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Vers une révolution dans la lutte contre le surpoids et l’obésité ?

Découverte en 1987, la forme active de la molécule GLP-1 s’affiche en Une de nombreux magazines ces derniers mois. Remède miracle contre l’obésité, contre le diabète et autres maladies, elle pourrait changer la donne dans la lutte contre la surcharge pondérale. À condition surtout d’intégrer l’approche médicamenteuse à une approche plus holistique de changement intensif du mode de vie !

« Est-ce que nous aurions soudainement vendu notre âme à « Big Pharma » ?, se questionne le rédacteur en chef du mensuel Science & Avenir, Mathieu Nowak, dans son édito de septembre dernier. En aucun cas, rassurez-vous ! Mais depuis des mois, nous observons qu’il se passe quelque chose autour d’une classe de médicaments encore mal connue en France, des antidiabétiques analogues du GLP-1. Les études se multiplient à un rythme inhabituel, les premiers acteurs explosent en Bourse tandis que d’autres se positionnent, des ruptures d’approvisionnement trahissent une demande croissante des patients. » La nouvelle fait en effet la Une des journaux et s’affiche sur tous les murs des grandes villes. La classe des molécules agonistes des récepteurs au GLP-1, déjà utilisée contre le diabète de type 2, serait également efficace contre l’obésité, mais aussi contre les maladies de Parkinson et d’Alzheimer, les troubles cardiaques, les maladies dégénératives… voire certains cancers. La révolution semble bel et bien arrivée.

Des médicaments miracles bientôt disponibles ?

De nombreux laboratoires sont dans les starting-blocks, pour ce qui s’annonce être le marché du siècle. Rien qu’en France, 17% de la population serait en situation d’obésité, condition dont la prévalence aurait même doublé depuis 1997. Avec les problèmes de santé publique – et de charge financière sur les comptes publics de la Sécurité Sociale – que cela engendre. Face à cette épidémie, les plus grands noms de l’industrie pharmaceutique sont sur les rangs pour produire des médicaments miracles. Les Américains d’Eli Lilly avec le Zepbound ou encore les Danois de Novo Nordisk avec le Wegovy commencent à commercialiser de nouveaux pays en Europe et dans le monde à l’image de la France où il est possible de se procurer, dans le cadre d’un parcours de soins, le Wegovy depuis quelques jours. De manière générale, les autorités se montrent forcément très prudentes, en particulier en Europe, suite à l’échec et au retrait du médicament anti-obésité Accomplia du laboratoire français Sanofi il y a 15 ans.

Dans les pays de l’Union Européenne comme aux États-Unis ou au Royaume-Uni, les autorités sanitaires veulent donc se donner le temps de la réflexion. À la tête du Centre de recherche sur l’obésité de l’Université de Londres et vice-présidente en charge des affaires médicales internationales chez Lilly International, la Pr. Rachel Batterham a codirigé une large étude dans 16 pays, sur près de 2000 patients. Les résultats sont très encourageants et représentent une avancée plus que significative de la prise en charge de l’obésité : « Les trois quarts des personnes ayant reçu du sémaglutide 2,4 mg [ndla : un agoniste du récepteur au GLP-1 commercialisé par Novo Nordisk sous le nom de Wegovy] ont perdu plus de 10% de leur poids corporel et plus d’un tiers ont perdu plus de 20%. Aucun autre médicament n’a réussi à produire un tel niveau de perte de poids – c’est vraiment une révolution. Pour la première fois, les gens peuvent obtenir grâce aux médicaments ce qui n’était possible que grâce à la chirurgie bariatrique. » En France, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et son comité scientifique font montre de prudence et se sont donnés jusqu’en juin 2025 pour établir le cadre de la prescription du médicament. Les industriels, eux, y croient dur comme fer. Pour preuve, l’inauguration en grande pompe d’une usine à Fegersheim en Alsace l’an dernier, par le ministre délégué à l’Industrie Roland Lescure, aux côtés de Marcel Lechanteur, président de Lilly France.

