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Un courant de pensée influent mais peu organisé

La décroissance, une idée qui chemine sous la récession

Par Eric Dupin | Le Monde diplomatique | Août 2009

Dans son édition d’août 2009, Le Monde Diplomatique se penche sur la mouvance de la décroissance. « Le journaliste Eric Dupin y dresse un panorama fidèle des questions, idées, débats, qui traversent la décroissance et l’antiproductivisme en France. Très loin des sottises ou caricatures auxquelles se livrent ordinairement les médias dominants. » estiment les Casseurs de Pub partisans de la décroissance.

La décroissance, une idée qui chemine sous la récession

Avec la crise écologique s’impose peu à peu la nécessité de définir le progrès humain autrement que par le productivisme et la confiance aveugle dans l’avancée des sciences et des techniques. En France, les penseurs et militants de la décroissance, qui prônent un mode de vie plus simple et plus riche de sens, voient ainsi croître leur audience, tant auprès des partis de la gauche antilibérale que parmi le grand public. Ils représentent pourtant des sensibilités politiques et philosophiques très diverses. Il fallait voir l’air interloqué de M. François Fillon. Ce 14 octobre 2008, M. Yves Cochet défendait les thèses de la décroissance du haut de la tribune de l’Assemblée nationale. Diagnostiquant une « crise anthropologique », le député Vert de Paris affirmait, sous les exclamations de la droite, que « la recherche de la croissance est désormais antiéconomique, antisociale et antiécologique ». Son appel à une « société de sobriété » n’avait guère de chances d’emporter l’adhésion de l’hémicycle. Toutefois, l’idée provocatrice de « décroissance » avait forcé les portes du débat public. La récession est passée par là. Bien sûr, la décroissance « n’a rien à voir avec l’inverse arithmétique de la croissance », comme le souligne M. Cochet , le seul homme politique français d’envergure à défendre cette idée. La mise en examen de la croissance apparaît toutefois comme une conséquence logique de la double crise économique et écologique qui secoue la planète. Les penseurs de la décroissance sont subitement écoutés d’une oreille plus attentive. « Je suis beaucoup plus sollicité », se réjouit Serge Latouche, l’un de ses pionniers. « Les salles sont pleines dans nos débats », lui fait écho Paul Ariès, un autre intellectuel de référence de ce courant de pensée. Le mot même de « décroissance » est de plus en plus repris, bien au-delà des cercles restreints de l’écologie radicale. « Au moment où les adeptes de la décroissance voient leur argumentaire conforté par la réalité, y a-t-il une alternative entre la décroissance subie ou non dite, comme l’est la récession actuelle, et la décroissance conduite ? », s’interrogeait, pendant la campagne européenne, Nicolas Hulot, pourtant régulièrement qualifié d’« écotartuffe » par les objecteurs de croissance. Soutien d’Europe Ecologie, l’animateur avouait douter de la « croissance verte » et envisageait plutôt une « croissance sélective doublée d’une décroissance choisie ». « Seule la décroissance sauvera la planète », lâcha même le photographe Yann Arthus-Bertrand, dont le film Home, au demeurant largement financé par le groupe de luxe (…) Retrouvez la version intégrale de cet article dans Le Monde diplomatique actuellement en kiosques. Eric Dupin.

Vers une internationale ?

Difficile de cartographier le mouvement de la décroissance à l’échelle mondiale : non seulement l’étiquette est revendiquée, comme en France, par des courants de pensée très divers, mais des pratiques qui lui correspondent dans les faits peuvent aussi se dissimuler sous d’autres appellations. Pour Paul Ariès, politologue et écrivain, la décroissance passerait par la conjonction de trois dimensions, chacune étant nécessaire mais, à elle seule, insuffisante : l’adoption, sur le plan individuel, d’un « art de vivre » en marge de la société de consommation, une expérimentation collective et une action politique. Si quelques groupes ont abouti à la création de partis politiques en Espagne, en Italie, en Belgique ou en Hongrie, de nombreux réseaux à travers le monde s’en tiennent pour l’instant aux deux premiers aspects : l’heure y est surtout à l’information et à la sensibilisation du public. Ainsi, le Réseau objection de croissance (ROC) suisse, par le biais de « cafés-décroissance », de rencontres-débats, ou par l’organisation d’une Journée sans achats à Genève, essaime les idées de la décroissance en Suisse romande et alerte le public sur les dangers de la surconsommation. De la même manière, l’Association d’objecteurs de croissance (ADOC) belge a organisé en février 2009 à Bruxelles une journée de réflexion qui a réuni plus de huit cents personnes. Outre-Atlantique, l’aspect individuel prédomine, à travers la simplicité volontaire. Né en 1981 avec la (…) Retrouvez la version intégrale de cet article dans Le Monde diplomatique actuellement en kiosques. Valentin Morel.

 

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