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Sept milliards de demandes, une seule planète

Rapport Planète Vivante 2012 du WWF : la santé de notre planète est dans le rouge

Le WWF présente aujourd’hui depuis l’espace son nouveau Rapport Planète Vivante, avec l’aide de l’astronaute hollandais André Kuipers. Le rapport indique que la pression croissante que l’Humanité exerce sur les ressources naturelles menace sérieusement la santé de notre planète. Il explique en particulier le phénomène d’accaparement des terres via lequel les pays industrialisés se procurent des terres arables dans les pays pauvres, au détriment de ces derniers. Dans ce rapport, le WWF souligne que le modèle business as usual n’est plus possible mais que des solutions existent.

Ce rapport biannuel, produit en collaboration avec la Société Zoologique de Londres et le Réseau Empreinte Ecologique Globale, est, à ce jour, l’étude la plus complète sur la santé de la planète. Depuis la Station Spatiale internationale (SSI), l’astronaute hollandais André Kuipers a une vision unique du défi que nous devons relever : « Nous n’avons qu’une Terre. De la SSI, je peux voir l’empreinte de l’Humanité sur la planète, y compris les feux de forêt, la pollution de l’air et l’érosion, autant de défis dont on parle dans cette dernière édition du Rapport Planète Vivante du WWF. Nous exerçons une pression insoutenable sur notre planète, et pourtant nous devons sauver notre unique maison, non seulement pour nous mais aussi pour les générations futures ». Message vidéo d’Andre Kuipers de la Station Spatiale Internationale :
Le rapport 2012 du WWF est officiellement lancé depuis l'espace, par l’astronaute hollandais André Kuipers. Photo : WWF
Le rapport 2012 du WWF est officiellement lancé depuis l’espace, par l’astronaute hollandais André Kuipers. Photo : WWF
Enorme augmentation de l’accaparement des terres agricoles Dans toutes les régions en développement, on assiste à une ruée des investisseurs étrangers cherchant à sécuriser l’accès aux terres agricoles en vue d’en développer la production. Les estimations révèlent que, depuis le milieu des années 2000, la superficie concernée par ces acquisitions foncières est équivalente à celle de l’Europe orientale. Si le dernier épisode d’accélération du phénomène tire son origine de la crise alimentaire de 2007-2008, ses causes profondes sont à rechercher du côté de la croissance démographique, de la consommation croissante d’une minorité planétaire et de la demande de produits alimentaires, de biocarburants, de matières premières et de bois d’œuvre par les marchés. Les pays riches exercent une pression disproportionnée sur les ressources naturelles La différence entre l’empreinte écologique des pays riches et pauvres reste énorme. Le rapport montre que l’Empreinte Ecologique des pays à haut revenu est cinq fois supérieure à celle des pays à bas revenus. Les dix pays à la plus forte empreinte écologique par individu sont le Qatar, le Koweït, les Emirats Arabes Unis, le Danemark, les États-Unis d’Amérique, la Belgique, l’Australie, le Canada, les Pays-Bas et l’Irlande. Il faudrait 4,5 terres pour répondre aux besoins d’une population globale vivant comme un habitant moyen des Emirats Arabes Unis ou des Etats-Unis. C’est bien sûr impossible. Non seulement nous vivons au-dessus des moyens de la Terre, mais la répartition que nous faisons des fruits ainsi récoltés est inéquitable : les pays et les communautés les plus pauvres supportent en effet une part disproportionnée des effets négatifs de la consommation croissante de ressources à l’échelle mondiale, alors que leurs homologues des nations industrialisées recueillent l’essentiel de ses bénéfices. Selon Jim Leape, Directeur général du WWF International, « nous vivons comme si nous avions une autre planète à disposition. En 1 an nous utilisons 50% de ressources que ce que la Terre peut régénérer dans ce même laps de temps. A moins que nous changions drastiquement de cap, cela va continuer à augmenter et d’ici 2030, deux planètes ne suffiront même plus ». Plus d’habitants, moins de ressources : Les indicateurs sont au rouge Le Rapport Planète Vivante utilise l’Indice Planète Vivante (IPV) pour mesurer les changements dans la santé des écosystèmes de la planète. L’IPV suit plus de 9000 populations de plus de 2600 espèces. L’IPV global indique un déclin de 30% depuis 1970, les écosystèmes tropicaux étant les plus touchés avec une baisse de 60% en moins de 40 ans. Alors que la biodiversité diminue, l’empreinte écologique augmente ; la demande que nous exerçons sur les ressources naturelles n’est pas soutenable. L’IPV est un indicateur de la santé de notre planète et il est au rouge. Si nous nions ce fait, nous nous exposons à des conséquences graves pour l’Humanité. Le rapport souligne également l’impact de l’urbanisation galopante. En 2050, deux personnes sur trois vivront en ville. Il devient encore plus nécessaire de trouver de nouvelles façons de mieux gérer les ressources naturelles. De la nourriture, de l’eau et de l’énergie pour tous est possible « Nous pouvons créer un avenir prospère où la nourriture, l’eau et l’énergie seraient accessibles en quantité suffisante aux 9, voire peut-être 10 milliards d’êtres humaines appelés à se partager la surface du globe en 2050 » affirme Jim Leape. « Le Rapport Planète Vivante propose une gamme de solutions nécessaires pour inverser le déclin de la biodiversité et ramener l’empreinte écologique au sein de la capacité écologique de la Terre. » Ces solutions sont formulées en 16 priorités, avec entre autres protéger et maintenir la biodiversité et les écosystèmes, produire plus efficacement en utilisant moins d’énergie et de matières premières, consommer moins et mieux et reconnaître et intégrer la valeur de la biodiversité et des services écologiques dans les décisions politiques et économiques. Il convient également d’établir des cadres juridiques et politiques qui permettent un accès équitable et durable à la nourriture, à l’eau et à l’énergie pour tous. Rio+20, ou la voie du redressement Ce rapport sort cinq semaines avant la conférence sur le développement durable des Nations-Unies qui se tiendra à Rio de Janeiro (Rio+20) en juin prochain. Vingt ans après le fameux premier Sommet de la Terre, c’est l’occasion pour les pays de confirmer leur engagement en faveur de la construction d’un avenir durable pour tous. « Les défis présentés dans le Rapport Planète Vivante sont clairs », a déclaré Jim Leape, directeur du WWF International. « Rio+20 peut et doit être le moment pendant lequel les gouvernements s’engagent pour une société durable et socialement juste. La conférence de Rio +20 est une occasion unique pour tous ceux (gouvernements, société civile, villes et entreprises) qui veulent unir leurs forces et jouer un rôle crucial dans la préservation de notre planète ».

