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Regard critique sur la compensation CO2 | Triodos e-news Novembre 2007

Les entreprises qui émettent beaucoup de CO2 peuvent compenser ces émissions en achetant des crédits CO2 auprès d’entreprises spécialisées. Que sont les crédits CO2? Ont-ils des avantages?

“On peut manifester au G8 ou dénoncer sur des sites web. Nous, nous voulons dialoguer avec les entreprises”, déclare Antoine Geerinckx, actif durant des années dans le marketing et la publicité, avant de décider de créer son affaire: CO2logic. “J’ai longtemps cherché à concilier entreprise et environnement. Il existe en effet une tendance croissante à la neutralité CO2. Or, la meilleure méthode reste de limiter les émissions. En préférant le train à l’avion, par exemple. Comme ce n’est pas toujours possible, on a créé la compensation CO2, qui vise à compenser en grande partie une pollution inévitable en réduisant ailleurs les émissions de CO2. C’est notamment possible en contribuant financièrement à la mise sur pied de sources d’énergie renouvelables telles que les éoliennes ou les centrales biomasse.”

La mise en place de tels projets est rarement le fait de fournisseurs de services de compensation ; ils commercialisent des crédits CO2, qui constituent en fait une preuve de participation. “Nous disposons d’un réseau de projets que nous analysons un à un”, explique Geerinckx, avant de pointer les problèmes potentiels. “Toute initiative n’est pas crédible. Prenez les projets de reboisement, qui constituent également une option de compensation CO2. La difficulté est d’évaluer l’ampleur de la compensation. Sans parler de la durée de vie des arbres plantés. Et puis il y a le volet social. De nombreux projets de ce type sont lancés dans des pays en développement. Or, la mobilisation de terres arables peut avoir des conséquences pour la population locale. Je ne veux certainement pas prétendre que le reboisement est nuisible, mais préciser qu’il offre moins de certitude en termes de compensation.”

La vente de crédits CO2 étant assez neuve, il y a peu de contrôle. “Tout le monde tâtonne encore”, explique Steven Vanholme de Natuurpunt. “Mais nous devons conclure des accords au plus vite. Pour compenser un trajet aérien par exemple, comment calculer l’émission de CO2? Suffit-il de prendre en compte le carburant consommé ou faut-il tenir compte de la fabrication et de l’entretien de l’appareil? Plusieurs associations environnementales ont d’ailleurs elles-mêmes pris les choses en mains. L’initiative CompenCO2 veut placer la barre assez haut. La compensation n’est pas une alternative à la réduction des émissions, mais un complément. Nous invitons aussi ceux qui veulent compenser leurs émissions à passer uniquement par des projets certifiés, pour être sûr de la bonne application du montant de la compensation.”

Pour Antoine Geerinckx aussi, directives et certification s’imposent. “En tant que première entreprise belge de compensation, nous avons immédiatement appelé à la rédaction d’un code des meilleures pratiques et appliquons le Clean Development Mechanism (CDM), outil élaboré en vertu du protocole de Kyoto et qui permet aux pays d’atteindre leurs objectifs de réduction hors des frontières nationales. Nous utilisons ce système principalement pour les entreprises qui procèdent à des réductions volontaires. Les grands pollueurs, qui doivent atteindre un quota précis, passent le plus souvent par le Emission Trading System (ETS) de l’UE. Bref, les projets qui répondent aux critères cdm reçoivent un label CER (Certified Emission Reductions). Il y a aussi les VER (Verified Emission Reductions). Les projets VER sont également évalués, mais ils n’offrent pas les mêmes garanties et ne peuvent servir à atteindre le quota fixé par Kyoto.”

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