La Wikimedia Foundation, Inc. est une organisation sans but lucratif dont l’objectif est de partager une information libre avec chaque personne de par le monde. Leurs projets rassemblent le contenu apporté par des volontaires partout dans le monde, le traite et le rend disponible en ligne en plus de 200 langues. Ces efforts sont financés par la générosité de gens comme vous, qui croient que la connaissance est un pouvoir et qu’elle devrait être libre.
Wikipédia (API [wikipe’dja] ou [vikipe’dja]) est une encyclopédie libre, universelle et multilingue[1] écrite de façon collaborative sur Internet avec la technologie wiki, et cherchant à respecter la « neutralité de point de vue »[2].
– Tous les projets de la Fondation Wikimedia
« Wikipédia » est un mot-valise conçu à partir de « Wiki », un type de système de gestion de contenu de site Web qui permet la modification instantanée, libre et collective d’un contenu localisé dans une base de données informatique, et de la racine « pedia » du mot anglais encyclopedia, pour « encyclopédie », dont l’étymon παιδεία (paideia) signifie « éduquer » en grec ancien.
Le fait que Wikipédia soit libre signifie que chacun est libre de recopier l’encyclopédie, de la modifier et de la redistribuer. Ainsi, de nombreuses copies du contenu de Wikipédia sont disponibles sur le Web.[3] Cette notion de contenu libre découle de celle de logiciel libre, formulée avant Wikipédia par la Free Software Foundation. Elle signifie aussi que chacun est libre d’écrire ce qu’il veut dans sa propre copie de l’encyclopédie. En revanche, chaque site qui héberge une copie de Wikipédia a sa propre politique éditoriale ; dans wikipedia.org en particulier, l’édition est soumise à de nombreuses règles.[4] Juridiquement, la liberté de contenu est octroyée par des licences libres, principalement la licence de documentation libre GNU et les licences Creative Commons.[5]
Wikipédia permet à tous les internautes de modifier les articles de l’ouvrage[6] et d’en écrire de nouveaux. Il y a une surveillance constante, mais pas de système de validation par des experts ; aussi l’encyclopédie est-elle l’objet de nombreuses critiques quant à l’exactitude et la vérifiabilité de son contenu[7]. La politique éditoriale de l’ouvrage se fonde sur la notion de « neutralité de point de vue » ; elle vise à exposer les sujets d’une manière indépendante des opinions, vues et préjugés idéologiques, culturels, philosophiques, etc.[2] L’admissibilité d’un article se fonde sur la notoriété du sujet[8] ainsi que sur son « caractère encyclopédique », défini selon plusieurs critères négatifs, comme l’exclusion de recherches non reconnues, de définitions de dictionnaire, de manuels d’utilisation, etc.[9]
Wikipédia est le projet le plus connu de la Fondation Wikimedia, une association internationale qui promeut la connaissance libre. L’encyclopédie Wikipédia fonctionne de concert avec d’autres projets de la fondation : Wikimedia Commons, dépôt d’images, sons et autre contenu multimédia ; le Wiktionnaire, dictionnaire multilingue ; Wikiquote, recueil de citations, etc.
D’après le site Alexa, Wikipédia faisait partie en 2006 des 15 sites les plus visités du World Wide Web.[10] La même année, le nombre d’articles a dépassé les 6 millions, dont plus de 1 600 000 dans Wikipédia en anglais et plus de 440 000 dans Wikipédia en français.
Comme l’indique la première ligne de sa page d’accueil, Wikipédia a pour slogan : « L’encyclopédie librement distribuable que chacun peut améliorer ». Ce projet est décrit par son cofondateur Jimmy Wales comme « un effort pour créer et distribuer une encyclopédie libre de la meilleure qualité possible à chaque personne sur la terre dans sa langue maternelle »réf. nécessaire. Ainsi, Jimmy Wales proposa comme objectif que Wikipédia puisse atteindre un niveau de qualité au moins équivalent à celui de l’Encyclopædia Britannica.
En revanche, Wikipédia n’a pas pour objectif de présenter des informations inédites. Comme pour les encyclopédies classiques, son ambition se limite à exposer des connaissances déjà établies et reconnues. Les travaux personnels ou originaux n’ont pas leur place dans Wikipédia. Ils seront donc effacés, sans que cela constitue une prise de position sur leur pertinence ou leur caractère erroné.
Le projet Wikipédia vise à être :
Par ailleurs, de nombreux autres projets d’encyclopédie existent (ou ont déjà existé) sur Internet. Certains, tels que la Stanford Encyclopedia of Philosophy[12] ou la défunte Nupedia, ont adopté une politique éditoriale traditionnelle, avec par exemple un seul auteur par article. D’autres, tels que Susning[13], et l’Enciclopedia Libre sont, à l’instar de Wikipédia, des wikis dans lesquels les articles sont écrits par de nombreux collaborateurs sans processus formel de révision.
Par ses objectifs et son fonctionnement, le projet Wikipédia s’inscrit dans une série de filiations culturelles :
N’hésitez pas à améliorer ces pages : le slogan non-officiel de Wikipédia.
Wikipédia est un système ouvert où tout le monde peut modifier tous les articles (sauf quand une mesure de protection contre les vandales a été appliquée). Contrairement à ce qui se passe dans une organisation fermée, on encourage vivement les participants à ajouter leurs contributions à celles des autres. Ainsi, ils corrigent les erreurs des rédacteurs précédents et travaillent ensemble sur des sujets éventuellement controversés, tout en respectant la neutralité de point de vue.
