Alors que la directive Omnibus sera soumise au vote au Parlement Européen d’ici une semaine, la Mission économie de la biodiversité (MEB) pilotée par CDC Biodiversité publie « Intégration de la biodiversité par les acteurs privés, entre reporting et approche volontaire », un dossier consacré aux données produites dans le cadre de la CSRD.

Au sommaire
- ➡️ Un regard européen avec un screening sectoriel de la maturité biodiversité des entreprises du STOXX 50 ;
- ➡️ Un regard français sur les entreprises du CAC 60 en mobilisant un outil développé par CDC Biodiversité pour le Fonds biodiversité de BDF-Gestion s’appuyant sur le cadre LEAP de la TNFD et combinant une analyse quantitative, via le GlobalBiodiversityScore (GBS) et qualitative appuyée sur trois critères : transparence, performance actuelle et engagement dans la transition ;
- ➡️ Des discussions sur l’évolution future du cadre européen ;
- ➡️ Six illustrations concrètes d’acteurs qui poursuivent leur engagement au-delà de la transparence grâce à la mobilisation de La Banque Postale, Decathlon, LBP AM, NaTran, Orano, Groupe VIVESCIA, tous membres du Club B4B+ Business For Biodiversity Positive.

RAPPEL DES DISPOSITIONS EN MATIÈRE DE BIODIVERSITÉ ENCADRÉES PAR LE STANDARD ESRS E4 AU SEIN DE LA CSRD.
Ce reporting, en cours d’évolution, comprend plusieurs points :
■ E4.1 Un plan de transition prenant en compte la biodiversité et les écosystèmes dans le modèle d’affaire avec une stratégie basée sur une analyse de matérialité des impacts et dépendances. L’organisation doit démontrer que le modèle d’affaires respecte l’accord de la COP15 et l’ensemble des différentes directives prises à l’échelle de l’UE.
■ E4.2 L’ensemble des politiques mises en place par l’organisation qui sont en lien avec la biodiversité.
■ E4.3 Les différentes actions et ressources mobilisées pour agir sur la biodiversité ou qui ont un impact sur cette dernière.
■ E4.4 Les cibles définies à atteindre relatives aux écosystèmes et à la biodiversité.
■ E4.5 La métrique retenue par l’organisation permettant d’évaluer les impacts sur les écosystèmes ou la biodiversité.
■ E4.6 L’évaluation des répercussions financières qui sont causées par les risques, impacts et opportunités en matière de biodiversité.
Transparence : un exercice d’intégration de la biodiversité grâce à la donnée
Edito de Marianne Louradour, Présidente de CDC Biodiversité
« La CSRD a ouvert un nouveau régime de transparence : processus exigeant, parfois débattu, mais salutaire. Cette réglementation a placé la donnée au cœur de la transition économique et écologique, formidable opportunité pour déployer des outils innovants, fiabiliser les mesures, et faire de la biodiversité un objet de pilotage stratégique – plus seulement l’objet de vœux pieux.

Avec l’essor des « data environnementales » s’est ouvert un champ de connaissance hétérogène, et protéiforme renseignant sur l’état des composantes de l’environnement et nos relations à elles. Et ce champ de connaissance s’accompagne de défis caractéristiques : qualité, granularité, traçabilité, interopérabilité. Notre responsabilité collective est de les ordonner, de les rendre comparables et auditables, pour assurer la robustesse des décisions.
Au sein de ce nouveau champ de données existe une catégorie singulière : les données des acteurs économiques issues de leur évaluation en double-matérialité de leur rapport à la biodiversité, et celles de leur reporting extra-financier. Ces données vont devenir une manne précieuse. Elles permettent d’apprécier à grande échelle les impacts et les dépendances à la nature, d’évaluer – secteur par secteur – les niveaux de maturité et de prise en compte, puis d’engager des travaux concrets de définition de trajectoires et d’alignement avec le cadre mondial.
Il serait facile de céder à la tentation du recul au bénéfice d’un contexte d’instabilité politique. Face à cette transformation profonde, je préfère appeler le plus grand nombre à tenir le cap de la transparence : c’est un exercice d’intérêt général.
Avec cette publication, les équipes de CDC Biodiversité donnent plusieurs aperçus de l’intégration de la biodiversité.
- Les deux premiers s’intéressent aux exercices de transparence réglementaires avec une analyse conduite sur les entreprises de l’indice STOXX 50, et une seconde conduite sur les entreprises de l’indice CAC 60 ; deux échantillons représentatifs et composés de grands acteurs économiques capables d’être au rendez-vous des obligations de reporting CSRD.
- Le troisième s’intéresse aux approches volontaires et s’appuie notamment sur six retours d’expérience de membres du Club B4B+ qui ont souhaité aller plus loin que le seul exercice CSRD.

