Pendant que le géant asiatique mène son économie à un train d’enfer, ses paysans meurent sous les effets de pollutions démentielles. Le correspondant à Pékin de l’hebdomadaire Marianne, Luc Richard, nous dresse le portrait d’une situation chaotique.
Rappelez-vous, c’était déjà en Chine en novembre 2005. Des tonnes de benzène avaient été déversées « par erreur » dans la rivière Songhua entraînant le déplacement de plusieurs millions de personnes. Depuis rien n’a changé. On dénombre officiellement plusieurs dizaines « d’accidents industriels » chaque année. On apprend ainsi que dans certains villages, 40 % des habitants sont malades, et de 70 % à 80 % des malades sont cancéreux. Pourquoi ? Parce qu’ils boivent l’eau de puits contaminés en profondeur par les métaux lourds et les agents chimiques déversés dans les rivières sans traitement par les usines avoisinantes. Manganèse, mercure, soufre et acide sulfurique sont ainsi accumulés dans les nappes phréatiques… Par exemple, dans le village de Dongliying, dans la Province du Henan, les « écoliers assistent parfois à leurs cours avec des masques et des lunettes de soleil pour se protéger des émanations d’une rivière proche, pestilentielles et ammoniaquées, qui irritent les bronches et rougissent les yeux. » Cet exemple est emblématique de la gravité de la dégradation environnementale : « Il existe des centaines de situations similaires dans tout le pays. Selon les autorités chinoises, les eaux souterraines sont impropres à la consommation pour un tiers de la population rurale, soit 300 millions de personnes ! » Mais comme le souligne Luc Richard, « le problème, pour le consommateur occidental qui souhaite avant tout continuer à remplir son chariot en toute quiétude, c’est que l’internationalisation des catastrophes commence à le menacer lui aussi. » Les émissions de gaz liés au réchauffement climatique sont les plus graves. Mais il y en a d’autres… Les pluies acides qui intoxiqueraient la production agricole d’un tiers des fermes du pays, déborderaient largement les frontières de la Chine… Des nuages remplis de pollution industrielle qui envahirait régulièrement le Japon, la Corée ou même encore la Côte Ouest des Etats-Unis… La boulimie chinoise de matières premières commence également à provoquer des désastres écologiques partout dans le monde. Par exemple, l’importation massive de bois entraîne la disparition de millions d’hectares de forêts en Sibérie, en Océanie et en Afrique. Mais, il faut savoir que 70% des meubles fabriqués en Chine sont destinés à l’exportation, surtout vers l’Occident. Nous sommes donc co-responsables de cette situation catastrophique décrite dans ce reportage que vous retrouverez dans le numéro 507 de Marianne daté du 6 au 12 janvier 2007. Acheter toujours moins cher des produits Made In China provoque une lourde facture…sociale, économique et environnementale. Sociale : nous préférons oublier que ce sont des jeunes paysannes qui fabriquent pendant soixante-dix heures par semaine les jouets de nos enfants pour un salaire de 80 € par mois. Economique : en achetant ces produits nous entraînons la fermeture de nos usines qui délocalisent leur production. Oui, acheter toujours moins cher, créer du chômage (plus de quatre millions de chômeurs selon Marianne), détruit notre économie et appauvrit notre Etat. Environnementale : On vit tous sur la même planète. La pollution et la déforestation provoqueront des catastrophes dont nous subirons tous les répercussions : réchauffement climatique, pollution de nos cultures, développement des cancers… Tout se paye un jour… « alors soyons lucides dans nos achats ».