Médicaments et suivi thérapeutique

Il est essentiel de rappeler que les règles de prescription de ces médicaments sont très précises : ils ne sont indiqués qu’en deuxième intention, après l’échec d’une prise en charge multifactorielle basée notamment sur l’application des règles hygiénodiététiques simples (contrôle des apports alimentaires et lutte contre la sédentarité) et en association à un régime hypocalorique et à une activité physique. Si Saxenda s’adresse également aux personnes en surpoids si elles sont atteintes de comorbidités (maladie cardiovasculaire, syndrome d’apnée du sommeil, diabète…), Wegovy est réservé au traitement de l’obésité sévère et ne peut donc être prescrit qu’aux patients ayant un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 35 kg/m2.

Ainsi, il n’y aura de véritable révolution que lorsque la surcharge pondérale et l’obésité seront prises en charge de manière globale, à la fois grâce à ces médicaments nouvelle génération et grâce à une prise en charge nutritionnelle et psycho-comportementale des patients. « L’obésité est une maladie chronique qui a de graves répercussions sur la vie des gens, ajoute la Pr. Rachel Batterham de l’Université de Londres. Mais les gens ne sont pas diagnostiqués, ne sont pas orientés vers des services spécialisés, et ne reçoivent pas les soins dont ils ont besoin. Il n’y a pas assez d’attention politique ni de recherche sur l’obésité. » Diagnostic, orientation et soins : prendre un médicament, même aux propriétés miraculeuses, sans accompagnement intensif, ne sera probablement jamais suffisant pour obtenir de réels bénéfices à long terme. Les deux sont complémentaires.

Il est donc urgent de proposer une solution globale à ces patients, parfois confrontés aux conséquences dramatiques de leur surcharge pondérale. En effet, surpoids et obésité sont souvent synonymes de diabète de type 2, de MASH (Metabolic dysfunction-Associated SteatoHepatitis), de cholestérol, de maladies cardio-vasculaires et respiratoires, ou d’hypertension artérielle. La liste est longue. Heureusement, parallèlement au parcours de santé classique et surtout en complément de ces nouveaux médicaments anti-obésité, existent des centres spécialisés dans la perte de poids, seule solution de prise en charge efficace de la surcharge pondérale et de ses comorbidités pour ceux qui ne veulent pas prendre de médicaments à vie ni passer par la chirurgie. Un des acteurs incontournables dans ce domaine est réseau de centres RNPC dont l’approche pluridisciplinaire – entre médecins et diététiciens – donne des résultats très probants. « Le programme RNPC, en permettant une perte de poids, principalement au niveau abdominal, et une stabilisation pondérale à long terme, résout pratiquement toutes les problématiques de santé liées à la surcharge pondérale, constate le Pr. Arne Astrup, Vice-Président Senior et responsable du département « Obésité et Sciences Nutritionnelles » de la Fondation Novo Nordisk et expert de renommée internationale dans la lutte contre l’obésité et le surpoids. En agissant sur la cause des comorbidités associées au surpoids et à l’obésité, il permet d’éviter l’apparition, le développement et l’aggravation de ces comorbidités. C’est pourquoi, des structures comme les centres RNPC sont des partenaires inestimables dans la lutte contre la surcharge pondérale et l’obésité. » À eux seuls, les 120 centres RNPC en France ont déjà accompagné plus de 120000 patients dans la résolution de leurs troubles en lien avec leur surcharge pondérale.

Si les médicaments – actuels ou ceux qui seront mis sur le marché dans les deux années à venir – ont leur place dans la pris en charge de l’obésité sévère, l’accompagnement diététique et psychocomportemental reste incontournable pour adopter de bonnes habitudes alimentaires et maintenir un poids santé.

Rester prudent

Le sujet est très sérieux. Même le prestigieux quotidien Le Monde y est allé de son titre « Les traitements de l’obésité vivent une révolution ». Mais en février dernier, la Haute autorité de santé (HAS), par la voix du Pr Pierre-Louis Druais, pointait du doigt les difficultés rencontrées dans la prise en charge de l’obésité qu’il qualifiait de « maladie complexe, avec des aspects médicaux, psychologiques et sociaux ». Selon la HAS, sa prise en charge doit être la responsabilité du médecin traitant « en moyenne sur plus de dix ans de suivi », voire à vie. « Le médicament n’est pas une finalité dans la prise en charge de l’obésité, c’est un moyen, un outil », rappelait la HAS. Attention donc aux effets d’annonce et aux effets de mode à venir sur les réseaux sociaux : la prudence doit rester de mise.

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