L’Association Agir pour l’environnement organise le samedi 1er octobre prochain la troisième édition du Jour de la Nuit. Cet évènement grand public national, renouvelé pour la troisième fois, a pour vocation de sensibiliser les citoyens aux conséquences de la pollution lumineuse en les invitant à participer à des manifestations locales. L’objectif de ce Jour de la Nuit est donc de toucher largement élus locaux, acteurs économiques et l’ensemble des habitants à l’importance d’une nuit noire, garante d’écosystèmes nocturnes préservés.
Associations et collectivités se mobilisent pour proposer des animations de découverte de notre environnement nocturne et éteindre les éclairages publics L’association Agir pour l’Environnement coordonne la manifestation, avec le soutien d’un collectif de 20 structures . Gratuites et ouvertes à tous, les animations mises en place par les participants promeuvent le respect de l’environnement à travers l’observation de la biodiversité nocturne et du ciel étoilé. Plus de 340 animations sont recensées partout en France et en Outre-mer pour cette 3ème édition. Au programme : balades nocturnes, soirées d’observation astronomique, contes, conférences. Les économies énergétiques et budgétaires des communes sont aussi à l’honneur avec la participation de collectivités qui éteindront tout ou partie des lumières publiques Ainsi, Lille, Lorient, Martigues, Caen ou Paris se sont engagées à réaliser des extinctions de leurs éclairages. Vous retrouverez l’ensemble de ces actions sur notre carte d’animations : www.jourdelanuit.fr. Le jour de la Nuit ainsi que toutes les actions de sensibilisation ont permis de placer l’éclairage public comme un enjeu majeur d’amélioration des finances locales, en plus de l’enjeu environnemental qu’il représente La prise de conscience du réchauffement climatique et l’incertitude forte sur l’évolution des prix des énergies doivent inciter les élus communaux à « repenser » leurs installations d’éclairage public. Les dépenses qui sont liées sont souvent mal évaluées par les communes et pèsent cependant fortement dans leur budget de fonctionnement : l’éclairage public représente en effet 50% en moyenne de leur consommation en électricité. Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), 40% des luminaires sont obsolètes et une simple modernisation du parc permettrait d’économiser 20% d’énergie. Un éclairage mieux pensé, mieux réparti et réduit au strict minimum permettrait de contribuer aux réductions de coûts. A titre d’exemple, Tramayes (Saône et Loire) est une de ces communes qui a pris l’initiative en la matière, faisant le choix de moderniser son éclairage (mise en place d’horloges astronomiques pour régler l’éclairage) et d’éteindre une partie de la nuit. Une économie de 1000€ a été constatée dès la première année. L’économie énergétique réalisée est de 33% soit 32 000 kWh. Cette année, à l’occasion du Jour de la nuit la commune annoncera la mise en place de nouveaux horaires d’extinction (période hivernale, période estivale) qui vont être appliqués à Tramayes. Inscrit dans le cadre de l’ « Année Internationale des forêts » et de l’ « Année Internationale des chauves-souris », le troisième Jour de la Nuit met cette année la préservation des forêts et des chiroptères à l’honneur. Sans doute peu connues pour être des animaux nocturnes, les chauves-souris restent dans l’inconscient collectif assez impopulaire. Ces petits mammifères, inoffensifs pour l’homme sont un maillon indispensable dans un grand nombre d’écosystèmes. Certaines espèces de chiroptères sont pourtant directement menacées d’extinction du fait de la présence d’éclairages artificiels nocturnes. A l’occasion du Jour de la Nuit, de nombreuses animations et activités seront proposées au grand public partout en France. Pour consultez la carte des animations et des villes participantes, cliquez ici.Pour une reconnaissance de la pollution lumineuse
L’augmentation de l’éclairage artificiel fait disparaître la nuit noire. En participant au Jour de la Nuit, les organisateurs reconnaissent qu’il est important de prendre en compte et sensibiliser aux conséquences de la pollution lumineuse et d’en réduire les impacts. Pollution lumineuse : la nuit en voie de disparition Depuis quelques années, la nuit est confrontée à la montée d’une pollution lumineuse issue d’une généralisation de l’éclairage nocturne. En dix ans, le nombre de points lumineux a augmenté de 35 % en France et s’élève à plus de 8,7 millions de points. Le plus souvent, les systèmes d’éclairage sont mal conçus et renvoient la lumière vers le ciel, en France les villes et les villages sont suréclairées… Mais les effets de l’éclairage nocturne sont insidieux : il provoque la disparition du ciel étoilé, trouble fortement les écosystèmes et représente un gâchis énergétique considérable. Nous assistons en effet à une véritable course à l’éclairage dans les villes et les campagnes : l’éclairage public devient de plus en plus systématique et permanent, les panneaux publicitaires et néons en tout genre