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Entrée dans l’Anthropocène

Par Dominique Martin - Ferrari

Le concept de l’anthropocène a été en cette fin d’année au cœur de nombreux débats. Le lancement de la collection « Anthropocène » au Seuil en est la consécration. Rappelons que l’anthropocène, terme utilisé maintenant par une partie de la communauté scientifique, est un terme créé par le prix Nobel de chimie Paul Crutzen en 2000. Elle marque la fin de l’holocène, époque géologique de l’interglaciaire de ces 10.000 dernières années. Elle ouvre donc une nouvelle période géologique, marquée par la prise de conscience que l’humain est devenu la principale force géologique sur la planète, à l’origine d’une très grave crise écologique. En témoigne le dernier rapport alarmant du GIEC, qui montre à quel point le climat est déréglé du fait de la modification de l’atmosphère par l’homme.

Dominique Martin - Ferrari
Dominique Martin – Ferrari
Le progrès technologique est perçu par beaucoup, aussi bien politiques que scientifiques, comme le moyen le plus sûr pour faire face à ce réchauffement climatique, et donc aux différentes crises qui vont s’ensuivre, qu’elles soient énergétique, environnementale, économique, alimentaire … Lors du débat de lancement de la collection du Seuil à La Villette, Clive Hamilton, qui vient de sortir «Les apprentis sorciers du climat», a fustigé les projets et les « expériences terrifiantes de ces « géocrates » (ingénieurs, scientifiques et hommes d’affaires) qui jouent aux apprentis sorciers du climat ». Même teneur de propos dans l’intervention de Pat Money, directeur de l’ONG canadienne ETC qui dénonce ces fausses solutions pour pallier à la crise climatique, soulignant les enjeux globaux socio-économiques et écologiques. A cette occasion, également, André Cicocella (Toxique planète) a rappelé combien la toxicité de la planète affectent la santé et la reproduction humaine et animale. Autre lieu, autre mise en garde Lors de la table ronde « Ethique : repenser l’anthropocène » organisé par COAL dans le cadre de la journée mondiale de la philosophie à l’Unesco, Clive Hamilton alerte sur le déni de réaliser la gravité de la situation. Les effets du changement climatique sont irréversibles : conséquences sur les océans, modification importante du paysage, augmentation de l’activité volcanique … Rien ne sera épargné dans le système anthropocène. Même après le retour à l’équilibre la terre sera modifiée. « La terre n’est plus le dépositaire passif de notre activité. Elle a pu nous paraître endormie. Mais la bête s’est réveillée parce qu’on l’a titillée. On ne peut pas la rendormir, mais on peut arrêter de la titiller. Notre tâche consiste à ne pas aggraver d’avantage ce qui a été fait. Nous ferions mieux de considérer Gaia non pas comme une terre nourricière, mais comme une bête assoiffée » Prix COAL Art et Environnement
Crédit visuel : The glacier study group, 2013. Institute of critical zoologists
Crédit visuel : The glacier study group, 2013. Institute of critical zoologists
Créé en 2010 par l’association COAL, le Prix COAL Art et Environnement, doté de 10 000 euros, est placé sous le haut patronage des Ministère français de la Culture et de la communication, de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie, ainsi que du Centre National des Arts Plastiques. Il bénéficie également du soutien de partenaires privés. Pour le philosophe Gregory Quenet, l’anthropocène modifie les relations entre les sciences, interpelle les philosophes, les historiens. C’est un changement de temporalité. Elle impose une interdisciplinarité entre sciences dures et sciences molles. Elle souligne les milliers de rétroactions qui existent entre l’homme et la terre. C’est la naissance d’un nouveau pouvoir : le pouvoir terre. C’est dans un monde fini qu’il nous faut mainte- nant penser la politique, régler les conflits entre hommes, repenser la démocratie…. « Irons nous jusqu’à la démocratie du carbo- ne ? » s’interroge le philosophe en faisant référence au livre de Timothy Mitchel. Au cours de la même table ronde, Nathalie Blanc du CNRS a souligné le lien existant entre l’anthropocène et l’esthétique. L’esthétique a une influence sur la capacité de ressentir les images. Dans le hall de l’Unesco l’exposition, « S’adapter à l’anthropocène » conforte la thèse en faisant découvrir les projets des différentes éditions du « Prix COAL Art et Environnement » . Elle témoigne de la prise de conscience du milieu artistique. Les artistes qui interviennent sur ce thème ont l’ambition de jouer un rôle. A titre d’exemple Nathalie Blanc cite Joseph Bueys dont toute l’œuvre est un projet de réconciliation de l’individu avec son environnement, associant l’homme, l’art, la vie, jusque dans ses engagements politiques. « On peut considérer, dit-elle, que le patrimoine urbain est un art. Comme les environnements ruraux qui ont aussi fait l’objet de démarches artistiques ». Pour Nathalie Blanc l’exposition « la terre vue du ciel » était la mise en évidence de l’impact de l’activité humaine mais aussi de la beauté de la planète. Selon Gregory Quenet, les artistes voient dans l’anthropocène une possibilité d’avoir la maîtrise de la nature. En conclusion, Nathalie Blanc met en garde : « attention à ne pas faire l’impasse de toute la complexité de l’anthopocène », sinon on court le risque soit d’être écrasé par notre responsabilité, face à ce basculement dans un monde fini et aux ressources limitées, soit, devant l’urgence de la situation, de se voir imposer des mesures à un niveau tellement global que ce ne sera pas démocratique. Muriel LABROUSSE Retour sur les sémiologies de Gaia
Chez les grecs, Gaia est la déesse primordiale, la déesse mère qui crée à partir du chaos, sans intervention mâle, le ciel , la mer, les montagnes. Suit une cosmogonie d’une immense complexité, Gaia y est une force capable de créer la beauté harmonieuse et de faire surgir le chaos originel. James Lovelock, fit le choix de ce nom attribuant à Gaia le type de fonctionnement stable qui serait celui d’un organisme vivant, un système intelligent, s’autorégulant, permettant le développement de la vie . « Il s’est trompé, nous dit Isabelle Stengers dans son chapitre « civiliser les pratiques modernes », Gaia est la « vérité qui dérange » : cette figure de la terre aux figures multiples qui ne demande ni amour, ni protection, seulement le type d’at- tention qui convient à un être puissant et chatouilleux(..) Nommer est pour moi une expérience pragmatique (…) nommer Gaia est une opération qui s’adresse à « nous », qui cherche à susciter le « nous » en lieu et place du « on » (…) Nous sommes ceux qui ne peuvent nier leur responsabilité dans l’intrusion de Gaia (…) celle sur la patience de laquelle nous ne pouvons plus compter. »[[p 117, Une autre science est possible, Isabelle Stengers]]
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