Le Rapport « Quels systèmes alimentaires durables demain ? » analyse 16 scénarios du « secteur des terres » compatibles avec l’objectif de neutralité climatique.
Les enjeux de ce que l’on désigne par le secteur des terres – c’est-à-dire ce qui concerne l’agriculture, l’alimentation, la forêt, l’usage des terres et de la biomasse – sont très importants pour les années à venir. De nombreux exercices de prospective ont vu le jour ces dernières années sur des périmètres divers et avec des intentions variées.
Les exercices sont difficiles à comparer. Mais, l’analyse permet de caractériser deux grandes familles de scénarios : l’une essentiellement climato-centrée et basée sur des paris technologiques, l’autre avec une approche plus systémique, multifonctionnelle et reposant sur des dynamiques avant tout sociétales. La diminution de la consommation de protéines animales et la réduction de l’élevage apparaît comme une voie de transition dans une majorité de scénarios.
Ces scénarios contribuent à une véritable « manufacture du futur » dont on sait qu’elle organise les débats, préempte des choix ou permet d’en rendre certains inéluctables en donnant à voir, et parfois en plaidant pour, différentes options de transformation ou en affirmant l’impossibilité d’autres.
Résumé
Les enjeux de ce que l’on désigne par » le secteur des terres » c’est-à-dire ce qui concerne l’agriculture, l’alimentation, la forêt, l’usage des terres et de la biomasse – sont très importants pour les années à venir. Il s’agit bien sûr d’enjeux environnementaux – climat (atténuation & adaptation), biodiversité, préservation des ressources naturelles – mais aussi d’enjeux sociaux – accès à une alimentation saine pour tous, qualité du cadre de vie, paysage, territoire – et d’enjeux économiques – emplois, revenus agricoles, contribution à la balance commerciale. De nombreux exercices de prospective de ce secteur ont vu le jour ces dernières années sur des périmètres divers et avec des intentions variées. Ces scénarios contribuent à une véritable « manufacture du futur », dont on sait qu’elle organise les débats, préempte des choix ou permet d’en rendre certains inéluctables aux yeux des citoyens en donnant à voir (et parfois en plaidant pour) différentes options de transformation ou en affirmant l’impossibilité d’autres. L’analyse détaillée de 12 exercices et de 16 scénarios, en comptant les différentes variantes prises en compte, vise à « équiper » le débat public pour mettre en lumière : • Les enjeux pris en compte ou occultés par ces différents exercices prospectifs souvent déterminés par les outils ou les représentations du système alimentaire sur lesquels ils reposent, et par l’intention (explicite ou implicite) qui a présidé au développement du scénario. • Comment cette appréhension des enjeux influence la nature même des options qui sont proposées. • Les convergences qui se dégagent des différents scénariosqui pourraient être considérées comme des « options sans regret » à court ou moyen terme pour l’action collective publique et privée. • Les divergences qu’ils donnent à voir résultant d’hypothèses contrastées sur la place donnée à la technologie, les changements sociétaux ou la gouvernance du système alimentaire qui pourra être mise en débat. Les exercices étudiés sont d’origines très variées, le panel comprend, entre autres, deux scénarios développés par deux des auteurs de ce rapport – Afterres2050 pour la France et TYFA (Ten Years For Agroecology) pour l’Europe – construits respectivement par Solagro et l’IDDRI qui font l’objet d’un focus en fin de première partie. Les scénarios du GIEC à l’échelle mondiale sont également analysés même s’ils ne peuvent rentrer pleinement dans l’analyse comparée. Dans une première partie, après la description rapide de six scénarios jugés particulièrement représentatifs de la diversité des exercices, est présenté le cadre d’analyse développé pour objectiver la comparaison entre les scénarios retenus et proposer une typologie. Les exercices sont difficiles à comparer du fait de périmètres, d’horizons temporels, d’enjeux pris en compte, assez différents. Mais une classification sur des critères d’intentions et de stratégie d’une part et sur les leviers d’évolution d’autre part permet de caractériser deux grandes familles contrastées de scénarios : l’une essentiellement climato-centrée et basée sur des paris technologiques, l’autre avec une approche plus systémique, multifonctionnelle et reposant sur des dynamiques avant tout sociétales. Les différents exercices pouvant se situer dans ou entre ces deux groupes. Les principaux enseignements que l’on peut tirer de cette analyse comparative sont ensuite dégagés, à savoir : • Une grande majorité de scénarios table sur la diminution de la consommation de protéines animales et la réduction de l’élevage qui apparaît comme une voie claire de transition même si les modalités de mise en œuvre restent à discuter ; • Les hypothèses sur les rendements, la mobilisation des intrants et la prise en compte de la biodiversité sont très contrastés et demandent à être approfondies ; • La faisabilité socio-technique des trajectoires est rarement abordée. Dans une seconde partie, une monographie synthétique de chacun des scénarios analysés est présentée pour faciliter l’accès du lecteur aux documents de référence. Une fois chaque scénario caractérisé, les principaux résultats sont synthétisés par thème. Chacun des exercices fait l’objet d’une rapide analyse du porteur du projet et de son intention, de la nature des changements envisagés ainsi que des visions stratégiquesRapport
Quels systèmes alimentaires durables demain ?