L’une des hypothèses fondatrices de Wikipédia est que cette accumulation de contributions ne conduit ni au chaos ni à la médiocrité, mais à une amélioration constante de la qualité des articles. Cette progression vers la qualité n’est pas forcément continue, mais tendancielle ; elle n’est pas rapide, mais inscrite dans la durée. Plusieurs années peuvent être nécessaires pour que le travail collaboratif sur un article lui permette d’atteindre à un niveau correct de qualité.
Concrètement, chaque page de Wikipédia comporte un onglet « modifier » sur lequel tout visiteur, même s’il n’est pas inscrit, peut cliquer pour modifier le contenu, par des corrections, des ajouts ou des suppressions. Chacun peut aussi créer de nouvelles pages qui viendront enrichir l’encyclopédie. Pour l’édition des pages, une syntaxe wiki, sorte de langage HTML très simplifié, permet de traiter la mise en page et l’activation de liens.
Comme tout wiki, le logiciel MediaWiki est assorti de multiples fonctionnalités qui facilitent la consultation et la gestion du site. Il est par exemple possible de connaître à tout moment les dernières modifications apportées à l’ensemble du site (nouvelles pages, nouvelles contributions, etc.).
L’historique de toutes les contributions est conservé : versions successives de chaque page, auteurs, dates et motifs des modifications. On peut le consulter en cliquant sur l’onglet « historique ». Il est ainsi possible de comparer les textes de deux versions quelconques d’un article, même non consécutives, et d’y voir surlignés tous les passages modifiés. Ce dispositif de sauvegarde permanent permet de revenir au besoin à une version précédente. Ainsi, même les « vandales » (surnom donné aux personnes qui effacent ou détériorent un article) ne peuvent pas mettre Wikipédia en danger.
Les wikipédiens dûment inscrits peuvent en outre (grâce à l’onglet « Liste de suivi ») suivre l’évolution des pages de leur choix, par exemple celles auxquelles ils ont contribué, et faire preuve de vigilance quant à leur contenu. Ils peuvent ainsi rectifier la situation si des informations erronées sont ajoutées à un article, ou que sa qualité générale baisse (style, orthographe, présentation, clarté, besoin d’une synthèse des données, etc). Ce système de suivi des articles permet également de repérer les actes de vandalisme et, le cas échéant, de rétablir la version précédente du texte.
En cas de désaccord sur le contenu d’un article, un débat argumenté se déroule dans la page de discussion annexée à l’article (sous l’onglet « discussion »). Les pages de discussion font partie intégrante de Wikipédia, et leur lecture peut aider à mieux comprendre les points délicats traités dans un article. Parfois le débat a lieu sur les pages de discussion personnelles des contributeurs ou celles des projets thématiques, voire même, si le débat devient houleux, sur les pages consacrées à la résolution des conflits entre participants.
Contrairement à une opinion assez répandue, il n’y a jamais de vote pour déterminer le contenu d’un article. En principe, le contenu des articles qui portent sur des sujets controversés est établi à la suite de débats raisonnés et argumentés, et non en fonction de l’avis du plus grand nombre. Tant que ce principe sera respecté, Wikipédia ne deviendra pas une « démocratie d’opinion ».
Une des particularités de Wikipédia est d’être fondée sur la méfiance : on encourage en effet les wikipédiens à être vigilants et critiques de la qualité des contributions des autres participants. Cela concerne la détection des actes de vandalisme, mais aussi des contributions médiocres, entachées d’erreurs ou d’imprécisions ou qui ne respecteraient pas les règles de Wikipédia. Cette méfiance peut se traduire également par l’affichage de « bandeaux » (ébauches, désaccord de neutralité, évènement récent, etc.), ou d’un avertissement général d’absence de garantie quant à la validité des informations, ou encore par la remise en cause du classement « articles de qualité ».
Cette vigilance est le prix à payer en contrepartie de l’ouverture à tous de l’édition des articles de Wikipédia.
Wikipédia est un projet international : assemblée fondatrice de la Wikimédia de Serbie-et-Monténégro, en décembre 2005.
Wikipédia est éditée quotidiennement par de très nombreux internautes appelés wikipédiens résidant en divers lieux du globe.
Quiconque désire contribuer à Wikipédia peut s’inscrire en créant un nouveau compte, avec nom et mot de passe, mais il n’est pas obligatoire d’être inscrit pour modifier le contenu de l’encyclopédie. Les contributeurs dûment inscrits bénéficient toutefois d’une page personnelle et de fonctionnalités supplémentaires. De fait, la plupart des contributeurs sont inscrits. Wikipédia compte actuellement plusieurs dizaines de milliers de contributeurs pour la partie francophone et presque un million pour la partie anglophone.
Il n’existe pas de « chef » en tant que tel du projet Wikipédia. Pendant treize mois (à compter de janvier 2001), Larry Sanger fut rétribué par Bomis (la société dont Jimmy Wales est le principal actionnaire) pour son travail d’éditeur en chef et d’organisateur en chef de la Wikipédia anglophone. Mais il faut préciser que le travail qu’il avait effectué auparavant pour Nupédia (à compter de mars 2000) fut lui aussi intégré à Wikipédia. Larry Sanger a quitté Wikipédia et Nupédia le 1er mars 2002. Des employés actuels et passés de Bomis participent (ou ont déjà participé) au projet, soit en contribuant à l’encyclopédie (c’est le cas de Tim Shell), soit comme développeurs (comme pour Jason Richey et Toan Vo).
En ce qui concerne la Wikipédia francophone, il n’y a jamais eu d’éditeur en chef et le projet est entièrement géré par des participants volontaires. Pour y collaborer, il suffit de lire la page Aide :Premiers pas et éventuellement (mais cela n’est pas obligatoire) de s’inscrire, c’est-à dire de créer un compte.
