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Changement climatique et forêts

protéger d’abord, planter ensuite

un futur encore très incertain selon Vincent Gitz

Les forêts et le sol stockent à l’heure actuelle 28 % des émissions de CO2 atmosphérique. Pour Vincent Gitz, chercheur au Cirad, il est préférable non seulement de préserver les forêts existantes mais aussi de garantir cette capacité de stockage pour l’avenir. Il vient de recevoir, pour sa thèse, le prix Le Monde de la recherche universitaire.

cirad.jpg Quelle est la place des puits de carbone parmi les solutions visant à réduire les émissions de CO2 dans l’atmosphère ? Alors qu’aujourd’hui les dernières conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) placent, de manière certaine, l’homme au banc des accusés du réchauffement climatique, la question n’est toujours pas tranchée. Ces dernières années, la croissance des émissions fossiles s’est accélérée : + 3,3 % par an en 2005 contre + 0,8 % par an entre 1990 et 2000. Cette accélération conduit à relativiser le rôle des émissions de CO2 imputables à la déforestation tropicale au sein du problème climatique global. Cependant, cette question de la déforestation et celle, plus large, du stockage du carbone seront indiscutablement à l’ordre du jour de l’après-Kyoto, à partir de 2012. Au travers de sa thèse, Vincent Gitz, chercheur au Cirad, apporte certains éléments de réponse. Il montre notamment que la déforestation tropicale doit trouver sa place au sein des négociations. Les conséquences d’une déforestation non maîtrisée seront majeures pour le climat global. L’idée est simple : un écosystème forestier n’est pas seulement un stock de carbone statique mais aussi un processus dynamique qui retire du carbone de l’atmosphère. Cette dynamique est caractérisée par un temps de résidence élevé du carbone dans l’écosystème, correspondant à la durée de vie des arbres et du carbone organique dans le sol. Ainsi, la perte des forêts est à terme plus dommageable pour le climat que le simple déstockage, lors du défrichement, du carbone qu’elles contenaient. (…) Lire l’article en intégralité sur le site du CIRAD climat_deforestation_web.jpg Vincent Gitz soutenait en 2004 une thèse sur l’amplification du taux de CO2 atmosphérique due au changement d’usage des terres, et notamment à la déforestation. Alors qu’il vient de recevoir, pour sa thèse, le prix Le Monde de la recherche universitaire, il réagit aux derniers éléments disponibles sur le sujet. En 2004, votre thèse partait du constat qu’il existait une divergence d’opinion au sujet de l’utilité des puits de carbone. Vous montriez notamment que le carbone fossile ne pouvait être comptabilisé de manière équivalente au carbone issu des forêts. Vous préconisiez d’attendre avant de planter de nouvelles forêts mais aussi de cesser la déforestation. Entre la fin de votre thèse et aujourd’hui, la place réservée au stockage de carbone, au sein des négociations sur le climat, a-t-elle évolué ? vincent-gitz_web.jpg Vincent Gitz : Des premiers pas ont été faits pour que le problème de la déforestation tropicale, grand absent de Kyoto en 1997, intègre les instruments de la convention climat. Pour les pays du Nord, les accords de Marrakech ont défini, en 2001, les montants de puits forestiers et agricoles entrant dans la comptabilité de Kyoto. Par contre, pour ce qui est des pays du Sud, le revirement majeur vient de la proposition de la Papouasie – Nouvelle – Guinée, suivie par le Brésil. Ces deux pays souhaitent discuter sur l’introduction d’un mécanisme permettant de valoriser la « déforestation évitée ». Ce terme recouvre essentiellement les mesures de conservation de forêts menacées plus ou moins directement par la déforestation. Les négociations sur ce point vont débuter en 2007, mais l’issue est encore incertaine. Les débats, sur l’efficacité d’un instrument valorisant la déforestation évitée, sont notamment loin d’être clos. Une des propositions est, par exemple, de trouver un mécanisme économique qui permette de créer des incitations afin d’éviter la déforestation, ou afin de conserver les forêts menacées. Cependant, malgré des intentions louables, un tel instrument pourrait se révéler contre-productif : comme le suggère, par exemple, Alain Karsenty, du Cirad, l’attribution de crédits carbone pour des réductions fictives d’émissions pourrait, en effet, créer des flux financiers associés qui ne seraient pas forcément dirigés vers des politiques efficaces de maîtrise des déterminants de la déforestation; (…) Lire l’article en intégralité sur le site du CIRADContact : Vincent Gitz, Unité mixte de recherche