Résumé du rapport

Le rapport
Le rapport
Téléchargez le résumé du rapport en français. Quelques chiffres clés :
  • Les pays à haut revenu consomment cinq fois plus de ressources naturelles que les nations les plus pauvres.
  • L’Indice Planète Vivante a diminué de 30 % depuis 1970, les écosystèmes tropicaux demeurent les plus touchés avec une diminution de l’indice de 60% en moins de 40 ans.
  • Au moins 2,7 milliards de personnes vivent dans des bassins fluviaux connaissant de graves pénuries d’eau pendant au moins un mois de l’année.
  • La population mondiale a plus que doublé depuis 1950. De 7 milliards en 2011, elle devrait atteindre un peu plus de 9,3 milliards de personnes d’ici 2050.
  • La croissance rapide de la population dans les pays à faible revenu (multipliée par 4,3 depuis 1961) a conduit à une augmentation de leur empreinte écologique totale de 323 %.
  • Globalement, les résidents urbains sont responsables de plus de 70 % des combustions fossiles liés aux émissions de CO2. En 2050, deux personnes sur trois vivront en ville.
  • Environ 13 millions d’hectares de forêts ont disparu chaque année entre 2000 et 2010.
  • Les pays des BRIICS (le Brésil, la Russie, l’Inde, l’Indonésie, la Chine) et les pays à revenu intermédiaire ont augmenté leur empreinte écologique par habitant de 65 % depuis 1961.