Signalons enfin une catégorie très particulière de collaborateurs : les bots (abréviation de robots). Ce sont des agents automatiques ou semi-automatiques qui accomplissent des tâches répétitives et fastidieuses pendant les heures creuses de fréquentation. On leur confie par exemple la création automatique d’articles très structurés (communes, astéroïdes, etc.), la gestion des liens entre les différentes versions linguistiques de Wikipédia (liens interwiki), la correction des fautes courantes d’orthographe ou de typographie, etc.
Les wikipédiens ne donnent pas d’ordres aux autres wikipédiens. Toutefois certains d’entre eux jouissent de droits supplémentaires : les administrateurs, les stewards, les bureaucrates et les développeurs. Ainsi par exemple, les administrateurs[17] ont la possibilité de :
« Wikipedia » est une marque déposée de la Wikimedia Foundation, qui possède aussi les noms de domaine en relation avec Wikipédia, les serveurs Web qui hébergent Wikipédia et le logo de Wikipédia.
Depuis septembre 2006, c’est une française, Florence Nibart-Devouard, qui assure la présidence, à titre bénévole,[20],[21],[22] de la Wikimedia Foundation .
Puisque son fonctionnement est fondé, non pas sur l’autorité de quelques-uns, mais sur le respect par les wikipédiens des règles de la communauté, Wikipédia est-elle, au sens politique du terme, une encyclopédie anarchiste ? En ce sens, elle illustrerait la célèbre formule de Pierre Joseph Proudhon : « L’anarchie, c’est l’ordre sans le pouvoir » (Les Confessions d’un révolutionnaire).
Marc Foglia (docteur en philosophie et enseignant à Paris-I Sorbonne) estime[23] que l’anarchisme fait partie des courants philosophiques qui influencent Wikipédia. De même, Laure Endrizi, dans une étude[24] de l’Institut national de recherche pédagogique, évoque le thème de l’anarchie dans le comportement des contributeurs. Pour sa part, le professeur et chercheur Guillaume Lecointre voit en Wikipédia « un rêve anarcho-libéral » [25], tandis que le journal Le Monde estime que ce projet est « proche de l’utopie libertaire »[26]
En revanche, la déclaration de politique générale de la Wikipédia anglophone précise que cette encyclopédie n’est pas une expérience anarchiste, contrairement au wiki Anarchopedia. Bien que ce dernier site importe des articles de Wikipédia et reconnaisse sa filiation avec elle, Anarchopedia estime que la structure de pouvoir de Wikipédia est à l’opposé de ses principes d’organisation libertaire.[27]
On peut également établir un parallèle entre la capacité d’auto-organisation de la communauté des wikipédiens et la notion d’autogestion.
Enfin, le fonctionnement de Wikipédia est tout le contraire de l’anarchie, au sens courant de désordre, de confusion causée par le manque d’organisation ou l’absence de lois, de règles et de principes directeurs.
Wikipédia n’est pas une démocratie dans la mesure où il peut arriver que le contenu d’un article ne soit pas représentatif de l’opinion majoritaire des contributeurs. Dans le domaine de la connaissance, la minorité (voire une seule personne) devrait avoir gain de cause contre la majorité si ses arguments et ses raisonnements prouvent qu’elle défend la meilleure approche de la vérité.
En cas de désaccord sur le contenu d’un article, les wikipédiens cherchent à déterminer ce contenu par un débat argumenté et raisonné, afin d’en arriver à un consensus. Il n’y a jamais de vote sur le texte d’un article, car la retranscription des connaissances ne peut pas être le résultat d’un processus démocratique.
La déclaration de politique générale de la Wikipédia anglophone[28] souligne qu’elle ne constitue pas une expérience de système démocratique, ni d’ailleurs d’aucun autre système politique. En revanche, Wikipédia fait abondamment appel à des procédures de vote quand il s’agit de prendre des décisions[29].
Ces décisions concernent notamment :
Wikipédia fait également appel au vote pour élire :
Les serveurs de Wikimédia à Paris (non utilisés actuellement).
La gratuité d’accès à l’encyclopédie est l’un des fondements du projet Wikipédia, afin de permettre la diffusion des connaissances chez tous les internautes.
Pour cette raison, le financement de Wikipédia représente un défi, en raison surtout de la forte augmentation de la fréquentation, qui génère des besoins toujours croissants de bande passante, de serveurs et de maintenance. Selon les données et les graphiques d’Alexa, Wikipédia est devenu l’un des sites les plus fréquentés du Web. En décembre 2005, de 0,10 % à 0,15 % des pages consultées par les utilisateurs de la barre d’outils Alexa provenaient de Wikipédia.
La Fondation a rendu public son budget 2005, ainsi que son projet de budget pour le premier trimestre 2006.
La totalité des revenus de la Fondation Wikimédia provient des dons effectués par les utilisateurs et collaborateurs de Wikipédia. Ces dons font suite aux appels lancés par la Fondation Wikimédia quand le besoin s’en fait sentir.
Le 7 avril 2005, la Fondation Wikimédia et la société Yahoo annonçaient le don par cette dernière de 23 serveurs caches afin d’améliorer la capacité d’accueil de Wikipédia et des projets connexes. Ces serveurs, installés en Asie, sont entrés en service le 15 septembre 2005. L’accord passé avec Yahoo stipule que le don n’octroie à cette société aucun droit de propriété sur le contenu de Wikipédia, et que Yahoo ne demande pas à la Fondation Wikimédia de faire de publicité en retour.