fleurissent un petit partout, les illuminations de Noël ne cessent d’augmenter… Récemment reconnu, le terme de « pollution lumineuse » désigne cette nouvelle forme de nuisance environnementale. Impacts de la pollution lumineuse – Sur la faune : De très nombreux insectes sont menacés. Attirés par la lumière, ils viennent griller vifs sur les luminaires ou deviennent des proies faciles pour les prédateurs. D’autres insectes, comme les lucioles ou les vers luisants, ne peuvent plus se retrouver et donc se reproduire. La mort de dizaine de milliards d’insectes, qui représentent un maillon crucial dans la chaîne alimentaire, entraîne inéluctablement, des conséquences en chaîne sur l’ensemble des écosystèmes. Les oiseaux migrateurs, qui s’orientent notamment grâce aux étoiles, voient leur système de repérage dans le temps et dans l’espace perturbé : ils sont désorientés ou éblouis et sont forcés de dévier de leur trajectoire. De plus, les oiseaux qui sont en général attirés par les grands immeubles illuminés se heurtent à ces grands bâtiments. Selon les estimations des scientifiques, ce sont chaque année, pour la seule Amérique du Nord, entre cent millions et un milliard d’oiseaux migrateurs qui viennent s’écraser de nuit contre des immeubles illuminés. De nombreuses autres espèces sont touchées. Les chauves-souris, par exemple, désertent les clochers des églises qui sont éclairés. L’horloge interne des escargots serait déréglée tandis que d’autres espèces voient leur effectif augmenter car ils tirent profit d’un surplus d’éclairage (pigeons urbains, moineaux…). – Sur la flore : Au niveau des effets directs, on note la réduction des phases de repos, le dérèglement de la photosynthèse. Par exemple, on constate que plantes soumises à un éclairage artificiel peuvent voir leurs feuilles tomber plusieurs semaines plus tard. Quant aux effets indirects, on risque de tomber dans un cercle vicieux : la pollution lumineuse entraînant la disparition des insectes pollinisateurs, la fécondation des plantes pourrait être menacée. Et le recul de ces mêmes plantes pourrait entraîner une menace pour les espèces qui en dépendent. – Les étoiles s’éteignent : Le ciel étoilé disparaît dans de plus en plus de zones. Il faut s’éloigner toujours plus loin des halos lumineux, pour avoir la chance de voir les étoiles. Parallèlement, l’observation des astres de faible intensité devient de plus en plus difficile. Par exemple, la constellation de la Grande Ourse, comprend 400 étoiles visibles à l’oeil nu : une quarantaine d’étoiles peuvent être observées dans les zones les moins polluées et moins d’une dizaine dans les grandes villes. A terme, l’activité amateur et professionnelle d’astronomie est donc compromise. Plus généralement, c’est notre lien à tous avec le ciel étoilé et l’environnement nocturne qui est remis en question. A tel point que l’ONU étudie l’idée de classer le ciel étoilé comme « patrimoine commun de l’humanité ». Les civilisations se sont construites avec le ciel nocturne, comme en témoigne la configuration des sites préhistoriques, les alignements de menhirs par exemple ou l’influence des astres sur la science. Depuis toujours, la nuit a accompagné l’homme. La nuit est source d’émerveillement, de questionnement, d’inspiration. Une facture énergétique et des coûts économiques significatifs L’éclairage public engendre des consommations d’énergie et des coûts financiers loin d’être négligeables. Pour les communes, l’éclairage public représenterait 38% de la facture d’électricité, 23% de la facture globale de l’énergie et serait responsable de 4% des émissions de gaz à effet de serre en France. Cela représenterait la production d’environ 2 réacteurs de 1000 Méga Watts. Ce bilan carbone pourrait être fortement diminué quand on sait que 30 à 40% de l’énergie pourrait être économisée pour les communes si les installations d’éclairage étaient de meilleure qualité, et mieux conçues avec une puissance mieux adaptée (selon l’ADEME et EDF). Par ailleurs, l’augmentation des points lumineux entraîne des pics de consommation électrique entre 19h et 21h, en particulier en hiver. Or seules les centrales thermiques, charbon et pétrole notamment sont à même de répondre à cette forte demande, incitant ainsi la France à se doter de nouvelles capacités de production inutiles la majorité du temps. Cette situation est en contradiction avec les objectifs politiques affichés de réduction de gaz à effet de serre. A l’heure où l’urgence climatique nous impose à tous de réduire notre consommation d’énergie, les pouvoirs publics ont le devoir de montrer l’exemple en réduisant au maximum les gaspillages d’énergie. Ce gaspillage électrique est un signal très négatif envoyé aux particuliers sommés d’économiser l’énergie dans leur vie quotidienne. Des solutions simples et disponibles existent ! Il ne s’agit pas de remettre en question l’éclairage qui peut être utile, mais de raisonner et d’organiser l’éclairage artificiel, de le rendre plus efficace et de limiter les dépenses d’énergie inutiles. – Modifier