timbre sera vendu 1 euro, un prix qui intègre un don de 44 centimes à la Croix-Rouge.