Bien que la licence de documentation libre GNU autorise l’exploitation commerciale des documents concernés, le recours à la publicité ne fait partie ni des projets, ni des souhaits, de la Fondation Wikimédia. Une partie importante des wikipédiens serait d’ailleurs réticente ou même opposée à cette idée.
Enfin, la Fondation Wikimédia ne bénéficie d’aucune subvention des pouvoirs publics.
« Comment un système où l’édition est ouverte à tout le monde peut-il tenir ? », demande le sociologue Julien Levrel[31], avant de répondre : « Des procédures et des règles, seuls moyens de faire vivre un ensemble aussi hétérogène. »
En effet, par son organisation ouverte et en raison de l’absence de détenteurs de l’autorité, Wikipédia peut paraître très fragile, prête à s’effondrer sous les attaques des vandales, à être submergée de contributions non-respectueuses de ses règles, et même désertée par ses membres, las de querelles incessantes.
Qui plus est, Wikipédia subit régulièrement les attaques de vandales qui cherchent à en dégrader le contenu, voire à en effacer les pages. Des individus et des membres de sectes ou de partis politiques, désireux de promouvoir un point de vue particulier ou partisan, tentent périodiquement d’en modifier les pages, à l’encontre du principe de neutralité de point de vue. Sont particulièrment vulnérables sous ce rapport les articles relatifs à la religion et aux événements historiques, de même que certains articles biographiques.
Paradoxalement, Wikipédia peut également être menacée par la forte croissance de son audience. L’arrivée massive de nouveaux contributeurs, pleins de bonne volonté certes, mais peu informés des règles de Wikipédia, ne risque-t-elle pas d’entraîner une régression de la qualité des articles ?
Cependant, Wikipédia ne s’est pas encore effondrée ! Sa stabilité semble résider dans l’adhésion de la communauté des wikipédiens à un ensemble de procédures qui favorisent l’autorégulation, grâce à des dispositifs techniques et des modes opératoires eux-mêmes soumis à la concertation. Les principes de Wikipédia évoqués par le sociologue Julien Levrel sont suffisamment clairs et connus pour que tout nouveau contributeur puisse les assimiler rapidement et les défendre à son tour. Quant aux vandales, ils feront toujours preuve de moins de persévérance que les wikipédiens.
Symbole du travail de fourmi des wikipédiens, Miwiki fut proposée par Oliezekat pour le vote mondial du logo de Wikipédia en septembre 2003. Ce projet est parvenu en finale.
L’écrivain et chroniqueur Pascal Fioretto qualifie les wikipédiens de « mystérieux moines encyclopédistes »[32]. Au premier abord, consacrer du temps à Wikipédia ne paraît pas une activité particulièrement attrayante. Il est nécessaire :
Pourtant, un grand nombre d’internautes se portent volontaires et consacrent beaucoup de temps à l’amélioration de Wikipédia. Il est d’ailleurs intéressant de noter que la plupart de ces wikipédiens œuvrent sous un pseudonyme, sans chercher de reconnaissance (dans la vie réelle) pour le travail accompli pour cette encyclopédie.
Pour expliquer cela, les wikipédiens eux-mêmes avancent un grand nombre de raisons dans leurs discussions. Celles-ci révèlent d’ailleurs la diversité de leurs convictions personnelles sur les plans politique, religieux ou autre. Si une constante pourtant devait se dégager, ce serait sans doute le plaisir de se confronter à la retranscription des connaissances, lié à l’attrait de l’humanisme qui ressort de la démarche propre à Wikipédia.
À ce sujet, Jimbo Wales déclare ceci :
Traduction française :
Wikipédia n’est pas un forum de discussion, mais plusieurs thèmes, concernant la nature des connaissances que devrait contenir Wikipédia, font l’objet de débats de fond récurrents. Faute de solutions définitives, les décisions sont prises au cas par cas.
Détail du portail multilingue http://www.wikipedia.org, montrant les plus importantes éditions de Wikipédia.
Le statut de Wikipédia en tant que source de référence est un sujet de controverse. En effet, l’audience grandissante de Wikipédia a conduit un grand nombre de personnes à formuler des avis critiques sur la fiabilité des informations présentées dans cette encyclopédie. Ces critiques étant récurrentes, une page spéciale de Wikipédia est consacrée aux réponses aux objections les plus fréquentes.
L’anonymat de la majorité des contributeurs est une des principales critiques adressées au principe de fonctionnement de Wikipédia. Ainsi, Guillaume Lecointre, professeur au Muséum national d’histoire naturelle à Paris, écrit[25] à propos de Wikipédia : « L’identification du signataire fait partie de l’information scientifique, puisqu’elle permet de retourner aux sources pour toute vérification et recoupement », et « Il vaut mieux un mauvais texte signé, plutôt qu’un texte moyen non signé. Les ultralibéraux et les « anarchistes » autoproclamés des encyclopédies libres récusent que des intellectuels puissent avoir pour tâche de délivrer gratuitement de la connaissance. Connaissance pour laquelle ils ont un haut degré d’expertise. Cela s’appelle les chercheurs payés par l’État. »
Le manque apparent de responsabilité des auteurs et de références bibliographiques comparé à d’autres encyclopédies, paraît favorisé par l’anonymat de la majorité des contributeurs. À la suite de la découverte sur Wikipédia de l’article le concernant, le journaliste Daniel Schneidermann exprime[35] ainsi sa réaction : « D’abord, ça fait drôle. Ensuite, ça glace un peu. Ça glace, parce que ce texte est anonyme. Je ne sais pas qui a écrit ça. Je ne sais pas qui a choisi, dans les mille actes publics qui composent ma carrière, cette poignée de faits et de mots, plutôt qu’une autre » et « Mais chacune de vos phrases, monsieur (ou madame) le (la) biographe anonyme, en apparence purement informative, est pourtant un éditorial masqué. Chacun de vos choix (longueur, brièveté, ou absence de tel ou tel épisode) est… un choix, justement. Raconter, c’est choisir un récit, parmi mille possibles. »
L’absence de filtrage des éditeurs en fonction de leurs compétences, et plus généralement de comité de validation[7] garantissant la qualité des articles, est considérée comme portant atteinte à la fiabilité des informations présentées dans Wikipédia, car ces informations ne sont pas soumises à une démarche de validation scientifique, mais sont régulées par le principe de neutralité.
