Au cours du 20e siècle, les pays d’Occident ayant puissance sur le monde ont créé des institutions sanitaires internationales où seule a été admise la médecine «scientifique ». Selon les conceptions de l’époque, ce caractère lui conférait une incontestable supériorité. Les autres médecines, élaborées sur des bases différentes, ne pouvaient être que négligées. Le Docteur Yvette Parès, pionnière française de la médecine traditionnelle africaine, esquisse ce que pourrait être la médecine de demain : vers la simplicité et la sagesse.
C’était oublier que science et thérapeutique ne sont pas obligatoirement liées et que les traitements ne montrent leur vraie valeur qu’après avoir subi l’épreuve du temps. D’autre part, les connaissances scientifiques, aussi vastes qu’elles puissent paraître, ne sont que des îles parsemées dans l’immense océan de l’Inconnu. Avancer, en les ignorant, dans ces zones lacunaires conduit aux plus grands déboires. L’antibiothérapie, l’hormone de croissance, les thérapies géniques en offrent des exemples. Il n’a fallu que quelques décennies pour mettre en évidence les faiblesses et dangers des traitements prescrits par la médecine mondialement imposée. Ses ambitions, louables au départ, lutter contre les grands fléaux sanitaires anciens ou de survenue récente, après des succès éphémères, n’ont connu que l’échec. Tuberculose, paludisme en particulier, loin d’être maîtrisés, ont été aggravés par l’apparition des résistances et multirésistances. Leur caractère pathogène s’est considérablement accru. Il en est de même pour les affections bactériennes revenues en force et contre lesquelles on n’oppose que des armes émoussées. L’épreuve du temps a montré encore, outre les effets indésirables immédiats, les graves désordres que pouvait entraîner ultérieurement la prescription des molécules issues de la chimie et qui ont nécessité les retraits de la vente. Mais un autre élément, de détection récente, vient encore assombrir le tableau. Il s’agit du caractère polluant des médicaments chimiques qui ont corrompu l’eau jusqu’aux réserves souterraines. Le constat préoccupant appelle la réflexion. La médecine officielle peut-elle continuer à gouverner seule la politique sanitaire mondiale? Les erreurs accumulées donnent elles-mêmes la réponse. Deux attitudes sont à envisager : D’une part, la médecine scientifique devra impérativement réorienter sa thérapeutique et s’éloigner du « tout-chimie ». Elle sera contrainte de revenir aux ressources sous-estimées et qualifiées improprement « d’empiriques », celles qu’offre en abondance la nature avec ses flores médicinales très diversifiées. D’autre part, un comportement nouveau vis-à-vis des médecines traditionnelles pratiquées sur les autres continents s’avère indispensables. Elles détiennent un vaste patrimoine thérapeutique accumulé depuis des origines incertaines. A titre d’exemple, la médecine chinoise, selon les écrits, dispose de plus de 100 000 formules médicamenteuses. Les médecines africaines sub-sahariennes, si l’on en juge par la médecines traditionnelle du Sénégal possèdent sans doute, elles aussi, un nombre impressionnant de médications pour les maladies des plus bénignes aux plus sévères. La mobilisation de tous les savoirs médicaux de la planète apparaît comme la solution d’avenir et qui apporterait un changement profond et bénéfique dans la situation sanitaire mondiale. Un premier appel visant cette collaboration avait été lancé en 1991 à New York par Boutros Boutros Ghali, alors secrétaire général des Nations-Unies. Il avait prononcé son discours lors de la VIe journée mondiale du sida. Mais trop en avance sur son temps, l’appel ne fut pas entendu au Nord comme au Sud. S’il avait été suivi, la situation sanitaire à travers le monde aurait été profondément modifiée et le sida serait peut-être en voie d’être maîtrisé. Mais les difficultés qui ne cessent de s’accumuler vont sans doute conduire à l’ouverture des esprits, à une vision lucide des réalités. On peut espérer que la rencontre des médecines, valeurs culturelles de tous les peuples, s’accomplira dans un avenir qui pourrait être non lointain. Dès lors, une nouvelle Organisation Mondiale de la Santé serait à même de voir le jour pour une efficacité toujours accrue dans les combats visant les grands fléaux qui affligent l’humanité. Un autre aspect mérite d’être retenu. Tous les peuples se sentant valorisés, un grand pas serait fait vers la paix. L’union de toutes les intelligences, de tous les savoirs, de tous les coeurs, ne serait-elle pas la meilleure des mondialisations ?Médecine de demain : vers la simplicité et la sagesse
