La bombe écologique, c’est le titre du dossier réalisé par Philosophie magazine (n°13 – octobre 2007) sous-titré : Change le rapport de l’homme à la nature. Les abeilles disparaissent, le désert avance dans les zones subtropicales, les sols s’érodent, l’eau potable se raréfie. Les phénomènes météorologiques inhabituels ou violents se multiplient. La croissance économique de la Chine, celle du nombre d’habitants que porte la planète font peser de graves menaces sur les équilibres environnementaux. Non seulement une catastrophe écologique se dessine à l’horizon, mais celle-ci risque d’être accompagnée de tensions géopolitiques de plus en plus violentes pour l’appropriation des ressources naturelles, notamment le pétrole. Simultanément, la philosophie de l’écologie est devenue une discipline active.
Si la modernité occidentale a longtemps dissocié culture et nature, si la science et l’économie ont progressé depuis la Renaissance sans se soucier de la limitation des ressources naturelles, une révolution de ces schémas de pensée est devenue indispensable, soutenue par de nombreux philosophes contemporains. Catherine et Raphaël Larrère reviennent sur l’histoire de l’idée de nature pour y puiser une inspiration nouvelle, quand Bruno Latour propose de transformer le Sénat en un parlement des objets. Luc Ferry défend une conception humaniste de l’écologie face à l’anthropologue Philippe Descola, qui prône une vision écocentrée. Jean-Pierre Dupuy se fait l’avocat d’un « catastrophisme éclairé » dont l’inspiration doit quelque chose à l’Apocalypse des Évangiles. Enfin, l’enquêteur Matthieu Auzanneau passe en revue nos moyens d’agir.
3 questions composent ce dossier :
– Avons-nous jamais été maîtres de la nature ?
Changement climatique, extinction des espèces, érosion des sols, pollution… C’est parce que l’Occident a rêvé l’homme en « maître et possesseur » de la nature, qu’on en est arrivé à la crise actuelle. Nous n’en sortirons qu’en révisant notre idée de la nature, voire en y renonçant.
– L’homme ou la nature, faut-il choisir ?
Si le philosophe Luc Ferry soutient qu’il faut protéger la nature en fonction des intérêts humains, l’anthropologue Philippe Descola entend dépasser l’opposition entre nature et culture. Malgré leur différend, ils prônent une nouvelle relation au monde, qui accorde une place centrale à l’intelligence des écosystèmes, à la beauté de la nature
et à la souffrance animale.
– Devons-nous croire en l’Apocalypse ?
Nous sommes entrés dans une ère dont l’horizon est la destruction de l’écosystème terrestre, donc de la vie humaine. Mais, contrairement aux chrétiens face au Jugement dernier, nous refusons d’y croire.