Par exemple, pendant près de 10 mois, un article sur une mystérieuse île nommée Porchesia attira la curiosité de nombreux lecteurs, jusqu’au jour où un administrateur découvrit que l’île en question n’avait jamais existé, et supprima bien sûr ce texte. L’article est toutefois lisible sur le site Answers.com[36].
D’une façon plus générale, l’ouverture à tous du contenu de Wikipédia présente des risques liés à la véracité de ce contenu qui n’est pas systématiquement vérifié, de la distinction classique entre producteurs et consommateurs d’informations, et à l’absence de médiateur entre les deux. Ainsi, le journaliste Daniel Schneidermann questionne[37] à propos des articles de Wikipédia : « Qui donc travaille dans l’ombre à la rédaction des versions définitives ? Quelle autorité supérieure arbitrera ? Mystères. Dans l’impossible rôle d’organe de référence, le successeur du Monde s’appellera peut-être Wikipédia. Mais il n’est pas certain que la démocratie gagne au change. »
L’absence de filtrage a priori et le filtrage non garanti a posteriori induit également le risque de voir des sectes ou des extrémistes utiliser Wikipédia pour faire de la propagande, ou bien des génies autoproclamés diffuser des informations farfelues. Daniel Schneidermann s’inquiète[37] à ce sujet : « Mais cette séduction ne dissipe pas les inquiétudes que suscite l’émergence possible d’un nouvel organe de référence parfaitement anonyme, et donc vulnérable à toutes les manipulations. Qui aura le temps et l’énergie nécessaires pour actualiser, jour après jour, Wikipédia ? Les plus impliqués, les plus militants, les mieux organisés. »
Concernant le risque de voir se propager des informations erronées ou tendancieuses, cette interrogation se pose notamment à l’égard des élèves et des étudiants à la recherche de connaissances sur le Web. Le site Le Café Pédagogique, consacré à l’actualité pédagogique sur Internet, déconseille[38] [39] aux enseignants l’utilisation de Wikipédia après la lecture de l’article consacré au Maréchal Pétain (dans sa version de l’époque). Les termes employés sont les suivants : « Les outils de type Wiki peuvent permettre le travail collaboratif et supporter des démarches pédagogiques de qualité. Il n’en est pas de même pour le Wikipédia français (sic) qui sert trop souvent des intérêts éthiquement inconciliables avec l’École de la République », et « Le problème, c’est que Wikipédia n’est malheureusement plus un outil recommandable pour les enseignants. Le projet, fort sympathique au départ, sert des intérêts qui suscitent des interrogations. […] Tant que la clarté ne sera pas faite sur le fonctionnement de Wikipédia et le ménage dans ses articles, nous déconseillons aux enseignants de l’utiliser avec les élèves ».
Une conséquence du franco-centrisme : la sur-représentation de la France sur les autres pays, et de Paris et les principales villes du monde dans la wikipédia francophone. Sur cette carte, réalisée le 15 novembre 2005, les carrés sont proportionnels aux nombres de liens vers les articles correspondants (calculé sur les 1000 pages les plus liées).
La Neutralité de point de vue (« décrire le débat plutôt que d’y participer »[11]) peut être considérée comme une illusion ou un préjugé politique ou culturel. Mais son application incomplète est aussi critiquée. Ainsi, un biais systémique observé de façon récurrente est le caractère trop franco-centré de la Wikipédia francophone.
Pour les sujets polémiques, le principe de neutralité de point de vue conduit à rechercher le consensus des éditeurs après un débat raisonné, plutôt que de l’éviter en employant des arguments d’autorité. Cette démarche risque de viser à atteindre le consensus social plutôt que la vérité, et de favoriser le relativisme[40], quitte à tolérer des discours infondés sur des sujets relevant de la science, ou du prosélytisme pour des sectes par exemple.
Une erreur est de croire que la neutralité est un critère incontournable ou premier de Wikipédia, puisque c’est la pertinence qui est décrite comme telle dans les pages Wikipédia :
Ainsi la pertinence est-elle première par rapport à la neutralité (qui peut même apparaître marginale), c’est-à-dire le savoir des experts, par opposition aux points de vue divers des non-experts :
Le vandalisme est pratiqué par un grand nombre de personnes qui exploitent la nature ouverte de Wikipédia pour dégrader son contenu, le plus souvent de façon anonyme. Les actes de vandalisme semblent perçus comme un jeu par une partie de leurs auteurs. Ainsi, la journaliste Ariane Massenet a vandalisé l’article consacré à Elvis Presley, en direct lors de l’émission Le Grand Journal sur Canal+, le 17 octobre 2005[41].
Parmi les nombreuses autres critiques adressées à Wikipédia, les principales sont les suivantes :
Larry Sanger fut le rédacteur en chef du projet Nupédia, et il est considéré comme le cofondateur de Wikipédia, bien que son rôle précis fasse l’objet d’une controverse avec Jimmy Wales. Il démissionna de ses fonctions au sein de Nupédia et de Wikipédia en mars 2002.
