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Quand Hollywood sonnait l'alarme sur Arte.tv

Soleil vert : retour sur une oeuvre culte et visionnaire

Dans le cadre d'un cycle de documentaires consacrés à la science-fiction

Sorti il y a près de cinquante ans, ce film visionnaire est devenu une référence du cinéma de science-fiction. Richard Fleischer décrit une Amérique plongée dans une canicule permanente, où la nature a disparu et dont l’action se situe en… 2022. Arte consacre une soirée autour de Soleil Vert le mercredi 12 octobre prochain à partir de 20h50. L’occasion pour la chaîne culturelle de diffuser un cycle de documentaires consacrés aux oeuvres visionnaires de la science fiction : 1984 d’Orwell, Le meilleur des mondes de Huxley ou encore Robots de Isaac Asimov. Et bonne nouvelle l’ensemble de ces films sont déjà disponibles sur Arte.tv ! Indispensables face aux éructations d’un Trump qui martèle « Ce que vous voyez et lisez n’est pas la vérité ». Asimov lui rétorquer que « l’humanité n’a plus les moyens de gaspiller ses ressources financières et affectives dans d’interminables conflits dépourvus de sens« .

Soleil Vert de Richard Fleisher New York, 2022. Les ressources naturelles sont épuisées. La population se nourrit exclusivement d’aliments synthétiques : des doses de «soleil vert» fabriquées par la compagnie Soylent. Le détective Thorn, qui partage son appartement avec un vieillard, Sol Roth, enquête sur la mort suspecte de Simonson, un haut dirigeant de l’entreprise. Mais l’affaire est subitement classée par la police, et les témoins gênants disparaissent… 10574-1-crop-huge-photo-v1.jpg Les premiers plans, vertigineux, qui plongent sur New York , s’écrasent dans des poubelles remplies d’ordures, dans des carrières submergées de déchets, qui rappellent certaines images actuelles. Pour accéder à son appartement, Thorn escalade des hommes tassés les uns contre les autres. Ses richesses naturelles épuisées, la planète se réduit à un terrain vague pollué et surpeuplé. Le «soleil vert», petit carré de nourriture synthétique, est devenu le nec plus ultra de la gastronomie. Seuls les anciens ont connu le temps des vraies saveurs. Roth, l’ami de Thorn, peste sans arrêt contre «ces cochonneries sans odeur et sans goût». Le vocabulaire même est déshumanisé : les plus nantis se réservent le «mobilier», c’est-à-dire de jolies poupées de luxe… 10574-6-crop-huge-photo-v1.jpg Magnifiquement servie par un Charlton Heston convaincant en privé opiniâtre, approchant, à ses risques et périls, l’abominable vérité, cette vision cauchemardesque du XXIe siècle désormais advenu résonne étrangement en cette année 2022. Pour Olivier Père, critique de cinéma et directeur d’Arte France Cinéma, « Soleil vert n’est pas sur la fin du monde mais sur la catastrophe au quotidien, la lente mais inexorable destruction de la planète et des ressources naturelles, et avec elles de la démocratie et des fondements moraux qui régissent la civilisation humaine ». Alors 50 ans après sa sortie faut-il revoir Soleil Vert ? Pour Olivier Père, c’est une évidence : « Sans effets spéciaux mais avec beaucoup d’intelligence et des scènes inoubliables (le générique constitué de photographies et d’images documentaires racontant l’histoire du XXe siècle à travers l’industrialisation et la destruction de la nature, les manifestants dispersés à l’aide de bulldozers, la mort d’Edward G. Robinson, le seul ami de Charlton Heston dans le film, qui choisit l’euthanasie lorsqu’il découvre l’effroyable vérité), Soleil vert a très bien vieilli à la différence d’autres films d’anticipation réalisés avant ou après lui parce que sa mise en scène, son histoire et son interprétation sont exceptionnelles et qu’il ne repose pas sur des trucages réussis ». Alerte rouge, quand Hollywood sonnait l’alarme En 1973, Soleil vert de Richard Fleischer, avec Charlton Heston, est le premier film de science-fiction à évoquer non pas une menace exogène (attaque de martiens, guerre nucléaire…), mais une catastrophe climatique et environnementale dont l’homme est le seul responsable. Vrai plaidoyer écologique, le film a également marqué les débuts de la conscience environnementale sur le grand écran et fait à sa suite de nombreux émules à Hollywood. Mais depuis cinquante ans, quelles leçons en avons- nous tiré ? Le documentaire de Jean-Christophe Klotz fait intervenir des critiques de cinéma, des acteurs et techniciens qui ont participé à l’aventure du film, mais aussi des climatologues et des économistes. Il retrace la fabrication d’une œuvre culte aux nombreuses scènes d’anthologie, tout en explorant ses nombreuses et troublantes résonances contemporaines. Car sur bien des aspects, Richard Fleischer a visé juste. À contre-courant de l’euphorie dominante de la fin des années 1960, il sent que la question écologique va devenir cruciale dans les décennies futures. Le documentaire de Jean-Christophe Klotz est disponible jusqu’au 26/03/2023 sur arte.tv .

