« La meilleure énergie reste celle que nous ne consommons pas. »
Pendant longtemps, cette conviction était seulement partagée par une poignée d’écologistes. Mais depuis, la guerre en Ukraine a bousculé les équilibres et la sobriété, longtemps snobée, a désormais le vent en poupe.
À tel point que TotalEnergies, EDF et Engie appellent désormais les Français à consommer moins d’énergie, militant pour une « prise de conscience » et « une action collective et individuelle« .
Reste à savoir quels types d’énergies renouvelables nous devons développer. Le solaire ? La géothermie ? L’hydraulique ? L’éolien ? La biomasse ?
Dans son dossier « Quelles énergies pour demain ?« , publié dans son numéro de septembre-octobre, Kaizen magazine explore les solutions pour conjuguer sobriété et indépendance.
Dans ce numéro, Kaizen met en lumière des solutions et initiatives pour sortir, en France, des énergies fossiles et nucléaires, limiter les émissions de GES et devenir indépendants d’un point de vue énergétique.
« La meilleure énergie reste celle que nous ne consommons pas. Nous devons, collectivement, agir sur la demande en énergie en réduisant notre consommation […] » Qui aurait pu croire que cette injonction émane un jour des dirigeants d’Engie, EDF, TotalEnergies ? Pourtant ce sont bien Catherine MacGregor, Jean-Bernard Lévy, Patrick Pouyanné qui ont rédigé cette tribune pour Le Journal du Dimanche en juin 2022[[ [« Le prix de l’énergie menace notre cohésion », par les patrons d’Engie, EDF et TotalEnergies, Le Journal du Dimanche, 25 et 26 juin 2022 disponible en ligne].]] ! On pourrait leur mettre le nez dans leur flaque de pétrole, de gaz ou d’uranium et leur rappeler plusieurs choses. Que bon nombre de Français·es sont confrontés quotidiennement à la flambée du prix de toutes les énergies et qu’ils réduisent de fait leurs consommations. Que certains se sont privés de vacances, et qu’il est inutile de les culpabiliser davantage. On pourrait aussi inviter ce triumvirat à montrer l’exemple : avec une rémunération de près de 6 millions d’euros en 2021, en hausse de 52 % par rapport à 2020, Patrick Pouyanné n’est pas un modèle de sobriété ! Et les inciter à un peu plus de cohérence : le gouvernement d’Ouganda a validé le projet pétrolier de TotalEnergies en Afrique de l’Est ; ainsi, l’oléoduc EACOP qui traversera seize aires naturelles protégées émet- tra 33 millions de tonnes de CO2. Bref, soyons lucides : cette injonction est d’abord une défense de leurs intérêts.
UN TOURNANT, UNE CHANCE
Cependant cette tribune marque un tournant dans le débat public. D’autant qu’elle intervient quelques semaines après une déclaration similaire du ministre Bruno Le Maire, appelant tous les Français à « faire un effort » sur leur consommation de chauffage. Ce qu’a rappelé Emmanuel Macron le 14 juillet. Ce qui était perçu comme une utopie radicale est devenu souhaitable pour les décideurs. Ne soyons pas dupes : ce changement de ton est la conséquence de la guerre en Ukraine ; aucun d’eux n’a connu une épiphanie écologique. Pour preuve, la loi sur le pouvoir d’achat votée cet été ouvre la voie à la réouverture de la centrale à charbon de Saint-Avold et à l’importation de gaz de schiste. En un vote, le gouvernement réussit à montrer sa double incohérence. On pourrait affiner, mais qui dit sobriété dit moins consommer. Rude ? Peut-être, mais basique. Est-ce si gênant ? Homo sapiens n’est pas né avec une carte bleue dans sa peau de mammouth, il a besoin d’être heureux, de satisfaire ses besoins essentiels, pas d’augmenter son pouvoir d’achat ! Encore moins en utilisant du charbon vieux de 350 millions d’années, une des énergies fossiles les plus polluantes. Il eût été plus cohérent d’interdire l’usage dans les lieux publics de tous les panneaux publicitaires qui nous incitent à consommer, c’est-à-dire à ne pas être sobres ! Sortir du dogme de la croissance, c’est nous auto- riser à réduire notre dépendance aux énergies fossiles et préserver l’habitabilité sur Terre. C’est aussi une chance, comme le rappelle le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres : « Les énergies renouvelables sont les garantes de la paix au XXIe siècle. » Elles permettent à la fois de lutter contre le dérèglement climatique et de garantir une stabilité géopolitique.
