L’Office pour les insectes et leur environnement (Opie) et France Nature Environnement (FNE) souhaitent mettre en garde sur les pratiques de piégeage du Frelon asiatique, sans réelle efficacité et néfastes pour les autres insectes volants, en particulier de nombreux pollinisateurs.
Le Frelon asiatique (Vespa velutina), découvert en France en 2005, est bien implanté et il est désormais admis que son éradication est impossible. Une colonie peut commettre de gros dégâts sur les ruchers déjà affaiblis en capturant et tuant les abeilles domestiques afin de nourrir ses larves. Le préjudice peut être très important pour les apiculteurs des zones infestées, qui tentent de réagir en proposant un piégeage massif des reines fondatrices dès février à l’aide de dispositifs attractifs « maison », constitués de bouteilles-pièges appâtées de mélanges sucrés et alcoolisés. Or il a été prouvé en 2009 par une équipe de scientifiques du Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) que ces pièges ne sont pas sélectifs : ils capturent et tuent de très nombreux insectes non ciblés. De plus, ils n’ont aucun impact réel sur les populations de Frelon asiatique qui restent équivalentes dans les zones piégées par rapport à des zones sans pièges. L’Opie et FNE appellent donc à un arrêt de ce type de pratiques de piégeage, inefficaces et catastrophiques pour la faune des insectes et le bon fonctionnement des écosystèmes ! L’Opie et FNE conseillent, conformément aux recommandations du Muséum National d’Histoire Naturelle:- de s’abstenir de tout piégeage préventif qui massacre un grand nombre d’insectes non cibles sans affecter les populations de Frelon asiatique ;
- de ne pas pratiquer de piégeage printanier (très faible impact sur le nombre de colonies en été) ;
- de piéger, de fin juillet à mi-novembre, uniquement à proximité des ruchers attaqués pour faire diminuer la pression de prédation, en utilisant comme appât le jus de cirier (plus « sélectif » que la bière).
Piéger les femelles fondatrices de frelon asiatique, et seulement elles
Il existe un piège beaucoup plus sélectif que le modèle généralement proposé. Il est fait de telle façon que les insectes attirés ne s’engluent pas dans l’appât, que les insectes plus gros que le Frelon asiatique ne peuvent pas entrer et que les plus petits que lui peuvent s’échapper. Les explications de son concepteur qui vous propose de réaliser plusieurs pièges : « N’en faire qu’un seul, n’est pas rentable, car plus on en fabrique, plus on peut en distribuer au voisinage, et là c’est le jack-pot ! En effet, piéger tout seul dans son coin, n’évite pas des nids ailleurs. Il faut donc tenter de piéger toutes les femelles fondatrices du coin ! Au sortir de l’hiver, les frelonnes ne vont pas chercher loin, elles se ravigotent d’abord, et les fleurs les plus proches sont les meilleures ! Alors, si vous avez des camélias à fleur simple, ils seront en fleur dès février, et les frelonnes du quartier leurs rendront visite ! Ne loupez pas le coche ! Installez y, coté soleil : un (ou plus) piège très, très très sélectif ! Vous m’en direz des nouvelles ! Et si votre voisinage au plus large en fait autant, je suis prêt à parier que vous ne verrez pas de frelon l’été prochain ! » Différents matériaux peuvent être utilisés, suivant votre niveau de capacité au bricolage, la seule précision à avoir est pour la fabrication de la barrière sélective (pièce couleur jaune) qui empêche la sortie du frelon asiatique à 5,5 mm ! Astuces : – percer les trous de l’anse, avec un fer à souder à panne conique chauffé à 180 °C ou tout simplement avec un clou chauffé à la flamme, du gaz de la cuisinière ou autre flamme. – Pour la fenêtre, utiliser une section de profilé en U de 25 mm, chauffée à la flamme ou montée sur panne de fer à souder toujours à 180°C. – la plage d’envol peut être confectionnée avec du profilé plat de PVC (cas de la photo), ou du bois (balsa, planche fine de cageot, abaisse langue, etc.) ou toute autre matière rigide, claire non conductrice de la chaleur, résistante aux ultra violets et facile à découper. – la mousse à bulle ouverte peut être remplacée par une matière spongieuse afin de diffuser les arômes de l’appât, et flottante afin de servir de radeau et éviter la noyade des insectes entrés dans le piège. Dans l’objectif qu’ils puissent rester indemnes et ressortir par la plage d’envol, ou bien que vous puissiez ouvrir le piège et les relâcher. Sachant que le frelon piégé sera d’autant plus attirant pour les autres frelons, qu’il restera vivant dans le piège. – si vous posez votre piège à terre, remplacez la mousse par du gravier fin, il aura l’avantage d’être plus stable. Cependant il ne faudra pas que l’appât liquide n’arrive au niveau supérieur du gravier, afin d’éviter que les insectes ne se mouillent les ailes. L’autre détail important est la période de piégeage : du 15 février au 1er mai ! En effet, après le 1er mai, les frelons asiatiques que vous attraperez seront sûrement des ouvrières ! Après le 1er mai, mieux vaut chercher le nid, car les femelles fondatrices restent au nid pour pondre, c’est leur seule occupation ! Ce sont les ouvrières, nouvelle génération qui font le reste ! Après le 1er mai, si vous vous apercevez encore des frelons asiatiques roder, c’est qu’un nid s’est constitué dans le quartier. Il est bon de laisser le piège en place, mais il est très important de remettre le bouchon de la bouteille après avoir percé le bouchon de 3 trous de 8 mm de façon à limiter l’entrée du piège. Ainsi le frelon « crabro » ne sera pas piégé !