Cycle Science-fiction sur Arte.tv

La diffusion de Soleil Vert et du documentaire Alerte rouge s’inscrivent dans le cycle Science-fiction proposé sur l’antenne de Arte et déjà en accès libre sur Arte.tv. Plongez dans les œuvres visionnaires des grands auteurs de science-fiction, dont les récits foisonnants et passionnants ont anticipé les enjeux glaçants du monde contemporain : les mondes virtuels, les sociétés totalitaires, les technologies asservissantes ou les désastres écologiques. Isaac Asimov : L’étrange testament du père des robots 56170-5-crop-huge-photo.jpg Considéré comme l’un des maîtres de la science-fiction, Isaac Asimov a exploré des thématiques futuristes qui font écho aux grands défis actuels. Quel message d’espoir a-t-il à nous livrer ? En 1923, Isaac Asimov a 3 ans quand ses parents émigrent de Russie aux États-Unis. Lecteur compulsif et passionné d’histoire, le gamin dévore les illustrés que vend son père dans une échoppe à New York. Devenu docteur en biochimie, après s’être consacré à l’enseignement universitaire, il se replie dans son bureau-bibliothèque pour tenter de répondre à cette question qui le taraude : « Où allons-nous ? » Pour y parvenir, il publiera plus de cinq cents livres : des romans et des nouvelles de science-fiction, ainsi que des ouvrages de vulgarisation scientifique. Auteur de trois cycles romanesques majeurs – Fondation, Robots et Empire –, Isaac Asimov a imaginé à quoi pourrait ressembler notre futur, proche et plus souvent lointain. Trois décennies après sa mort, son œuvre visionnaire fait encore écho aux grands défis d’aujourd’hui. D’une cassette vidéo, avalée par un antique magnétoscope, émerge le visage d’Isaac Asimov. Pendant près d’une heure, recréé par une intelligence artificielle, son avatar nous livre un passionnant message testamentaire, construit à partir d’extraits des conférences, livres, préfaces, articles, entretiens et lettres personnelles qu’il a produits entre 1950 et 1989. Illustré par de nombreuses archives, le portrait que consacre à Asimov Mathias Théry ne donne qu’une envie : se (re)plonger dans son œuvre pour méditer ce que ce génial écrivain espérait pour nous, lui qui avait compris que « l’humanité n’a pas les moyens de gaspiller ses ressources financières et affectives dans d’interminables conflits dépourvus de sens« . Le documentaire de Mathias Théry est à visionner jusqu’au 03/04/2023 sur Arte.tv. George Orwell, Aldous Huxley : « 1984 » ou « Le meilleur des mondes » ? 45974-1-crop-huge-photo.jpg Romans cultes d’anticipation, 1984 d’Orwell et Le meilleur des mondes de Huxley mettent en scène le contrôle des masses par le totalitarisme et celui par l’abondance. À l’heure de leur retour en force en librairie, le film documentaire de Philippe Calderon et Caroline Benarrosh confronte ces visions en miroir de nos sociétés démocratiques surveillées. Avant l’ère de la surveillance généralisée, des fake news ou des bébés sur mesure, deux romans d’anticipation du XXe siècle ont alerté sur les dérives des sociétés démocratiques : Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley et 1984 de George Orwell, parus respectivement en 1932 et 1949. Écrits par deux Anglais, qui se croisent en 1917 au chic collège d’Eton − le premier, professeur dandy, y enseignait le français au second, Eric Blair de son vrai nom, boursier égaré dans l’institution −, ces livres mettent en scène des dystopies également cauchemardesques mais foncièrement divergentes. Quand Le meilleur des mondes annonce une aliénation consentie au travers d’une civilisation hédoniste, consumériste et eugéniste dans une Londres futuriste, 1984 dénonce la surveillance systématisée d’un régime totalitaire, sous l’œil terrifiant − et faussement rassurant − de « Big Brother ». Si George Orwell a lu avec passion le roman de son aîné, l’ancien combattant du POUM (Parti ouvrier d’unification marxiste) en Catalogne pendant la guerre d’Espagne a été marqué par la violence et la propagande des fascismes en Europe comme du stalinisme en URSS. Issu d’une famille nantie de scientifiques et frère d’un biologiste eugéniste, Huxley, à son tour, jugera le livre d’Orwell « profondément important », mais ne partagera pas sa vision de l’avenir, qui ne peut, selon lui, se réduire à « une botte dans un visage ». L’un redoute une dictature scientiste qui, en s’appuyant sur les biotechnologies, asservirait des individus programmés, quand l’autre imagine un État bureaucratique et répressif qui confisquerait la liberté de penser et la mémoire. 