Ces derniers jours, le nucléaire fait parler une nouvelle fois de lui de manière négative. Après les révélations tardives et aberrantes sur les stocks non comptabilisés de plutonium et d’Uranium du site de Cadarache, les ratés du nucléaire prennent la forme d’une liste à la Prévert, constate France Nature Environnement (FNE) dans un communiqué de presse.
L’indépendance énergétique de la France : de la réalité au mythe ?
Première information : la France, selon RTE (Réseau de Transport d’Electricité), importera sans doute du courant électrique cet hiver pour répondre à la demande. Ce n’est pas la première fois mais le contexte est aujourd’hui différent. Pour Marc Sénant, chargé de mission du pôle Industrie-Produits-Services : « Les énergies renouvelables sont au cœur des préoccupations actuelles. Nos dirigeants se posent aujourd’hui la question de savoir quelle doit être leur place dans le bouquet énergétique. Leurs détracteurs, souvent les partisans du nucléaire, ne cessent de pointer leur intermittence pour rejeter leur viabilité. Or, manifestement, le nucléaire ne fait pas mieux et n’assure pas du tout l’indépendance énergétique de la France. »
L’information est donc que nous ne pouvons, en l’état actuel de l’offre, répondre à la demande. FNE n’ose penser qu’il y ait derrière cette information un message subliminal pour légitimer une augmentation du parc nucléaire français, et donc de la construction d’EPR, au moment même où leur sécurité vient d’être mise sérieusement en doute par l’ASN. Pour FNE, au lieu de se poser la question du développement du nucléaire, mieux vaut penser à réduire le gaspillage et à améliorer l’efficacité énergétique de tout le pays.
L’intervention de l’Agence de Sûreté Nucléaire sur Marcoule
Melox, filiale du groupe Areva, a été contrainte de signaler lundi, un incident nucléaire de niveau 1 de l’échelle INES qui en compte 7 et qui s’est produit jeudi 29 Octobre sur le site nucléaire de Marcoule, un des plus vieux sites nucléaires de France (construit dans les années 1950), dans le département du Gard.
La sécurité de l’EPR sérieusement remise en cause
Les Agences de 3 pays (les autorités de sûreté nucléaire britannique, française et finlandaise) ont émis des réserves sur les systèmes de sûreté des réacteurs nucléaires EPR, demandant aux exploitants et fabricants « d’améliorer la conception initiale de l’EPR ». En France, la remarque de l’ASN est sans appel, relevant lundi que la « complexité » de l’architecture du logiciel de pilotage « rend difficile l’élaboration d’une démonstration de sûreté satisfaisante ». Mais AREVA et EDF rétorquent que nous pouvons dormir tranquille…
Trois informations récentes et qui ont un point commun : l’absence totale d’emprise des politiques sur un sujet aussi crucial et citoyen. Pour Arnaud Gossement, porte parole de FNE : « l’information vient systématiquement, non du politique mais d’Agences spécialement créées pour le contrôle de la filière nucléaire. Conséquence, nous sommes dépendants – et le politique aussi – de ces agences pour être tenus au courant de faits qui datent souvent de plusieurs jours avant d’être rendus publics. La question de leurs moyens et de leur indépendance mérite donc toute l’attention des français. »