par François Vallaeys : A l’heure des risques nucléaires, écologiques, génétiques, technologiques, sanitaires, etc. il faut nous responsabiliser pour la soutenabilité du genre humain, entendue comme justice et autonomie pour les générations présentes et futures, plutôt que comme simple « protection de la nature ». Face à une « société mondiale du risque », où les puissances techniques, industrielles et scientifiques exigent une nouvelle gouvernance multilatérale démocratique pour ne pas mettre en danger l’humanité, la Responsabilité Sociale est le moyen de rendre opérationnelle, dans les organisations, cette responsabilité globale de l’humanité. La Responsabilité Sociale poursuit ainsi un mouvement historique de socialisation de la responsabilité, initié dès le XIXème siècle, et qui correspond à la montée des risques sociaux chroniques.
La Responsabilité Sociale est un nouveau type de responsabilité, où l’agent est redevable non plus seulement vis-à-vis de ses actes, mais aussi vis-à-vis des impacts systémiques de ses actes. Or, comme on ne peut imputer directement les effets systémiques aux agents (la Responsabilité Sociale n’est pas « culpabilité sociale »), la Responsabilité Sociale se conçoit adéquatement sous deux conditions : (1) la gestion des impacts négatifs des organisations ; (2) l’association en coresponsabilité entre tous les participants à la solution de ces impacts négatifs. En effet, opposer directement aux agents sociaux les impacts de leurs actes serait injuste et inefficace, mais on peut les rendre redevables de participer de manière coresponsable à la suppression des impacts négatifs de leurs actes. La Responsabilité Sociale crée donc de nouveaux sujets collectifs inter organisationnels. Elle est un opérateur de créativité politique. La Responsabilité Sociale est un concept éthique collectif de coresponsabilité. Elle n’est pas « ma » responsabilité « vis-à-vis » de la société (considérée comme objet), mais « la » responsabilité « de » la société (considérée comme sujet). Il s’agit donc de construire une société réflexive capable de s’observer et de se corriger elle-même, de façon publique, dialogique et transparente. L’autonomie collective est le moyen et la fin d’une politique de soutenabilité socialement responsable. La Responsabilité Sociale n’est pas un libre engagement facultatif, mais un devoir qui oblige toutes les organisations, et dont il faut réguler le suivi par une « régulation hybride » utilisant toutes les formes de contraintes justes et efficaces : éthiques, juridiques, de marché, de normalisation professionnelle, de qualité, de réputation, d’association sous obligation mutuelle, etc. Comme elle concerne toutes les organisations (Etats, organismes publics internationaux, ONG, institutions scientifiques et académiques),la Responsabilité Sociale doit sortir du strict cadre entrepreneurial :
sortir de l’étroite « RSE » pour parler de la Responsabilité Sociale en général, notamment de la Responsabilité Sociale des Sciences, qui doivent de toute urgence entrer dans un processus de démocratisation et de mise en vigilance citoyenne. Il convient également que les Universités assument la mise en dialogue et en intelligence des organisations pour assumer la soutenabilité de la société technoscientifique (Responsabilité Sociale Universitaire– RSU). Par rapport à cette définition philosophique de la Responsabilité Sociale, la norme ISO 26000 permet de dépasser les approches philanthropiques de la RSE, d’asseoir le consensus autour de la définition de la Responsabilité Sociale comme gestion d’impacts, et de poser le « développement soutenable » comme but de la responsabilisation sociale. Mais il lui manque de souligner l’exigence d’association en coresponsabilité et de se dégager de la théorie des parties prenantes qui n’assure pas l’obligation au dialogue et à la gouvernance partagée entre partenaires organisationnels égaux aux pouvoirs symétriques. Or cette dimension est nécessaire pour faire rentrer les entreprises et les sciences en démocratie. Il faut remplacer la théorie des « partie prenantes », qui n’offre aucune garantie de symétrie et de légitimité des revendications, par une véritable mise en interlocution des organisations face à des partenaires organisationnels coresponsables, lanceurs d’alerte, professionnellement compétents et porteurs d’enjeux universalisables, le tout sous le regard de l’espace public. Le meilleur modèle philosophique pour penser la Responsabilité Sociale est l’éthique de la discussion, la seule éthique où l’on cherche à résoudre les conflits par le dialogue consensuel, sans imposer un bien en soi, sans demander le sacrifice des intérêts particuliers, mais en les obligeant pourtant à se dépasser vers la réalisation de buts pouvant prétendre à l’accord universel entre tous les interlocuteurs. Une organisation socialement responsable est celle qui pourrait recevoir l’assentiment de tous au sein d’une communauté idéale de communication.La nouvelle éthique que la Responsabilité Sociale réclame
Une éthique en 3 dimensions, qui conjugue les devoirs de Vertu, Justice et Soutenabilité. S’il manque l’une de ces 3 dimensions, l’éthique est soit inefficace, soit potentiellement dangereuse. Il nous faut donc désormais continuer l’effort de faire le bien dans une société juste, mais en y rajoutant le but de participer à la construction d’un monde soutenable, c’est-à-dire habitable et hospitalier, au présent comme au futur. Extrait de « Les fondements éthiques de la Responsabilité Sociale » François Vallaeys, Docteur en philosophie spécialiste de la responsabilité sociale et de l’éthique appliquée aux organisations
RSE et norme Iso26000, se donner les moyens d’une autonomie collective avec une éthique qui conjugue ensemble Vertu, Justice et Soutenabilité.
Bonjour
En complément bibliographique à votre article je vous informe être l’auteur de :
« Responsabilité sociétale et ressources humaines » édition Afnor 2011 traitant de l’importance de l’autonomie, de la responsabilité dans les enjeux de développement durable et de Responsabilité Sociétale. J’ai également écrit un article « La RSE boîte à outil de l’amélioration permanente » édité sur le blog : http://blog.adhere-rh.com
Je me tiens à votre écoute et vous remercie pour la qualité de vos flux
Bien cordialement
Monique Gouiran
RSE et norme Iso26000, se donner les moyens d’une autonomie collective avec une éthique qui conjugue ensemble Vertu, Justice et Soutenabilité.
Merci pour le renseignement. Il est en effet fondamental de lier intimement démarche éthique, RS et amélioration continue.
bien à vous
François Vallaeys
RSE et norme Iso26000, se donner les moyens d’une autonomie collective avec une éthique qui conjugue ensemble Vertu, Justice et Soutenabilité.
Merci à vous.Je viens de terminer un nouvel ouvrage qui paraîtra le 01 avril aux Editions Afnor qui replace la démarche RSE DD dans le concept d’approche systémique et d’empowerment. Dans ce troisième ouvrage, le concept de RSE est également placé au coeur de l’économie sociale et solidaire à partir d’expériences concrètes réalisées en entreprise.
Son titre « Les indicateurs de la RSE et du Développement Durable : l’ISO 26000 au coeur de l’économie coopérative
A votre écoute et encore merci pour la qualité de vos articles
Bien à vous
Monique Gouiran
RSE et norme Iso26000, se donner les moyens d’une autonomie collective avec une éthique qui conjugue ensemble Vertu, Justice et Soutenabilité.
Bonjour
Voici le lien vous permettant d’accéder à mon troisième ouvrage : « Les indicateurs clés de la RSE et du Développement Durable : l’ISO 26000 au coeur de l’économie coopérative ».
Je me tiens à votre écoute
Bien cordialement
Monique Gouiran
3ème ouvrage de Monique Gouiran aux Editions Afnor sur CDURABLE.info : Les indicateurs clés de la RSE et du développement durable.
L’info sur votre ouvrage est maintenant en ligne sur CDURABLE.info