En raison du travail accompli lors de la création de cette encyclopédie, la publication d’un article de Larry Sanger très critique envers Wikipédia a eu un fort retentissement. Dans ce texte paru en décembre 2004, « Why Wikipedia must jettison its anti-elitism »[42] (Pourquoi Wikipédia doit se débarrasser de son anti-élitisme), Larry Sanger développe les objections suivantes :
Larry Sanger continue à développer ces idées dans le cadre du projet Citizendium, lancé le 16 septembre 2006[43][44]. Ce site serait dans un premier temps un simple miroir du contenu de Wikipédia (« a progressive fork » , sous forme de wiki au contenu ouvert et libre. En revanche, les éditeurs devraient répondre à certains critères de compétence, ils ne pourraient pas être anonymes, et leurs modifications devraient être approuvées par des experts. Tout en présentant ce projet comme concurrent et meilleurs que Wikipédia, Larry Sanger souligne que Citizendium ne sera pas une encyclopédie mais un espace de travail expérimental.
Le magazine scientifique Nature a publié le 15 décembre 2005 un article[45] montrant les résultats d’une étude portant sur 50 articles du domaine scientifique issus de Wikipedia (version anglaise), et les 50 mêmes de l’Encyclopædia Britannica ayant approximativement la même longueur. Tous ces articles ont été soumis à des experts dans leurs domaines pour y révéler des erreurs, approximations ou tout autre défaut. Sur les 50, seuls 42 ont été vraiment traités :
L’écart n’est donc pas très important avec la vénérable encyclopédie de référence dans le monde anglophone, eu égard au mode de fonctionnement de Wikipédia. Mais il est tout de même important de noter que l’étude n’a touché qu’à des articles scientifiques, donc moins sujets à controverse que certains touchant l’histoire, la politique ou la religion. De plus, 42 articles ne peuvent être représentatifs des plus de 850 000 articles que comptait à l’époque la version anglaise de Wikipédia.
Par ailleurs, l’Encyclopædia Britannica a publié en mars 2006 une réfutation de l’étude publiée par Nature[46]. La conclusion de l’Encyclopædia Britannica est la suivante : « Almost everything about the journal’s investigation, from the criteria for identifying inaccuracies to the discrepancy between the article text and its headline, was wrong and misleading » (Presque tout dans cette enquête, depuis les critères pour identifier des inexactitudes jusqu’à la discordance entre le texte d’un article et son titre, était erroné et fallacieux).
Cette accusation a immédiatement fait l’objet d’une réponse du magazine scientifique qui la rejette en affirmant que cette comparaison était juste et explique pourquoi il refuse de retirer l’article. L’examen des articles de Wikipedia et des articles de Britannica se faisant dans les mêmes conditions, les analyses auraient donc été pareillement sévères envers les 2 encyclopédies.
John Seigenthaler est un journaliste, un écrivain et une figure de la politique américaine. Il fut adjoint administratif de Robert Francis Kennedy, et l’un des porteurs de son cercueil. Par un de ses amis, il découvre en septembre 2005 que la Wikipédia anglophone le présente comme soupçonné d’être directement impliqué dans les assassinats du président John Fitzgerald Kennedy et de son frère Robert : « John Seigenthaler Sr. was the assistant to Attorney General Robert Kennedy in the early 1960’s. For a brief time, he was thought to have been directly involved in the Kennedy assassinations of both John, and his brother, Bobby. Nothing was ever proven » (que l’on peut traduire par « John Seigenthaler senior était l’assistant de l’Attorney General Robert Kennedy au début des années 1960. Pendant un court instant, on a pensé qu’il était impliqué aussi bien dans l’assassinat de John Kennedy que de son frère Bobby. Rien n’a jamais été prouvé »). Il était également écrit que Seigenthaler était parti en Union soviétique en 1971, et qu’il était revenu aux États-Unis en 1984.
Ce texte diffamatoire est resté en ligne du 26 mai au 5 octobre 2005, avant d’être supprimé, y compris de l’historique de l’article. Cette durée particulièrement longue (132 jours) a induit un risque élevé de diffusion de cette information erronée. Elle fut ainsi reproduite par les sites Reference.com et Answers.com.
Brian Chase, le vandale responsable de cette désinformation, s’est dénoncé, puis il a démissionné de son emploi. Il a expliqué avoir simplement voulu mystifier un de ses collègues, sans avoir conscience des conséquences de son acte. Après avoir écrit une lettre d’excuse, et s’être entretenu avec Seigenthaler au téléphone, ce dernier a décidé de ne pas le poursuivre.
Seigenthaler a publié un article intitulé A false Wikipedia ’biography’[47] dans le journal USA Today pour décrire cette mésaventure. Il écrit notamment : « I am interested in letting many people know that Wikipedia is a flawed and irresponsible research tool » (que l’on peut traduire par « Je souhaite faire savoir à beaucoup de gens que Wikipédia est un outil de recherche défectueux et irresponsable »).
Cette affaire a provoqué une vive controverse dans les différents médias, qui se sont montrés très critiques sur le manque de fiabilité des informations contenues dans Wikipédia, et sur la facilité d’insérer des données erronées ou malveillantes.