LE CLUB B4B+, UN CATALYSEUR DE TRANSFORMATION POUR LES ACTEURS ÉCONOMIQUES
Le Club B4B+ (Business for Positive Biodiversity Club) de CDC Biodiversité se distingue aujourd’hui comme une structure unique au carrefour de l’économie et de la biodiversité. Créé en 2018, avec la mission première de coconstruire, expérimenter et améliorer le Global Biodiversity Score (GBS),
un outil opérationnel de mesure d’empreinte biodiversité à destination des entreprises, institutions financières et collectivités, le Club dépasse désormais cet objectif permet à ses membres d’échanger et d’être accompagnés au travers d’ateliers thématiques, de groupes de travail sectoriels, et de retour d’expérience dans la construction et la mise en œuvre de stratégies biodiversité robustes et adaptées à leur réalité.
À CDC Biodiversité, nous considérons les espaces de partage entre pairs comme essentiels pour bâtir la robustesse des approches méthodologiques. Je remercie à ce titre la confiance renouvelée des membres du Club B4B+ ; c’est grâce à cette intelligence collective que nous pouvons nous approprier et faire évoluer les standards, pour les mettre au service d’actions en faveur de la biodiversité.
Demain, peut-être faudra-t-il appeler à des démarches de transparence encore plus ambitieuses, fondées non plus seulement sur la réglementation mais aussi sur le volontariat. Qu’importe la voie : nous y sommes prêts.
Notre ambition sera de continuer à outiller, à mesurer, à comparer et à éclairer l’action, pour que chaque décision économique soit aussi une décision environnementale.
C’est en ce sens que nous adressons en fin de publication quelques conclusions au-delà de la seule CSRD.
La transition écologique a besoin de preuves, pas de promesses. La donnée en est la condition.«

Dossier « Intégration de la biodiversité par les acteurs privés, entre reporting et approche volontaire«
La capacité des entreprises à se conformer aux exigences de transparence ne relève pas seulement d’un enjeu réglementaire ou économique, mais également d’une question de crédibilité institutionnelle, de renforcement de la confiance collective dans les politiques environnementales, et de définition de trajectoires de progrès, face aux attentes de l’ensemble des parties-prenantes et la multiplication des conséquences liées à l’effondrement de la biodiversité ou au changement climatique.
Une publication mosaïque qui rappelle l’importance de la donnée comme prérequis à l’intégration des enjeux environnementaux ; et le rôle de la transparence comme source d’émulation économique autour des impératifs de transition écologique.
Le Club B4B+ : un réseau de pairs au service de la biodiversité

Le Club B4B+ occupe aujourd’hui une place singulière dans le paysage des initiatives liant économie et biodiversité. Il rassemble des entreprises et institutions financières de tous horizons autour d’objectifs communs :
- ■ Comprendre et mesurer leur empreinte biodiversité et celle de leurs portefeuilles, ainsi que leurs dépendances vis-à-vis des services écosystémiques,
- ■ Identifier les leviers pour éviter, réduire et compenser ses impacts et limiter ses risques d’exposition,
- ■ Et anticiper les évolutions réglementaires et méthodologiques.
Plus qu’un simple réseau, il constitue un véritable creuset de réflexions et d’échanges entre pairs, permettant à des entreprises de secteurs variés de confronter leurs pratiques, leurs difficultés et leurs avancées en matière d’intégration de la biodiversité dans leurs modèles économiques.
DES STRUCTURES DE TRAVAIL
COLLABORATIVES ET DIVERSIFIÉES
Le Club B4B+ s’organise autour de trois groupes de travail permanents, structurés par type de parties prenantes, afin d’adapter les sujets traités aux spécificités de chaque acteur :
- ■ Chaîne de valeur : destiné aux entreprises, ce groupe se concentre sur les impacts liés aux approvisionnements, à la production et aux procédés industriels.
- ■ Finance : réservé aux institutions financières, il explore l’empreinte biodiversité des portefeuilles financiers selon différents types d’actifs.
- ■ Consultants : dédié aux cabinets de conseil, il vise à harmoniser les pratiques entre professionnels et à former des ambassadeurs du Global BiodiversityScore (GBS).

En complément, le Club a mis en place des groupes de travail thématiques pour approfondir des enjeux particuliers :
- ■ Un groupe “Crédit biodiversité”, qui contribue à l’émergence d’un marché de haute intégrité enquestionnant les mécanismes de compensation, la vérification des gains et l’équivalence écologique.
- ■ Des groupes sectoriels, dont le focus évolue tous les six mois : en 2025, l’accent est mis sur le secteur agricole et agroalimentaire ; en 2026, le premier semestre sera consacré à la construction et lesecond au textile.
- ■ Un groupe international, qui permet d’échanger avec des acteurs non francophones et d’élargir la réflexion grâce à des retours d’expérience internationaux.
Enfin, le Club B4B+ organise des sessions plénières annuelles, réunissant décideurs et managers pour partager retours d’expérience, veille bibliographique et actualisations du GBS.

Parce que la biodiversité est essentielle, nous agissons pour sa restauration sur les territoires en créant, en expérimentant et en déployant des solutions de long terme avec les acteurs publics et privés.
CDC Biodiversité