45974-4-crop-huge-photo.jpg En confrontant les versions du « monde d’après » d’Aldous Huxley et de George Orwell, comme les itinéraires respectifs des deux écrivains, ce documentaire montre combien leurs œuvres visionnaires, qui ont en commun la manipulation du langage et la falsification de l’histoire, rencontrent les enjeux glaçants du monde contemporain, sorte de monstre hybride à la croisée de leurs romans. Éclairée par les analyses de critiques, d’écrivains (Boualem Sansal) et de philosophes (Cynthia Fleury), comme de l’émouvant témoignage du fils adoptif de George Orwell, Richard Blair, une relecture opportune, au temps de la surconsommation, des caméras à reconnaissance faciale, des réseaux sociaux ou encore des éructations de Donald Trump qui martèle : « Ce que vous voyez et lisez n’est pas la vérité. » Le documentaire de Philippe Calderon et Caroline Benarrosh est disponible jusqu’au 27/03/2023 sur Arte.tv. Les mondes de Philip K. Dick 25371-9-crop-huge-photo.jpg Ce documentaire de Yann Coquart et Ariel Kyrou nous plonge dans la vie et les écrits d’un extraordinaire écrivain de science-fiction, dont l’œuvre a anticipé comme aucune autre le monde paranoïaque et technologique de notre XXIe siècle. L’œuvre de K. Dick est souvent comparée à celle de Kafka, Orwell et Asimov, mais plus de trente ans après sa disparition, l’écrivain semble être le plus visionnaire de l’ère digitale. Figure de la contre-culture, mais méconnu de son vivant, il fait partie de ces auteurs dont le nom est devenu un adjectif : « dickien ». Il existe un sentiment dickien de l’existence, fait de doutes et d’angoisses sur la nature du réel, mais aussi de questionnements sur la notion d’humanité. Agoraphobe, l’écrivain n’a quasiment jamais quitté sa banlieue californienne, mais a voyagé en esprit à travers un nombre incalculable d’univers – souvent avec l’aide d’amphétamines. Il décrit nombre des thèmes qui hantent nos vies aujourd’hui : les mondes virtuels, les sociétés totalitaires, les technologies asservissantes ou les désastres écologiques. Yann Coquart et Ariel Kyrou s’appuient sur les témoignages de ceux qui l’ont connu, dont ceux de sa veuve et de son biographe, pour fouiller la personnalité de K. Dick, révélant un personnage aussi fascinant que tourmenté : paranoïaque, persuadé de se souvenir du futur, attiré par les femmes « mourantes, malades ou abîmées », selon les mots de son psychothérapeute. « Sa vie était un fouillis, une succession de crises sans fin. » Grâce aussi aux archives rares de l’auteur, à la présence de l’acteur Rutger Hauer et d’autres témoins, le film révèle toute la puissance et la folie d’un visionnaire de génie considéré comme l’un des plus grands auteurs de science-fiction. Le documentaire de Yann Coquart et Ariel Kyrou est disponible jusqu’au 27/11/2022 sur Arte.tv.

100 grands films bons pour la planète

100filmsbonpourlaplanete.jpg Arte en partenariat avec les éditions Gründ publient le 27 octobre prochain, un guide de cinéma qui parle d’écologie et de fraternité universelle. L’objectif pour son auteur, Véronique Le Bris, est de montrer que le cinéma est un acteur majeur dans la prise de conscience des enjeux de l’humanité. À l’image du succès de films récents comme Demain, de Cyril Dion, ou Woman at War, de Benedikt Erlingsson, ce cinéma qui mêle toutes les formes : animation, fiction ou documentaire, contribue à changer le monde en montrant les contradictions ou les luttes qui sont l’œuvre. On en parle bientôt sur Cdurable.info !

 

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David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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