Bertrand Meyer est le créateur du langage de programmation orienté objet Eiffel, professeur à l’École polytechnique fédérale de Zurich. Début janvier 2006, il est contacté par Christian Kirsch, un éditeur sur Internet, qui lui apprend que la notice bibliographique le concernant dans la Wikipédia germanophone, annonce son décès le 24 décembre 2005. Selon Bertrand Meyer, la traduction en anglais de ce texte est la suivante : « According to the latest reports, Bertrand Meyer died on 24.12.2005 in Zurich. On 23.12.2005, exam results were published ; links between that publication and his death couldn’t be confirmed » (Selon les dernières nouvelles, Bertrand Meyer est décédé le 24 décembre 2005 à Zurich. Le 23 décembre 2005, des résultats d’examens étaient publiés ; les relations entre cette publication et sa mort ne peuvent être confirmées.)
Dès qu’ils furent avertis, les administrateurs de Wikipédia ont effacé cette information erronée, même dans l’historique de l’article. Mais Christian Kirsch publie un article[48] qui rend publique cette affaire. Ce texte attire l’attention des médias, avec des articles dans le Spiegel[49], dans le Tages-Anzeiger (un des principaux quotidiens de Zurich), et dans plusieurs journaux et radios suisses, allemands et autrichiens.
Les journalistes ont fait un parallèle entre cette affaire et celle dont fut victime John Seigenthaler. Toutefois, le préjudice étant sensiblement moins grave, Bertrand Meyer réagit avec beaucoup d’humour. Il décrit cette mésaventure dans un texte intitulé : Défense et illustration de Wikipédia[50].
Il existe environ 200 éditions de Wikipédia localisées par langue, et parmi elles une centaine sont actives.
La liste suivante présente les éditions de plus de 100 000 articles au 17 janvier 2007.
Pour l’ensemble des éditions de Wikipédia, le total des articles au 17 janvier 2007 est de 6,2 millions.
Consultez aussi (en) meta :Complete list of language Wikipedias available pour une liste complète.
Le projet Wikipédia ne concerne pas seulement les langues bénéficiant d’un grand nombre de locuteurs. Ainsi, des encyclopédies sont rédigées dans les langues corse, occitane, bretonne, slovaque, basque, catalane, hongroise, en esperanto, ou en anglais simplifié.
Richard Stallman donnant une conférence sur le thème Copyright and Community lors de la Wikimania de 2005 à Francfort.
En dépit de son apparente modernité, Wikipédia s’inscrit dans une tradition classique de collecte et d’organisation des savoirs. Ce projet s’inscrit par exemple dans le prolongement des encyclopédistes, tel Denis Diderot au XVIIIe siècle.
À la fin du XIXe siècle, les Belges Henri La Fontaine et Paul Otlet inventent la Classification décimale universelle, mais ils entrevoient aussi un système d’accès à distance aux connaissances qu’Otlet décrit ainsi : « On peut imaginer le télescope électrique, permettant de lire de chez soi des livres exposés dans la salle des grandes bibliothèques, aux pages demandées d’avance. Ce sera le livre téléphoné. »
L’idée d’utiliser un processus automatisé allant au-delà de la simple impression de contenu pour construire une encyclopédie plus souple et plus riche peut être trouvée dans la nouvelle d’H. G. Wells World Brain (1937) et dans la vision futuriste de Vannevar Bush du lien hypertexte appelé Memex, dans son article As We May Think (1945).
En 1960, Ted Nelson franchit une étape conceptuelle importante avec son projet Xanadu de système d’information « au bout des doigts », anticipant également l’hypertexte.
En 1999, le fondateur de la Free Software Foundation, Richard Stallman, lance l’idée d’une encyclopédie libre et universelle (The Free Universal Encyclopedia and Learning Resource[51]) préfigurant les encyclopédies telles que Wikipédia.
Wikipédia est à l’origine issue de Nupédia.
Wikipédia est à l’origine issue de Nupédia, un projet d’encyclopédie en ligne gratuite fondée en mars 2000 par Jimmy Wales et soutenue par la société Bomis (dont Jimmy Wales est l’actionnaire majoritaire), qui participa au montage financier du projet et qui engagea à temps plein Larry Sanger, au titre de rédacteur en chef. L’encyclopédie Nupédia fonctionnant avec un comité scientifique, sa progression se révéla cependant lente et, en janvier 2001, à cause de la frustration occasionnée par cette lenteur de progression, Larry Sanger proposa la création d’un wiki afin d’accroître la vitesse de développement des articles. Cette idée de mettre en application le format wiki pour élaborer une encyclopédie a germé à la suite d’une conversation que Larry Sanger eut avec le programmeur Ben Kovitz, qui lui expliqua le concept des wikiwiki lors d’un repas à San Diego, le matin du 2 janvier 2001. Larry Sanger proposa alors à Jimmy Wales d’allier le potentiel du format wiki à la mise en place d’une encyclopédie plus souple, ce qui donna lieu à la création de l’encyclopédie Wikipédia.
La participation de Larry Sanger à la création de l’encyclopédie (son statut de cofondateur) est remise en cause par Jimmy Wales, en particulier par les multiples retouches de ce dernier à son propre article sur Wikipédia[52], ce qui amène fin 2005 à de nombreux articles dans la presse anglophone, ainsi qu’à des images humoristiques sur le sujet[53].
Jimbo Wales, le cofondateur de Wikipédia
Fondée par Jimmy Wales et Larry Sanger, Wikipédia a vu le jour en anglais le 15 janvier 2001. L’encyclopédie Wikipédia francophone, officiellement fondée le 23 mars 2001, fut quant à elle le premier pendant dans une autre langue de cette encyclopédie qui se développe depuis de manière multilingue.