L’initiative One Planet

Quel avenir devant nous ?
LA PERSPECTIVE “ONE PLANET” DU WWF PROPOSE UNE GESTION, UNE GOUVERNANCE ET UN PARTAGE DU CAPITAL NATUREL DANS LES LIMITES ÉCOLOGIQUES DE LA TERRE
LA PERSPECTIVE “ONE PLANET” DU WWF PROPOSE UNE GESTION, UNE GOUVERNANCE ET UN PARTAGE DU CAPITAL NATUREL DANS LES LIMITES ÉCOLOGIQUES DE LA TERRE
Pour enrayer le déclin de l’Indice planète vivante, ramener l’Empreinte écologique dans les limites planétaires, éviter un changement climatique dangereux et parvenir à un développement durable, encore faut-il que nos économies, nos modèles d’entreprise et nos habitudes quotidiennes s’enracinent dans une réalité fondamentale : celle selon laquelle le capital naturel de la Terre (biodiversité, écosystèmes et services écosystémiques) est limité. La perspective One Planet (“Une seule planète”) formulée par le WWF propose d’inscrire la gestion, la gouvernance et le partage du capital naturel dans les limites écologiques de la Terre. En dehors d’œuvrer à la sauvegarde et à la restauration de ce capital, le WWF s’emploie à dégager les bons choix à l’échelle du système de production et de consommation tout entier, en les subordonnant à une réorientation des flux financiers et à une gouvernance des ressources plus équitable. Il s’agit là d’une condition minimale pour arriver à découpler le développement humain d’une dynamique de consommation non durable (et rompre du même coup avec la consommation de biens matériels et de matières premières intensives en énergie), juguler l’accroissement des rejets de gaz à effet de serre, maintenir l’intégrité des écosystèmes et favoriser la croissance et le développement au bénéfice des plus démunis. L’initiative One Planet souligne l’interdépendance étroite existant entre nos choix. Comment ignorer, en effet, que l’efficacité de la préservation du capital naturel influe sur les décisions et la nature de nos modes de production et de consommation ? De même, comment ne pas savoir que les investissements et les structures de gouvernance pèsent pour beaucoup sur la manière dont les choix de production et de consommation contribuent à la conservation de la biodiversité, à la préservation de l’intégrité des écosystèmes, et en définitive, à la fourniture de nourriture, d’eau et d’énergie en quantité suffisante pour tous ? Les 5 bons choix 1. Préserver le capital naturel. Les efforts doivent en premier lieu se porter sur la protection et la restauration des grands processus écologiques indispensables à la sécurité alimentaire, hydrique et énergétique, mais aussi au maintien des capacités de résilience et d’adaptation au changement climatique. La diversité des espèces et des habitats sur Terre doit également être préservée pour sa valeur intrinsèque. 2. Produire mieux. L’amélioration de l’efficacité des systèmes de production, en restrei- gnant fortement la consommation d’eau, de terre, d’énergie et d’autres ressources naturelles par l’homme, contribuerait à ramener l’Empreinte écologique de l’humanité à un niveau compatible avec le respect des limites écologiques. 3. Consommer plus raisonnablement. Pour vivre sans franchir les limites écologiques de la Terre, encore faut-il que les habitudes de consommation à l’échelle du globe s’harmonisent avec la biocapacité de la Terre. De ce point de vue, la première des priorités consiste à comprimer drastiquement l’Empreinte écologique des populations à haut revenu, et notamment leur empreinte carbone. L’évolution des régimes alimentaires au sein des populations les plus aisées et la réduction du gaspillage alimentaire sont tout aussi cruciales. 4. Réorienter les flux financiers. Trop souvent, la surexploitation des ressources et la dégradation, voire la destruction des écosystèmes font les affaires d’une minorité de parties prenantes à court terme. Conséquence : les avantages retirés à long terme de la protection du capital naturel sont tout simplement ignorés, du moins dans leur dimension économique. L’affectation des financements doit donc désormais être pensée dans un sens favorable à la conservation et à la gestion durable des écosystèmes : il y va en effet de la préservation du capital naturel d’une part, de l’adoption de meilleurs choix de production et de consommation de l’autre. Et aussi, ne l’oublions pas, de l’avenir des générations futures, d’autant plus précaire que la charge qui leur sera léguée s’alourdira. 5. Instaurer une gouvernance équitable des ressources. La gouvernance équitable des ressources représente le second facteur essentiel pour diminuer leur usage et les partager sans compromettre les capacités de régénération de la planète. L’élévation du niveau de santé et d’éducation, combinée à l’élaboration de plans de développement économique viables doivent s’inscrire dans des cadres juridiques et politiques procurant un accès équitable aux ressources alimentaires, hydriques et énergétiques, et bénéficier du soutien de processus inclusifs garantissant l’usage durable des terres. Enfin, la gouvernance équitable des ressources risque de rester lettre morte si les notions de bien-être et de réussite conservent leur signification présente, c’est-à-dire continuent à exclure la santé personnelle, sociétale et environnementale. 

Télécharger le rapport

Téléchargez le résumé du rapport (en français 15 pages) – le rapport intégral (en anglais 160 pages ) – le Rapport Planète Vivante 2012 Document supplémentaire « On the road to RIO+20″(en anglais). Empreinte écologique par pays, par personne, en 2008. Ces graphiques comparatifs englobent tous les pays comptant plus d’un million d’habitants pour lesquels existent des données complètes.

 

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David Naulinhttp://cdurable.info
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