L’épreuve du temps est nécessaire pour apprécier dans leur juste réalité les événements qui marquèrent une époque. Qu’en est-il de la médecine occidentale qui connut un grand prestige au cours du 20e siècle? Elle s’imposait comme le fleuron inégalé et inégalable de l’art médical. Tous les peuples ont succombé à ce mirage que des données nouvelles et alarmantes ont peu à peu dissipé. Il s’agit de la pollution de l’eau par les médicaments chimiques. Durant des décennies, elle a progressé silencieusement pour se manifester de nos jours jusqu’aux nappes phréatiques. Une telle situation ne peut indéfiniment se prolonger. Les caractères de la médecine officielle La médecine occidentale du 20e siècle a porté à un haut degré sa technicité mais, en même temps, s’amplifiaient l’inconfort et le malaise psychique des patients. Dans ce contexte de souffrances, on peut citer : les infections douloureuses, les perfusions multiples et leurs méfaits, les ponctions, les ponctions-biopsies avec des risques d’hémorragies, les manœuvres invasives à l’origine d’infections ou de maladies nosocomiales, l’administration de produits de contraste ou d’isotopes radioactifs. Le corps humain est ainsi soumis à de rudes épreuves. On peut ajouter que de nombreuses investigations relèvent davantage de la curiosité scientifique que du réel intérêt du malade. Mais cette sophistication des soins leur conférait un caractère « savant » qui établissait de façon incontestable la supériorité de la médecine occidentale. Parallèlement, le sens clinique s’émoussait, les rapports humains se distendaient, remplacés par les chiffres des analyses de laboratoire et les « images » données par des appareils perfectionnés. Le médecin, peu à peu, s’est transformé en un technicien hautement spécialisé. Que dirait Hippocrate s’il visitait nos hôpitaux modernes où se prescrivent des médicaments sources d’effets indésirables et de maladies iatrogènes? Ses paroles n’exprimeraient certainement pas d’éloges mais consisteraient plutôt en de sévères remontrances devant le non-respect de ses célèbres préceptes. Le retour vers la simplicité La surmédicalisation est un des grands maux de notre époque et le « tout chimie » a causé la perte de connaissances qui jouaient un rôle très important pour la santé. Afin de remédier à cette situation et de retrouver une simplicité incluant l’efficacité, des modifications s’avèrent indispensables dans l’attitude des patients et des médecins. Pour les patients : – le recours à la médecine familiale qui assumait les affections courantes sans gravité. Ainsi, les angines banales cédaient à l’eau citronnée ou mieux encore additionnée de vinaigre rosat. Ces cas ne nécessitaient en rien des analyses visant à établir une cause bactérienne ou virale. – la remise en honneur des formules efficaces que détenait le savoir populaire très vivant autrefois dans les campagnes. D’autre part, – la demande de conseils et des préparations d’herboristes confirmés lorsque le diplôme aura été rétabli par un décret intelligent ou sous la pression des évènements dans un contexte d’urgence, imposé par la lutte contre la pollution médicamenteuse de l’environnement. Pour les médecins : – un recours très modéré aux analyses de laboratoire, les réservant aux cas graves. Un examen clinique approfondi apporte le plus souvent les éléments qui permettent le diagnostic et le traitement. – une grande prudence vis-à-vis des analyses dont l’effet psychologique est néfaste. Lorsque les déficiences d’un traitement sont bien connues, pourquoi infliger au patient des contrôles successifs qui ne montreront que l’aggravation de la maladie et provoqueront l’inquiétude et un stress permanents ? Tel est le cas, en particulier, pour les hépatites évoluant vers les complications et que les thérapies aux lourds effets indésirables ne peuvent entraver. – une limitation des demandes d’imagerie médicale avec leurs inconvénients et leur coût élevé. – le recours à un mode de prescription très négligé en médecine occidentale mais largement utilisé par les médecines traditionnelles : Il s’agit de la voie percutanée qui permet l’absorption par la peau de nombreuses substances médicamenteuses. A cet effet, on peut utiliser : pommades , huiles médicinales, vinaigres médicinaux, décoctions pour bains partiels ou complets. Ces pratiques évitent beaucoup d’infections et augmentent ainsi le confort du malade. Il s’y ajoute une économie du matériel jetable. Par ailleurs, le parfum agréable des préparations naturelles procure déjà au patient un apaisement favorable au traitement. Le retour à la sagesse La profession médicale a été longtemps considérée comme un sacerdoce. Et l’on connaît le dévouement des médecins du passé, appelés médecins de