À partir de ce moment, Larry Sanger travailla parallèlement à l’encyclopédie Nupédia et à l’encyclopédie Wikipédia, pour laquelle il a participé à la formulation de la majorité des politiques d’origine. Suite à la suppression en février 2002 du budget de Bomis alloué à la rétribution de son travail pour Nupédia et Wikipédia, Larry Sanger a officiellement démissionné le 1er mars 2002 de son titre d’éditeur en chef de Nupédia et de ses fonctions d’organisateur en chef de Wikipédia. Pendant l’année suivant son départ, Nupédia cessa ses activités à cause de la lenteur de sa progression (Nupédia fut définitivement fermée le 26 septembre 2003) et Wikipédia, elle, continua au contraire son expansion.
Dès lors, le projet Wikipédia a opéré par consensus, utilisant les règles et recommandations adaptées au cours du temps par les différents contributeurs. Le 20 juin 2003, la Fondation Wikimédia, http://wikimediafoundation.org, a été créée pour gérer et financer les différents projets de Wikipédia. Les règlements généraux de la Fondation Wikimédia ont été établis en janvier 2004.
La réalisation d’une version de Wikipédia en langue anglaise sur papier, CD-Rom ou DVD a été proposée en août 2003 par Jimmy Wales. Mais début 2006, ces projets ne se sont toujours pas concrétisés.
En revanche, la Wikipédia en langue allemande est vendue sur CD-ROM depuis le deuxième semestre 2004. Le nombre symbolique du 10 000e CD-ROM vendu a été franchi en avril 2005. Une diffusion sous forme de DVD est également assurée depuis le printemps 2005. Toujours pour la Wikipédia en langue allemande, des « wikireaders » ont été diffusés. Ces dossiers sur support papier rassemblent des articles de Wikipédia relatifs à un thème donné.
Le projet moulin la wikipédia offline diffuse l’image ISO d’un CD-Rom contenant tous les articles de la Wikipédia francophone, sans les images.
Différents logiciels permettent également de transformer le contenu de Wikipédia sous forme de fichiers consultables sur des assistants personnels.
La recherche de moyens techniques et économiques permettant de rendre accessible les informations de Wikipédia par d’autres voies qu’Internet, est liée au projet d’une diffusion la plus large possible des connaissances. Le projet de distribution sur papier est destiné en particulier aux personnes n’ayant pas les moyens de se raccorder au Web.
Wikipédia et ses projets parallèles sont des wikis libres. Créé en 1995 par Ward Cunningham, le premier wiki appelé WikiWikiWeb tire son nom du mot hawaïen « WikiWiki », qui signifie « vite ». Développés à l’origine par des communautés de développeurs de logiciels libres, les Wikis sont des sites Web dynamiques, dont tout visiteur peut modifier la page qu’il est en train de lire. Grâce à cette caractéristique, sur un Wiki, la limite entre le lecteur et l’auteur tend à disparaître. La syntaxe de Wikipédia est beaucoup plus simple que le HTML, et il suffit de quelques instants pour l’apprendre (deux apostrophes pour mettre en italique, trois pour mettre en gras, deux crochets pour un lien).
Wikipédia fonctionne avec le logiciel libre MediaWiki. Les données de Wikipédia (présentes dans une base de données), toutes langues confondues, peuvent être téléchargées à partir de http://download.wikipedia.org.
La maintenance et le développement de MediaWiki sont assurés par une équipe d’une soixantaine de développeurs, répartis en quatre groupes : Root, Shell, CVS, MySQL Support. Brion Vibber [54] est à la fois le principal développeur, le « Chief Technical Officer », et l’un des salariés de la Fondation Wikimédia. Il est par ailleurs capable de s’exprimer en français, et d’intervenir dans les listes de diffusion francophones.
Le succès croissant de Wikipédia nécessite l’emploi d’un grand nombre de serveurs qui fonctionnent tous avec un système d’exploitation GNU/Linux :
Les serveurs sont organisés en trois couches :
Plusieurs sites (comme Ganglia) permettent de consulter diverses informations sur le fonctionnement des serveurs comme la charge des processeurs, la mémoire occupée.
Pour plus de précisions : voir la présentation détaillée de l’architecture et du statut des serveurs en français ou, pour un exposé plus à jour, en anglais.
Wikipédia a gagné deux récompenses majeures en Mai 2004.[55] La première récompense était le Nica d’Or pour les communautés digitales, qui fut décerné à Wikipédia par Prix Arx Electronica. Cette récompense fut accompagnée de €10000 et d’une invitation au Festival PAE Cyberarts en Autriche plus tard dans l’année. Le second prix était une Webby Award pour la catégorie « communauté ». [56] Wikipédia fut aussi nominé dans la catégorie « Meilleures Pratiques ». En Septembre 2004, la version japonaise de Wikipédia reçu la Web Creation Award de la part de l’Association des Publicitaires Japonais. Cette récompense, normalement donnée à des personnes réelles pour de grandes contributions sur le Web en Japonais, fut accepté par un contributeur de longue date sur le projet Japonais.
Wikipédia est occasionnellement comparée aux projets collaboratifs en ligne suivants :
Cet article, publié sur le site Framasoft, présente une série de critiques de Wikipédia et propose un système d’édition inspiré du développement des logiciels libres.
Le terme de « médiateur » employé comme titre de cet article renvoie en fait à la fonction de membre du Comité d’arbitrage.
Article présentant une interview d’un wikipédien spécialisé dans la correction des fautes d’orthographe dans la Wikipédia anglophone.
Article présentant une interview de Jimmy Wales citant le conflit entre inclusionnistes et suppressionistes.
Dans cet article, Daniel Schneidermann exprime ses craintes devant les possibles dérives de Wikipédia.
Texte concernant l’article de Wikipédia sur le Maréchal Philippe Pétain dans sa version de l’époque.
Article déconseillant aux enseignants l’utilisation de Wikipédia.
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