Cired (Centre international de recherche sur l’environnement et le développement) – En savoir plus : Le Cirad et le changement climatique A propos de la déforestation (Animation Flash, 1753 Ko) Le palmier à huile, candidat au stockage du carbone (Actualité, 16-11-05) Références bibliographiques Gitz V., 2004. Changement d’usage des terres et politiques climatiques globale. Thèse de doctorat de l’Engref, Paris, France, 438 p. Gitz V., 2005. Planter des forêts : une solution contre le changement climatique ? Présentation soumise au prix Le Monde de la recherche universitaire, 8e édition. – Voir aussi le dossier sur les forêts tropicales et le développement durable Les forêts ont enfin acquis droit de cité dans la lutte contre l’effet de serre. La sixième conférence sur le changement climatique, qui s’est tenue à Bonn en juillet 2001, a en effet relancé le protocole de Kyoto et les cent quatre-vingts membres de la convention-cadre des Nations unies sont parvenus à un accord, malgré l’opposition des Etats-Unis. devdur.jpg Ce protocole illustre une évolution sensible de la nature des relations Nord-Sud, qui fait apparaître une interdépendance nouvelle entre pays du Nord et pays du Sud : il faudra désormais partager les contraintes de la gestion d’un bien commun de l’humanité. Le thème retenu par le Cirad pour le Salon international de l’agriculture de 2001 a d’ailleurs été celui des forêts tropicales dans la vie des hommes, et le débat organisé à cette occasion portait sur « les forêts tropicales, des espaces à partager, des enjeux à négocier ». Mettre en œuvre les conventions internationales dans les domaines de la diversité biologique, de la lutte contre la désertification comme du changement climatique, au profit des sociétés du Sud, fait partie intégrante des actions de recherche du Cirad. [Documents PDF] Gestion forestière durableDu développement durable à la gestion durable des forêts tropicales humides, Jacques Valeix, directeur du département Forêts du Cirad. Document de travail Cirad, 2002, 11 p. – Forêts tropicales. Eléments du débat, Eric Loffeier. Document de travail Cirad, 2002, 10 p. Eric Loffeier. – Evolution et diversité du concept d’aménagement, A. Bertrand, D. Babin, R. Nasi. Bois et forêts des tropiques, 1999 – L’adaptation de l’aménagement forestier à des situations diverses, A. Bertrand, D. Babin, R. Nasi. Bois et forêts des tropiques, 1999 – Les composantes de l’aménagement forestier et leurs incidences financières, A. Bertrand, D. Babin, R. Nasi. Bois et forêts des tropiques, 1999 – Voir aussi : Les paradoxes de la lutte contre la déforestation par Alain Karsenty pour Telos Def.jpg Les propositions se multiplient pour récompenser par des crédits carbone les réductions d’émission issues de la déforestation dans les pays en développement. Un tel mécanisme, mentionné comme une des options les plus prometteuses par le rapport Stern, ne pourrait entrer en vigueur que pour la deuxième période d’engagement, soit 2013-2017. Son efficacité reste à prouver, et il pourrait même se révéler contreproductif. Le déboisement est essentiellement une affaire de pays tropicaux. Il est causé essentiellement par les changements d’usage des terres qui, dans certains cas, suivent l’exploitation forestière. Cette déforestation est cause de 20 à 25% des émissions de CO2 et de perte de biodiversité. Jusqu’à maintenant, seuls les projets de boisement sont éligibles au Mécanisme de Développement Propre (MDP), et ils constituent moins de 1% du total des projets MDP. L’idée du mécanisme de ‘déforestation évitée’ est, en apparence, très simple. Il s’agit de déterminer un scénario de référence correspondant à un niveau de déforestation tendanciel dans un scénario d’inaction et de constater à l’issue de la période d’engagement la déforestation effective pour en déduire le bilan en terme de solde, positif ou négatif, d’émissions de CO2 par rapport au scénario de référence. Ainsi, les pays qui réduiraient leur taux de déforestation seraient rémunérés avec des crédits carbone. La plupart des propositions suggèrent que ces crédits soient échangeables dans le cadre des marchés de permis d’émission issus du protocole de Kyoto. Les pays bénéficieraient donc d’incitations financières s’ils réduisent leur taux de déforestation, mais ils ne perdraient rien s’ils n’y parviennent pas. L’adoption de ce mécanisme risquerait de se faire au détriment d’un des principes fondamentaux du protocole de Kyoto, l’additionnalité des réductions d’émissions par rapport à une situation d’inaction. (…) Lire l’intégralité de l’article sur le site de Telos

 

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