famille et non « médecins traitants ». Mais le caractère élevé de la profession a subi les assauts d’une modernité matérialiste et technicienne. L’usage d’appareils perfectionnés a remplacé les contacts humains seuls capables de mobiliser véritablement les forces de guérison du patient. La médecine héritée du 20e siècle, du fait de sa déshumanisation, subit une crise qu’il faudra surmonter. Divers points sont à envisager : – La nécessité d’une culture générale. Les médecins du passé étaient des hommes cultivés. Ils avaient suivi « les humanités ». Les études comportaient l’enseignement du latin qui conférait de la rigueur et ouvrait sur d’autres visions du monde. De plus, l’existence paisible favorisait la réflexion et le calme intérieur. De nos jours, les médecins hommes et femmes, ont été et sont submergés d’informations scientifiques. Il reste peu de temps pour étudier la matière humaine et les aspects psychologiques, émotionnels liés à toutes les maladies. De surcroît, la vie trépidante, l’abondance des contraintes administratives, l’excès d’appels ou de consultations pour des maux insignifiants entretiennent le stress et font obstacle à une totale disponibilité. Le recours à la médecine familiale et aux activités d’herboristes diplômés contribueraient sans doute à ralentir le rythme et à favoriser l’équilibre intérieur. – Le soutien d’une spiritualité quelle qu’elle soit ou un humanisme profond sans lesquels les propos adressés aux patients risquent de n’être que des paroles creuses ou même néfastes. – L’acquisition de l’humilité qui fait reconnaître les limites du savoir exercé dans un art difficile. – L’ouverture d’esprit qui permet d’accueillir les connaissances thérapeutiques, d’où qu’elles viennent. Hippocrate la recommandait déjà de son temps. – La remise de la Science à sa juste place. Par ses larges lacunes, elle fait desservir dramatiquement la médecine. Un exemple en est donné par les découvertes des antibiotiques qui, finalement, ont conduit aux phénomènes de résistance dont le savoir de l’époque ne soupçonnait pas l’inéluctable apparition due aux capacités d’adaptation des germes. – Le retour à l’indépendance avec l’abandon de la tutelle des laboratoires pharmaceutiques. Une grande liberté de prescription serait alors posible à partir des ressources offertes par la nature. Cette créativité retrouvée pourrait conduire à des avancées thérapeutiques d’une grande portée. – L’ensemble de ces conditions étant réuni, les gestes essentiels de l’art médical reprendraient toute leur valeur : l’accueil du patient, l’écoute attentive, les paroles de réconfort, l’examen clinique bien conduit, la thérapeutique personnalisée et sans effets indésirables. En conclusion La médecine occidentale du 20e siècle matérialiste, technique et chimique s’est déshumanisée. Sa vision partielle de l’être humain limitée au corps privé de l’âme et de l’esprit a créé un grand malaise. Retrouver le chemin de la simplicité accompagnée de l’efficacité et la voie de la sagesse demandera une profonde remise en question. La médecine de demain sera dès lors en mesure de répondre véritablement à l’attente de tous ceux et celles qu’affecte la maladie et qui espèrent la guérison. Dr Yvette Parès Professeur à l’Université de Dakar de 1960 à 1992 Dr ès-science Dr en médecine Directrice du centre de recherches biologiques sur la lèpre de 1975 à 1992 Directrice de l’Hôpital traditionnel de Keur Massar (Sénégal) de 1980 à 2003
Vers une mondialisation bénéfique : la rencontre des médecines
Tous mes voeux accompagnent Mme Parès et je forme celui que la jeune génération de thérapeutes accorde une écoute toute particulière à son enseignement.
Il faut désormais laisser la place au bon sens et à l’humain et peu à peu éloigner les intérêts financiers dès lors qu’ils sont mortifères pour les populations.
On empoisonne par les pesticides puis les mêmes groupes industriels prétendent soigner par les médicaments non moins polluants.
Je ne rejette pas la médecine millénaire, elle devrait être complémentaire et associée aux bonnes pratiques qui ont tant fait leurs preuves.
Mme Parès mérite d’être entendue car elle est dans la vérité.
Yvette Parès
Je suis tout particulièrement ravie que vous choisissiez de publier des
textes d’Yvette Parès, son travail est très important, c’est une femme
d’exception.
Ses écrits méritent d’être diffusés au plus grand nombre,même si elle
n’est pas toujours comprise…..
J’eus la chance de communiquer avec elle et j’admire son enthousiasme et
ses courages !
A bientôt sur la toile
Francine Ferreyra
Yvette Parès
Quid du Codex alimentarius ?
P.S. : Quelle horrible photo que celle de de ce médecin ! On dirait un zombie.