Pour la première fois, le prix du pétrole a dépassé les 110 dollars le baril. Non sans relancer le débat sur le pouvoir d’achat et la vie après le pétrole. L’évolution est spectaculaire : il y a à peine quatre ans, le cours du pétrole oscillait autour de 30 dollars le baril, soit 25 % du prix actuel.
L’évolution est spectaculaire : il y a à peine quatre ans, le cours du pétrole oscillait autour de 30 dollars le baril, soit 25 % du prix actuel. « Depuis 2004, explique Francis Perrin (« Le pétrole et la confiance », Alternatives Economiques n° 263, novembre 2007), les opérateurs sur les marchés pétroliers sont préoccupés par l’équilibre instable entre la demande mondiale d’or noir, qui s’est emballée notamment du fait des pays émergents, et l’offre mondiale, qui a un peu de mal à suivre ». Cette pénurie structurelle oblige tous les pays à réfléchir sur comment se préparer à l’après-pétrole. Selon Pierre Radanne (« La politique énergétique européenne est plombée », L’Economie politique n° 33, janvier 2007), la hausse du prix révèle les insuffisances de la politique énergétique européenne : « Le choc pétrolier actuel appelle des politiques publiques volontaires d’investissement que les opérateurs privés, soucieux de préserver leur profitabilité immédiate pour satisfaire leurs actionnaires, ne sont pas prêts à réaliser. » Cette politique publique volontariste ne pourra pas reposer uniquement sur les énergies renouvelables, car « leur contribution est actuellement de 5 % en France, rappelle Pierre Radanne. Avec les techniques actuelles, elles auront du mal à couvrir plus de 40 % de nos besoins énergétiques. On va donc devoir utiliser des combustibles fossiles pendant encore longtemps, d’autant que nos transports restent encore très dépendants du pétrole. Le développement des énergies renouvelables n’exonèrera ainsi pas de faire d’importantes économies d’énergie. » La question est de savoir où chercher ces économies. Le principal défi se pose dans les transports, qui représentent près de 60 % du pétrole consommé dans le monde. D’où le besoin de repenser le plan urbain et nos habitudes quotidiennes. « Densifier les villes et rapprocher le domicile du lieu travail doit donc être au cœur des préoccupations des pouvoirs publics, constate Marc Chevallier (« Vivre sans pétrole ? », Alternatives Economiques, hors-série n° 68, février 2006). Entre autres, cela signifie donner un coup d’arrêt à l’essor non maîtrisé des constructions de pavillons en périphérie des villes, privilégier l’extension de l’habitat collectif et ne plus considérer comme un tabou la construction de tours dans les villes. Pas très simple politiquement. » Wojtek Kalinowski