La nouvelle création des studios Pixar a suscité de vives réactions aux États-Unis. Certains y ont vu une critique de la société de consommation. pour d’autres, « l’écologie n’est qu’un prétexte saisi dans l’air du temps pour dérouler mollement une histoire tire-larme » (Aurélien Ferenzi dans Télérama – semaine du 2 au 8 août 2008).
Le petit robot très attendu par les enfants français a déjà rapporté 182,5 millions de dollars aux Etats-Unis, se plaçant ainsi à la cinquième position du box-office américain sur l’année 2008 tous genres confondus. Pour Le Figaro, après le succès, l’année dernière, de Ratatouille ( oscar du meilleur film d’animation), Pixar revient sur les écrans avec Wall-E, chef-d’œuvre d’animation en 3D, poétique et plein d’humour mais également très politique avec, sous-jacent, un plaidoyer implacable pour l’environnement et une critique du consumérisme à outrance, même si le réalisateur Andrew Stanton se défend d’avoir voulu éveiller les consciences. « Je ne voulais en aucun cas donner une leçon de morale ! », s’exclame-t-il. Et pourtant avec Wall-E, Andrew Stanton, 42 ans, signe à la fois un drame de la solitude, une histoire d’amour passionnelle, une fable écologique, une satire virulente de la société de consommation tout en rendant un bel hommage aux films de science-fiction et au cinéma muet. Depuis 700 ans, Wall-E (Videur automatique pour lavage et levage classe E) nettoie la Terre recouverte de détritus alors que les humains ont quitté la planète et se sont réfugiés dans un vaisseau spatial. Le petit robot, dernier de son espèce, a toutes les raisons d’avoir le blues. En se repassant en boucle une vidéo cassette de Hello Dolly, comédie musicale de Gene Kelly avec Barbra Streisand, il rêve au grand amour. Lorsqu’Eve (Évaluateur de végétation extraterrestre), robot superbement caréné issu d’une nouvelle génération, atterrit sur Terre pour débusquer la dernière plante ; c’est le coup de foudre… Dans la seconde partie du film, le spectateur pénètre à bord du luxueux vaisseau spatial dans lequel s’est réfugiée l’humanité ou ce qu’il en reste : êtres humains obèses, dépressifs et autistes, ne quittant par leurs fauteuils flottants, les yeux rivés sur leurs écrans télé. Cette vision de l’humanité n’a pas été du goût de tous aux États-Unis : les conservateurs radicaux ont dénoncé sur le blog de la National Review « une propagande de gauche » et « un sermon sur les dangers de la surconsommation, les grosses corporations, et la destruction de l’environnement ».La bande-annonce
Les critiques
Une fable percutante – Le Figaro (20/07/08) : Attention, chef-d’œuvre ! […] La première partie est d’une rare poésie, d’une puissance à couper le souffle, pratiquement sans dialogue, seulement animée par de nombreux effets sonores très convaincants. La prouesse du réalisateur Andrew Stanton est de réussir à nous captiver, à nous faire rire ou à nous attendrir avec ce droïde doté d’une tête en forme de paire de jumelles, rouillé seulement en surface car, à l’intérieur, bat un cœur follement romanesque. Lorsqu’il tombe amoureux d’Eve, robot envoyé en mission secrète sur notre planète à la recherche d’une plante, ces deux-là vont vivre une sacrée passion. L’esthétique de cette métropole en ruine, que Wall-E tente de reconstruire pièce par pièce avec nos déchets, est d’une grande beauté. […] La fable est à la fois éloquente et divertissante puisqu’elle permet différents degrés de lecture, accessibles aux plus jeunes. Les grands, quant à eux, apprécieront le grand spectacle. Les magiciens de Pixar démontrent leur formidable créativité, leur étonnante capacité à se renouveler et leur indéniable supériorité sur les autres studios. Le Journal du Dimanche (29/07/08) : Le film captive dès la première demi-heure, pourtant complètement muette. Une idée formidable par plan, un scénario intelligent qui dénonce la société de consommation oisive… Derrière le divertissement mêlant humour, aventure et romance, se cache un film d’auteur d’une poésie infinie. Et bouleversante. – Les Inrockuptibles – Jacky Goldberg : Wall-e nouveau sommet et coup de semonce dans le monde ramolli des pixels. – Elle – Héléna Villotvitch : La première demie-heure, magnifique, ne comporte pas une ligne de dialogue… Sans la moindre honte, on est bouleversé. «Wall-E» Film d’animation en images de synthèse réalisé par Andrew Stanton. Durée : 1 h 36. Sortie le 30 juillet.