À peine remise des blessures de la tempête du « siècle » de 1999, la forêt des Landes de Gascogne a été à nouveau dévastée par des vents extrêmement violents samedi. Plus largement, « en région Aquitaine, cet événement exceptionnel a occasionné des dégâts sur le peuplement forestier aussi importants, sinon plus, que ceux de la tempête de 1999 » souligne Bertrand Lefebvre, délégué national aux risques naturels à la Direction nationale de l’Office National des Forêts. En effet, selon le syndicat des sylviculteurs du sud-ouest, la tempête a ravagé 60 % de la forêt dans le sud de la Gironde et les Landes. Interrogé par Metro, Bertrand Lefebvre estime qu’« il faudra patienter de 60 à 80 ans avant que la forêt ne se reconstitue ».
Chantal Jouanno, la nouvelle secrétaire d’État à l’Écologie, a évoqué dimanche des «conséquences dramatiques sur la forêt», notamment sur le massif landais. Elle se rendra sur place mardi «afin d’évaluer l’ampleur des dégâts et les dispositions à prendre». Dimanche, le ministre de l’Agriculture, Michel Barnier, a de son côté annoncé qu’il proposerait la mise en œuvre d’un «plan global» en faveur des forêts et de la valorisation du bois comme source d’énergie. «Tous nos efforts de reconstruction sont réduits à néant, sans aides rapides de l’État notre massif forestier est en péril», rapporte à l’envoyé spécial du Figaro, François Deluga, le député maire PS du Teich, sur le bassin d’Arcachon. Sa commune possède 600 hectares de pins maritimes et, depuis la tempête de 1999, le maire affirme qu’elle ne lui a pas rapporté un centime de bénéfices. «Toutes les ventes ont servi à reconstituer le massif. Et, avec cette nouvelle tempête, ce sont surtout les jeunes arbres qui ont souffert.» Une première estimation des professionnels de la forêt évalue à 60 % la part de la forêt détruite dans les Landes et en Gironde. Avec des rafales à plus de 170 km/h, les pins maritimes, ces colosses de 30 mètres de hauteur aux racines peu profondes, ont été décimés. «Sur le terrain, ce sont des centaines d’hectares qui sont au sol ou cassés à quelques mètres», affirme Éric Dumontet, le secrétaire général adjoint du Syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest. Présent hier en Gironde, le président de la République, Nicolas Sarkozy, s’est dit conscient de la situation : « Avec les ministres de l’Ecologie et de l’Agriculture, nous allons mettre en place un plan spécifique pour valoriser les forêts, et faire en sorte que tout le bois tombé à terre soit récupéré. Nous allons également aider les propriétaires privés comme publics pour cette récolte, afin de faire de cette crise une opportunité d’accélèrer le développement de l’énergie renouvelable autour de la filière forestière ». Le massif des Landes de Gascogne est le plus grand d’Europe, avec 1,2 million d’hectares, dont 80 % de forêts plantées en pins maritimes. La filière bois représente en Aquitaine un chiffre d’affaires de 2,6 milliards d’euros avec 40 000 sylviculteurs auxquels s’ajoutent 34 000 emplois directs.