Au sommaire de ce dossier :
- « La sobriété consiste à permettre à chacun de consommer mieux et moins »
Propos recueilis par Pascal Greboval L’association négaWatt regroupe des professionnels de l’énergie et des citoyens. Fondée en 2001, elle appuie sa démarche sur la sobriété, l’efficacité énergétique et le recours aux énergies renouvelables. Fin 2021, elle a publié la cinquième version de son scénario qui détaille une transition énergétique décarbonée à l’horizon 2050. Yves Marignac est l’un de ses porte-parole.
- Les énergies renouvelables aujourd’hui
Texte : Sabah Rahmani Inépuisables si elles sont gérées durablement, les énergies renouvelables permettent de produire « gratuitement » de l’électricité ou de la chaleur. Parce que leur utilisation engendre peu de déchets et d’émissions polluantes, elles offrent nombre de solutions pour se passer des énergies fossiles et nucléaire. Pour autant, leur impact sur l’environnement n’est jamais neutre non plus, notamment dans la phase de fabrication et de recylage. Le point sur les énergies renouvelables : énergie solaire, énergie éolienne, énergie hydraulique, biomasse, géothermie
- Consommation et production d’énergie en France
Il est quasi admis que nous devons réduire notre consommation d’énergie. Mais aujourd’hui, combien en consommons-nous ? Et comment est-elle produite ?
- Voiture(s) du futur : Pourra-t-on rouler au vert ?
Texte : Alicia Blancher Les transports représentent un quart des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’Union européenne, dont 54 % sont imputables à la voiture individuelle. Pour remédier à cette dépendance aux énergies fossiles et aux pollutions engendrées, l’UE va interdire la vente des véhicules neufs thermiques en 2035. Une solution qui décarbonera en partie nos déplacements, mais qui élude d’autres leviers primordiaux pour « verdir » notre mobilité à quatre roues, comme la sobriété.
- Les parcs citoyens peuvent-ils booster la transition ?
Texte : Nolwenn Weiler Les parcs citoyens représentent pour le moment une toute petite partie de la production totale d’énergies renouvelables, mais ils impulsent des dynamiques collectives salutaires pour les territoires ruraux.
- Transition énergétique : Les territoires à la rescousse ?
Texte : Nolwenn Weiler Partout en France, des collectivités s’organisent pour faire leur transition énergétique. Plusieurs prévoient même de produire l’intégralité de l’énergie qu’elles consomment d’ici 2050, voire plus.– Découvrir le numéro de septembre 2022 de KAIZEN
A propos de KAIZEN
L’humanité vit des heures décisives : dérèglements climatiques, épuisement des terres arables, disparition en masse des espèces et pollutions généralisées, crises économiques, sociales, sanitaires et financières. Et plus grave encore : abandon de l’être humain. Face à ce constat nous aurions toutes les raisons du monde de désespérer et pourtant, silencieusement, un nouveau paradigme voit le jour : intelligent, sobre, mettant au premier rang de ses priorités l’épanouissement de la Vie sur notre planète. C’est à ce monde que Kaizen choisit de donner la parole, à ces personnes qui portent les (r)évolutions que nous attendons, courageusement, à ces initiatives pionnières qui, par leur simplicité et leur bon sens, nous offrent de nouveaux horizons, de véritables raisons de croire en l’avenir. Plus que tout, nous croyons qu’il ne peut y avoir de réelle métamorphose de nos sociétés sans un profond changement de ceux qui la constituent : NOUS. Kaizen est un média entièrement indépendant, appartenant à ses abonné.es, et pratiquant un journalisme d’impact et de solutions à la ligne éditoriale 100% positive ! L’objectif du magazine est ainsi de nourrir la créativité, la résilience et l’autonomie, plutôt que la peur, le repli et l’immobilisme, en mettant en avant des initiatives, projets et alternatives, sur des sujets divers et variés, qui proposent d’autres modèles pour repenser et faire évoluer nos sociétés.