La prévention des déchets a un rôle de premier plan à jouer dans la réduction des émissions de GES et le développement d’une économie bas-carbone. Les financements doivent être réorientés vers des solutions zéro déchet, zéro gaspillage.
De la parole aux actes
L’Union européenne a fixé un nouvel l’objectif de réduction d’au moins 55 % de ses émissions de GES à horizon 2030 par rapport au niveau de 1990, contre un objectif précédent de 40 %.Cinq ans après la COP21, il n’est plus temps de se perdre dans des grands discours non suivis d’effets : il faut agir pour des politiques réellement ambitieuses en matière de prévention et de gestion des déchets permettant d’apporter des éléments de réponse aux enjeux du changement climatique. Ce sont des mesures effectives par secteurs (agriculture, aérien, BTP, etc.) qui sont nécessaires désormais et l’objectif prioritaire doit être de réduire l’exploitation des ressources et la production de déchets. S’il est louable que les chef·fes d’Etat et de gouvernement aient réussi à se mettre d’accord sur une ambition commune, l’effet d’annonce ne doit pas pour autant occulter l’enjeu majeur de la mise en œuvre concrète de l’objectif. Sans traduction en actes, les engagements restent creux et inutiles pour répondre aux problématiques posées par le changement climatique.L’impact des déchets sur l’environnement encore insuffisamment pris en compte
La bonne nouvelle, c’est qu’il y a plein d’autres solutions et qu’il n’est pas question de gâcher la fête ! L’impact des déchets sur le climat est souvent évalué au seul regard des émissions de GES liées à leur traitement. En effet, la mise en décharge est à l’origine d’émanations importantes de méthane, aux effets de réchauffement particulièrement importants, tandis que l’incinération rejette principalement du CO2 ainsi que des résidus d’épuration des fumées classés “dangereux”. À cela s’ajoutent les émissions induites par la collecte et le transport des déchets. Il convient pourtant de ne pas envisager la pression climatique des déchets uniquement sous le prisme de leur traitement, mais de bien prendre en compte les impacts des produits avant qu’ils ne deviennent déchets : l’extraction de matières premières ainsi que la fabrication et le transport des produits sont également fortement émetteurs de GES, sans compter leurs impacts sur la biodiversité.Se donner des moyens à la hauteur des ambitions
Depuis plus de 20 ans, Zero Waste France milite afin d’obtenir des réglementations plus contraignantes par exemple sur l’encadrement des traitements de déchets polluants et l’autorisation de mise sur le marché de plastique à usage unique. Malheureusement, de nombreuses lois ne sont pas encore appliquées et les sanctions sont encore trop rares comme c’est le cas pour l’obligation du tri à la source des biodéchets pour les professionnels (Grenelle 2, 2010) ou encore plus récemment l’encadrement de la publicité relative au Black Friday (loi AGEC, 2020). Les solutions existent pourtant et les associations environnementales comme Zero Waste France soutiennent les acteurs et actrices qui se mobilisent tel·les que les entrepreneur·ses de l’économie sociale et solidaire et les associations qui développent des activités en vrac, de consigne, de réemploi, de réparation, etc. Certaines collectivités locales mettent d’ores et déjà en œuvre des stratégies ambitieuses accompagnées de moyens humains et financiers pour réduire les déchets sur leur territoire. Il faut cependant une massification de ces actions et solutions pour répondre à l’urgence environnementale. Les soutiens financiers doivent également mieux être orientés : les plans de relance français et européen* proposent des mesures en inadéquation avec la priorité à la réduction à la source des déchets. Par exemple, le gouvernement français définit les “investissements verts” principalement par le soutien de “secteurs d’avenir en misant sur les technologies vertes”, une partie conséquente des financements est ainsi orientée vers l’incinération des déchets… plutôt que vers leur prévention, et ce en totale contradiction avec la hiérarchie de traitement des déchets adoptée par l’Union Européenne et ses différents États membres.Défi Rien de Neuf
Des millions d’objets sont déjà en circulation : et si on les utilisait en priorité, plutôt que d’acheter des objets neufs ? – riendeneuf.orgRéseau Consigne
Le réseau professionnel qui soutient le développement des systèmes de réutilisation et réemploi des emballages en France. Le réemploi et la réutilisation des emballages est une mesure incontournable pour la construction d’une société plus respectueuse de l’environnement. C’est une mesure d’économie de ressources, d’économie d’énergie, qui génère une valeur économique et sociétale. L’association veille à promouvoir les formes de réemploi et la réutilisation des emballages dont les bilans environnementaux sont positifs. La consigne, entendue comme une somme supplémentaire payée par le consommateur au moment de son achat et qui lui est restituée en tout ou partie quand il ramène l’emballage au point de collecte, figure au nombre des leviers promus par l’association pour permettre le réemploi des emballages, sans pour autant être le seul. Le Réseau Consigne s’inspire et soutient les initiatives locales. Il est composé de collectivités, professionnel.le.s, personnes qualifiées, porteurs et porteuses de projets, associations et citoyens et citoyennes engagé.e.s. – www.reseauconsigne.comRéseau Vrac
L’association interprofessionnelle pour le développement de la vente en vrac. Vente en vrac (article L120-1) Vente au consommateur de produits présentés sans emballage, en quantité choisie par le consommateur, dans des contenants réemployables ou réutilisables. – reseauvrac.orgZERO WASTE FRANCE
Zero Waste France est une association citoyenne, créée en 1997, qui milite pour la réduction des déchets et une meilleure gestion des ressources à travers trois types d’actions :- Influencer les décideurs politiques français et européens pour la création de nouvelles lois plus ambitieuses sur la réduction des déchets
- Décrypter les textes de loi et dénoncer les entreprises qui ne respectent pas leurs obligations juridiques
- Soutenir et accompagner les acteurs de terrain tels que les collectivités, les entrepreneurs et les associations locales
- Informer les citoyens et décrypter les enjeux liés à la prévention et la gestion des déchets