les pratiques existantes pour endiguer la course à l’éclairage systématique : Limiter le sur-éclairage et l’éclairage dans les lieux peu fréquentés, diminuer la puissance des installations, réduire la durée de fonctionnement des éclairages… – Adapter l’équipement pour une meilleure efficacité énergétique : La technologie existante d’éclairage public permet des économies d’énergie considérables et de diminuer ainsi la facture pour le contribuable : abat-jour, minuterie, détecteurs de présence, éclairages passifs, ampoules basse consommation type fluo compacte ou diodes électroluminescentes (LED) … De plus, ces solutions technologiques sont vite rentabilisées par les économies d’énergie réalisées. Quelques avancées en matière d’éclairage public Depuis plusieurs années, la pollution lumineuse est devenue une problématique qui est progressivement prise en compte par les villes, responsables d’un éclairage public qui pèse lourd dans les finances locales. À Orgeval (Yvelines) par exemple, la mairie a déjà diminué sa consommation d’électricité de 25 % en installant des systèmes qui permettent de réduire la tension au milieu de la nuit, ou encore en éteignant ronds-points et rangées de lampadaires à minuit. Depuis le premier Jour de la nuit, plusieurs communes participantes ont engagé un diagnostic de leur éclairage ou sont passées à une extinction quotidienne en pleine nuit, c’est encourageant. Des initiatives intéressantes à l’étranger pourraient aussi nous inspirer. En Espagne, la Catalogne serait parvenue à réduire de plus de 60 % la pollution lumineuse en déployant des fonds de 1,2 million d’euros pour la réalisation de travaux d’aménagement environnemental afin de lutter contre ce type de pollution. A New York, plusieurs gratte-ciels diminuent leur éclairage afin de réduire le nombre d’oiseaux migrateurs qui percutent chaque année les façades des bâtiments. Des initiatives à prendre avec recul, mais qui montrent un réel engouement pour la réduction de la pollution lumineuse dans les villes. Nuisances lumineuses : les avancées sur la réglementation nationale L’article 41 de la loi Grenelle 1 du 3 août 2009 a mis en évidence la nécessité de prendre en compte les impacts des émissions de lumière artificielle sur le paysage et sur l’environnement en rappelant les grands objectifs de la loi : « Les émissions de lumière artificielle de nature à présenter des dangers ou à causer un trouble excessif aux personnes, à la faune, à la flore ou aux écosystèmes, entraînant un gaspillage énergétique ou empêchant l’observation du ciel nocturne feront l’objet de mesures de prévention, de suppression ou de limitation. » L’article 173 de la loi Grenelle 2 du 12 juillet 2010 constitue le deuxième étage du dispositif législatif qui détaille de quelle manière ces objectifs peuvent être atteints et a inscrit la prévention des nuisances lumineuses dans le code de l’environnement. « Pour prévenir ou limiter les dangers ou trouble excessif aux personnes et à l’environnement causés par les émissions de lumière artificielle et limiter les consommations d’énergie, des prescriptions peuvent être imposées, pour réduire ces émissions, aux exploitants ou utilisateurs de certaines installations lumineuses, sans compromettre les objectifs de sécurité publique et de défense nationale ainsi que de sûreté des installations et ouvrages sensibles ». Décret d’application n° 2011-831 du 12 juillet 2011 relatif à la prévention et à la limitation des nuisances lumineuses, publié au Journal officiel le 13 juillet 2011. Ce texte définit les installations lumineuses pour lesquelles des prescriptions peuvent être imposées aux exploitants et utilisateurs. Sont concernés : les éclairages de la voirie, de mise en valeur du patrimoine, des équipements sportifs, l’illumination des façades des bâtiments, l’éclairage des parcs de stationnement non couverts ou semi couverts, l’éclairage événementiel extérieur et l’éclairage de chantiers en extérieur. Mais ce texte ne s’applique pas à la publicité et aux enseignes lumineuses… Des mesures plus restrictives sont prévues dans les sites d’observations astronomiques et dans les espaces naturels protégés : parcs nationaux, réserves naturelles, parcs naturels régionaux, parcs naturels marins, sites classés et sites inscrits, sites Natura 2000. Enfin, il donne la possibilité au maire, ou au préfet suivant les cas, de sanctionner les manquements à la réglementation d’une amende administrative pouvant atteindre 750 euros. Pour en savoir plus – De nombreux documents, vidéos et documents pédagogiques sont à télécharger sur le site le jour de nuit en cliquant ici. – Téléchargez le guide pratique de sensibilisation à la pollution lumineuse réalisé par la FRAPNA en cliquant ici. – Téléchargez le guide « Éclairer juste » réalisé par l’ADEME et la carte de la pollution lumineuse en France, réalisée par L’ANPCEN en cliquant ici. – Regardez le Court-métrage d’animation « La tête dans les étoiles », réalisé par Sylvain Vincendeau, 12 minutes, Production Folimage 2005 en cliquant ici. …