Un séminaire de travail Green Cross a eu lieu début janvier 2024 à Bourg Saint-Maurice les Arcs, en partenariat avec la Mairie et l’Office du Tourisme, l’Institut pour la Recherche du Groupe Caisse des Dépôts et Pierre et Vacances. Il a fait émerger de nombreuses pistes de solutions co-construites avec les 120 socio-professionnels participants, les 3 territoires invités (Val d’Aoste, Suisse, Briançonnais) qui ont auparavant fait l’objet d’une expédition apprenante, ainsi que les différents réseaux mobilisés en amont – plus de 2000 contacts.
Le séminaire de travail 2024 a conforté 4 priorités complémentaires et coordonnées pour le passage à l’action :
Parmi les pistes de solutions …
- Le report de fréquentation des stations de moyenne montagne vers les stations d’altitude, du fait de l’évolution des comportements touristiques de plus en plus régulièrement confrontés au manque de neige,
- La renaturation partielle de certains domaines skiables pour anticiper les évolutions à venir,
- L’accélération d’une métamorphose du tout-ski avec les multi-activités, avec ses conséquences sur les ailes de saison, le développement d’une attractivité multi-saisons et les évolutions organisationnelles liées,
- La nécessité d’un choc d’offres en faveur des mobilités douces,
- Une prise en compte de l’urgence EAU en montagne, tant sur le grand cycle de l’eau que sur l’accès à une eau potable de qualité, la réutilisation et la sobriété en eau – avec une attention toute particulière accordée aux glaciers et lacs de montagne,
- Une revitalisation de l’entretien forestier et des filières bois territoriale,
- Un effort de reconquête d’une meilleure résilience alimentaire en territoire de montagne, notamment en rendant la restauration plus ambassadrice du territoire, en dédiant du foncier et des dispositifs d’achat à une agroécologie diversifiée de proximité et par la mise en place de Programmes Alimentaires Territoriaux,
- L’appui à une réglementation contraignante et efficace pour accélérer et financer la rénovation, avec des projets de transformation d’avant-garde dans le cadre d’une stratégie énergétique globale.
- Le développement d’une offre de formations courtes et longues (rénovation énergétique, tourisme, mobilité, agriculture et alimentation…) dédiées à la montagne (dans la continuité des actions innovantes du Campus Alpin),
- …
Différents risques ou enjeux
- La mal-adaptation des stations de ski au dérèglement climatique,
- L’importance de sortir du hors-sol et des stratégies dites intégrées pour remettre le territoire au cœur du développement touristique
- La saturation des infrastructures d’accueil et de transport conduit à repenser et réorganiser l’offre touristique et de mobilité pour favoriser les arrivées hors samedi,
- L’urgence de retravailler l’habitabilité de la montagne pour maintenir les jeunes et les actifs au cœur du territoire,
- Une meilleure protection et valorisation du patrimoine naturel de la montagne par un récit fondé sur la rencontre avec la nature, changer les codes pour passer d’un univers ski de montagne urbanisée à une ouverture sur des activités en phase avec la nature.
- La prise en compte de l’humain au cœur des évolutions touristiques, et ce avec des solutions territorialisées à l’échelle de la vallée,
- Les risques naturels s’intensifient avec le dérèglement climatique et mettent en danger les activités et les paysages des territoires de montagne.
- L’importance d’un plan de préservation et de rattrapage sur les écosystèmes naturels comme les zones humides et les tourbières, pour maintenir les ressources en eau et améliorer la gestion des risques.
- …
D’une manière générale, le séminaire de co-construction de janvier 2024 a permis de structurer un réseau de faiseurs impliquant largement les socioprofessionnels, désormais en l’attente de relais pour accélérer le passage à l’échelle de ces initiatives.
Un rapport mis en débat
C’est pourquoi Green Cross met en débat son rapport de synthèse et ses propositions pour la résilience des stations de montagne :
Résilience des stations de montagne Synthèse de la saison 2023 – 2024
Ce rapport est mis en débat pour une période de 4 semaines, soit jusqu’au 4 mars 23h59. L’ensemble des 200 socio-professionnels impliqués dans nos travaux le recevront personnellement, et chacun peut contribuer après lecture soit via un questionnaire dédié, soit en envoyant des contributions à montagne@gcft.fr
Analyse des effets économiques du changement climatique en station de montagne
Les effets du dérèglement climatique sur les stations de montagne sont désormais connus et perceptibles par tous. Une étude inédite publiée dans Nature Climate Change montre que, globalement, sans neige de culture et avec un réchauffement global à 2°C, 53% des 2 234 stations de skis étudiées seraient confrontées à très haut risque de pénuries de neige. Cette proportion diminue avec le recours à l’enneigement artificiel, mais cela implique une augmentation, d’une part de la demande en eau – sachant que l’urgence eau est un enjeu plus critique que le manque de neige – et d’autre part, de la demande en d’électricité donc de l’empreinte carbone de l’activité, à laquelle viennent s’ajouter les impacts du transport et du logement. Autant de défis qui remettent en question les stratégies de développement du tourisme en montagne monoski, ou tourisme d’hiver.
Le travail effectué s’est déroulé en 3 phases complémentaires et simultanées :
-› Une étude bibliographique et analytique,
-› Des rencontres avec des socio-professionnels, scientifiques et membres de la société civile, mais
aussi des collecteurs de données publics, des opérateurs événementiels en montagne et de personnalités sportives et médiatiques en lien avec la montagne.
-› Une expédition apprenante nationale et internationale (Vallée de Chamonix, Val d’Aoste, Valais – en particulier Zermatt et Verbier)
Quelques extraits:
- On observe de très fortes disparités entre les stations de skis sur cette saison 2023-2024. Une grande partie des stations de ski de moyenne montagne ont vu leur saison très altérée par le dérèglement climatique, et ont rencontré des difficultés à ouvrir ou à rester ouvertes par manque d’enneigement. Par ailleurs, la saison a été excellente pour les stations de ski en haute altitude, parfois confrontées à des phénomènes de sur fréquentation.
- La première phase de l’étude était là pour poser le cadre tandis que cette seconde phase nous a permis d’initier l’activation des transformations. En faisant le choix de se focaliser sur quatre priorités : changer d’échelle dans la rénovation énergétique des bâtiments, évoluer du tout-ski vers un tourisme responsable 4 saisons, renforcer les cohésions (dont les mobilités), développer la résilience eau et alimentaire en station de montagne.
- Les solutions seront nécessairement diversifiées, par bassin géographique et typologies de stations. Les stations de moyenne montagne ont été confrontées à l’adversité et il s’agit à la fois de désinvestir ce qui doit l’être, d’être accompagné par la puissance publique là où c’est vital dans leur reconversion notamment agricole, forestière et sur les enjeux liés à l’eau. Les stations d’altitude sont conscientes que ces années atypiques, mais souvent avec des résultats exceptionnels, sont aussi celles où il faut investir pour préparer l’avenir.