En pleine crise agricole, la 2ème édition du Sommet, organisé à Bordeaux par l’association agroécologique de Carbouey, met en lumière des solutions concrètes mises en place par quelques exploitations assurant une certaine résilience face aux aléas climatiques, tout en réduisant l’impact des intrants et du matériel dont les coûts se sont envolés ces dernières années. 10 heures de vidéos sont disponibles pour revivre les temps forts des échanges.
L’agroécologie, qu’est-ce que c’est ?
L’association nous rappelle que l’agroécologie s’appuie sur 5 principes définis par Miguel Altieri
- l’optimisation des flux de nutriments et le recyclage de la biomasse ;
- la gestion de la matière organique du sol et la stimulation de son activité biotique ;
- la minimisation des pertes en termes d’énergie solaire, d’eau et d’air par une gestion microclimatique et par une protection du sol ;
- la diversification des espèces et des variétés génétiques cultivées dans le temps et dans l’espace ;
- enfin, l’accroissement des interactions et des synergies biologiquement bénéfiques entre les cultures et avec ce qui les environne, l’ensemble devenant un agroécosystème.
L’agroécologie est entendue en premier lieu comme l’approche agronomique des sols pour remettre les cultures, dont la vigne, dans leur contexte écologique. Il en résulte une agriculture sans pesticides (chimiques ou de synthèse) ou avec peu de pesticides (naturels à base de tisanes ou autres purins).
L’agroécologie n’écarte aucun procédés (agroforesterie, permaculture…) pour remettre les cultures dans leur contexte écologique et se conçoit comme une approche globale au service du bien commun.
Concrètement, cela signifie partager avec le sol la matière produite par le biais de la photosynthèse, remettre des arbres dans les agrosystèmes, réactiver la vie du sol et le préserver, notamment par des couverts végétaux et par une limitation voire un arrêt du travail du sol,…
Le Sommet Agroécologie Bordeaux
refaire de l’agriculture ce qu’elle est,
un outil multifonctionnel qui peut tout : nourrir l’homme et préserver le vivant tout autant.
Le Sommet Agroécologie Bordeaux vise à éveiller les consciences, partager les savoirs et les pratiques vertueuses de l’agroécologie, en faisant intervenir des scientifiques et des praticiens de terrain.
Conscients qu’il n’existe pas un modèle unique de transition agroécologique, les organisateurs proposent des éléments de réflexion et des pistes de solution, pour refaire de l’agriculture ce qu’elle est : un outil multifonctionnel qui peut tout : nourrir l’homme et préserver le vivant tout autant. Cet événement marque aussi la volonté des acteurs de l’agroécologie de voir leurs pratiques valorisées et prises en considération dans les politiques publiques.
Replay du Sommet Agroécologie Bordeaux 2024
Les clés de l’agroécologie : flux, partage et équilibre
Les discours actuels encouragent « le stockage de carbone dans les sols et sous-sol » comme le « stockage » de l’eau pour l’irrigation et opposent les plantes cultivées aux « mauvaises herbes » ou la faune auxiliaire aux « parasites ». Or tous ces éléments font partie d’un système dynamique !
Comprendre les cycles, accompagner les flux : une voie pour (se) ressourcer et permettre une agriculture nourricière.
Ainsi, les études montrent la nécessité de réaugmenter les réserves (eau et éléments nutritifs, organiques et minéraux) ; elles confirment que ça n’est possible qu’en intégrant les différentes échelles temporelles et spatiales dans ce fonctionnement dynamique. Cette dynamique des flux va du microscopique au paysage, de la saison au demi-siècle. Un constat qui amène un certain nombre de questions que le Sommet a exploré :
- A la réserve intrinsèque au sol, mobilisable naturellement via des processus physiques, chimiques et biologiques, il est toujours possible d’apporter des amendements organiques et minéraux et de l’eau. Ceci est-il nécessaire au regard des apports naturels liés au fonctionnement des écosystèmes, sans risquer un déséquilibre ?
- Les « mauvaises herbes » sont-elles réellement en concurrence avec les cultures ou participent-elles, avec les organismes du sol, à rendre à nouveau mobilisables les éléments, à réguler la température et l’humidité, à retrouver un équilibre plus durable ? A l’opposé, certaines interventions, physiques, chimiques ou biologiques n’auraient-elles pas pour conséquence de bloquer les flux ?
Il y a donc tout intérêt à basculer dans une vision dynamique du fonctionnement des systèmes (sols, plantes, paysages) et à comprendre l’interdépendance des stocks et flux.
L’objectif de ce Sommet est de donner des clefs pour que les acteurs du changement puissent comprendre les cycles, accompagner les flux et ouvrir une voie pour permettre une agriculture nourricière.
Un projet de Tiers-lieu et pôle d’activités éco-responsable et solidaire
Pôle d’excellence dédié à l’agroécologie, à la création d’espaces partagés, et à la mise en œuvre de solutions de bioéconomie, l’objectif du Carbouey est de mettre en œuvre un modèle innovant et structurant en territoire rural, basé sur l’agroécologie et mettant en œuvre des solutions de bioéconomie.
La Ferme lab de Carbouey, ci-dessous, a été labellisée FABRIQUE DE TERRITOIRE par l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires.
A propos de l’association agroécologique de Carbouey
Constituée en 2020 par 16 membres fondateurs venant d’horizons divers : viticulteurs, maraîchers, paysans boulangers, avocat, architecte, comptable, journaliste. Elle a pour objet la diffusion, la communication, la vulgarisation, l’aide à la mise en œuvre des savoirs en agroécologie à destination de tous publics et en particulier, des jeunes agriculteurs et des agriculteurs qui veulent faire évoluer leurs pratiques.
L’association est née du triple constat fait par des praticiens de l’agriculture :
- » de l’efficience des procédés déployés en agroécologie,
- » de l’urgence de la nécessité de la transition écologique de l’agriculture française,
- » du besoin d’accompagnement des porteurs de projet agricole.