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Contamination du Rhône au pyralène : un Tchernobyl à la française ?

Dans un communiqué, l’organisation pour la protection de l’environnement WWF évoque « un Tchernobyl à la Française ». Le Rhône est désormais pollué jusqu’à la mer. La pollution est due aux PCB (polychlorobiphényles), plus connus sous leur nom commercial de Pyralène. Les PCB peuvent avoir des effets neurotoxiques, entraîner des troubles de la fertilité, voire des cancers, sur les animaux qui les ingèrent, et, en bout de chaîne alimentaire, sur l’homme. Le Rhône présente des taux de PCB de 5 à 12 fois supérieur aux normes sanitaires européennes ! A partir des années 30, les PCB ont été utilisés de façon massive au sein de l’industrie en tant qu’isolant électrique. Depuis 1987, leur vente est totalement interdite en France. Mais l’ADEME a dénombré encore 545 610 appareils contaminés au pyralène, comprenant les transformateurs électriques EDF.

Analyse après analyse, les arrêtés préfectoraux sont tombés comme des couperets : l’interdiction de consommer ses poissons, décrétée d’abord au nord de Lyon puis appliquée jusqu’aux confins de la Drôme et de l’Ardèche, a été étendue le 7 août aux départements du Vaucluse, du Gard et des Bouches-du-Rhône. Elle pourrait bientôt frapper les étangs de Camargue, alimentés par l’eau du fleuve, voire la pêche côtière en Méditerranée et celle des coquillages et crustacés du bord de mer. Jacques-Olivier Barthes, directeur de la communication de WWF France, ne voit pas pourquoi, « tout comme le nuage de Tchernobyl ne s’est pas arrêté aux frontières », les polluants ne se seraient pas répandus dans la mer. La contamination pourrait donc toucher aussi les côtes de la Méditerranée. «La pollution du Rhône préfigure ce qui risque d’apparaître partout en France», prévient dans le Nouvel Observateur (n°2233 – 23 août 2007) Alain Chabrolle, ingénieur spécialisé dans l’eau. Militant depuis vingt-six ans à la Frapna ( Fédération Rhône-Alpes de Protection de la Nature ), n’a cessé d’alerter les autorités sur le danger des PCB : «Cette pollution est invisible, alors les pouvoirs publics ont fait comme si elle n’existait pas. Avec les PCB, on est assis sur une bombe à retardement.» Un constat partagé par des scientifiques. Pour Gérard Keck, toxicologue enseignant à l’Ecole nationale vétérinaire de Lyon, «toutes les grandes rivières françaises sont polluées à peu près autant que le Rhône». Marc Babut, directeur de recherche au Cemagref, organisme spécialisé dans la gestion de l’eau, arrive à la même conclusion : «Les PCB ont été utilisés à grande échelle, on peut donc s’attendre à en trouver partout. Avec les nouvelles normes sanitaires européennes, les niveaux qui jusqu’alors n’étaient pas jugés préoccupants le deviennent. Nous avons des signaux d’alerte qui remontent de toutes parts.» Le WWF s’étonne de la prise en compte partielle du risque écologique : comment les mesures du plan d’élimination (décret du 18 janvier 2001) peuvent-elles gérer les déchets de PCB sans porter atteinte à l’environnement ? L’exemple des poissons du Rhône est significatif : plusieurs centaines de milliers de tonnes de sédiments du Rhône sont contaminés aux PCB. Les résultats des prélèvements réalisés sur six espèces de poissons ont montré une contamination allant jusqu’à 59 picogrammes/gramme (pg/g), alors que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a fixé à 8 pg/g la concentration admissible en dioxine et PCB dans les poissons destinés à la consommation humaine. Le poisson le plus contaminé présentait une dose 40 fois supérieure à la dose acceptable quotidiennement.

La cause de cette contamination est encore inconnue

Comment expliquer cette diffusion généralisée des PCB ? Parmi les hypothèses avancées, les incinérateurs, coupables de rejets atmosphériques et de pollution des sols. Ainsi certaines entreprises, notamment celles fabriquant des transformateurs au pyralène, ont laissé leurs huiles aux PCB s’infiltrer dans la terre puis dans la nappe phréatique et les cours d’eau voisins, où ils se sont fait piéger dans les sédiments. C’est là, et sur les matières en suspension entraînées par les courants, que les poissons ingurgitent les PCB. Mais il est un fait irréfutable : l’usine Tredi –Séché, l’une des deux usines qui traitent de la dépollution des PCB des 545 510 appareils en cause, rejette ses eaux usées dans le collecteur public régional qui se situe en amont sur l’un des affluents du Rhône … Selon Bernard Cressens, directeur des programmes du WWF, « une véritable gestion des déchets des PCB nécessite aujourd’hui une prise de décision rapide des pouvoirs publics prenant en compte de manière primordiale les problèmes de santé publique et l’assainissement durable des écosystèmes aquatiques aujourd’hui sinistrés ».

Conséquences économiques

La contamination des écosystèmes aquatiques aux PCBs entraîne des conséquences économiques graves immédiates pour le secteur de la pêche professionnelle en eau douce et la pêche récréative à terme. Comme le déclarent Philippe Boisneau, président des pêcheurs professionnels en eau douce (CNAPPED) et Didier Bretin, Président de l’association interdépartementale des Pêcheurs Professionnels de la Saône et du Haut-Rhône : « Les pêcheurs sont dans l’obligation d’honorer leurs nombreuses charges (loyer à l’Etat, charges sociales…) sans pouvoir percevoir de recettes puisque la vente des poissons leur est interdite. Il ne faut pas minimiser l’impact et les conséquences économiques de cette pollution.» Sources :Le Nouvel Observateur (n°2233 – 23 août 2007)Communiqués du WWF

 

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David Naulinhttps://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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