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Notre poison quotidien : comment l’industrie chimique empoisonne notre assiette

Une enquête de Marie-Monique Robin en vidéo et en livre

Après Le monde selon Monsanto, Arte a diffusé hier soir le nouveau documentaire de Marie-Monique Robin. Au cœur de cette enquête intitulée Notre poison quotidien, il y a une question fondamentale : comment les produits chimiques qui contaminent notre chaîne alimentaire sont-ils testés, évalués, puis réglementés ? Pour pouvoir répondre à cette question, qui concerne les pesticides, les additifs et plastiques alimentaires, Marie-Monique Robin s’est notamment intéressée à l’histoire des produits concernés. Le résultat de cette longue enquête, qui a conduit l’auteur dans six pays européens (France, Italie, Allemagne, Suisse, Grande Bretagne, Danemark), aux Etats Unis, au Canada, au Chili, et en Inde, sera également publié le 7 mars dans un ouvrage de 400 pages aux éditions La Découverte …

Pourquoi cette enquête ?

Marie-Monique Robin explique sa démarche : « Alors que je travaillais sur le passé et le présent peu glorieux de Monsanto et que je découvrais comment depuis sa création au début du XXème siècle la firme n’a cessé de cacher la haute toxicité de ses produits, je me suis posé trois questions: – Est-ce que le comportement de Monsanto constitue une exception dans l’histoire industrielle? – Comment sont réglementés les 100 000 molécules chimiques qui ont envahi notre environnement depuis la fin de la seconde guere mondiale? – Y-a-t il un lien entre l’exposition à ces produits chimiques et « l’épidémie de maladies chroniques évitables » que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a constatée surtout dans les pays dits « développés » ( les termes que j’ai mis entre guillemets sont ceux utilisés par l’OMS)? Consciente que le champ d’investigation était très vaste, j’ai décidé de ne m’intéresser qu’aux seuls produits chimiques qui entrent en contact avec notre chaîne alimentaire du champ du paysan (pesticides) à l’assiette du consommateur (additifs et plastiques alimentaires). Avant d’entreprendre mon nouveau tour du monde, j’ai réalisé un long travail de recherche préparatoire qui a consisté à lire de nombreux livres (une centaine, essentiellement anglophones), rapports, études scientifiques et j’ai rencontré des experts (toxicologues, biologistes, représentants des agences de réglementation) , soit directement lors de rendez-vous personnels ou lors de colloques spécialisés. J’ai aussi consulté les archives d’organisations internationales comme l’OMS ou le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) qui dépend de la première ».
Marie-Monique Robin à l'OMS. Photos prises par son ingénieur du son : Marc Duployer
Marie-Monique Robin à l’OMS. Photos prises par son ingénieur du son : Marc Duployer

Bande-annonce

Extraits du film

L’aspartame : Son vrai nom est E951, et on le retrouve dans de nombreux aliments. Ce fameux E951, on le connaît mieux sous le nom d’aspartame. Un mot familier qui cache bien des doutes sur son impact sur la santé humaine. Retour sur une histoire étonnante : Bisphénol A : Le plastique est une matière beaucoup plus vivante qu’on ne le pense. Et peut-être plus dangereuse aussi. Le cas du Bisphénol A qu’on retrouve notamment dans la composition les biberons a provoqué une polémique d’ampleur internationale : Pesticides : Comment savoir si un pesticide est toxique pour la santé ? La réponse devrait se trouver au Centre International de recherche contre le Cancer qui coordonne toutes les études et recherches sur les produits chimiques. Mais qu’en est-il vraiment ? Le cas de l’Inde : L’Etat de l’Orissa en Inde possède une particularité : il y a moins de cas de cancers et de moins de gens obèses que dans les sociétés occidentales. Or, ces Indiens vivent et se nourrissent de leur agriculture traditionnelle. Difficile de ne pas y voir un lien :

Pourquoi ce titre ?

En s’intéressant à l’histoire des produits chimiques, Marie-Monique Robin a « découvert que les « produits phytosanitaires », selon le terme euphémisant utilisé par l’industrie et les pouvoirs publics, sont des dérivés des gaz de combat mis au point par un chimiste allemand du nom de Fritz Haber pendant la première guerre mondiale. Ses travaux sur les gaz chlorés ont ouvert la voie à la production industrielle d’insecticides de synthèse, dont le plus célèbre est le DTT, qui fait partie de la vaste famille des organochlorés. Suivront les organophosphorés, dont le développement dans l’entre-deux guerres est directement lié à la recherche sur de nouveaux gaz de combat, qui finalement ne seront jamais utilisés à des fins militaires., mais seront recyclés dans l’agriculture chimique. Comme le souligne un film institutionnel du ministère de la santé américain du début des années 1960, que j’ai utilisé dans mon film, les pesticides sont bel et bien des « poisons », car ils ont été conçus pour tuer. La grande famille des pesticides est d’ailleurs identifiable par le suffixe commun « – cide », – du latin caedo, cadere , « tuer » – car d’après leur étymologie, les pesticides sont des tueurs de « pestes », du latin « pestis » qui désigne des fléaux ou calamités : les adventices, ou « mauvaises herbes » (herbicides), les insectes (insecticides), les champignons (fongicides), les escargots et autres limaces (mollusticides), les vers (nématicides), les rongeurs (rodenticides), ou les corbeaux (corvicides).
Le DVD du documentaire sortira le 23 mars chez Arte Vidéo en coédition avec l'INA
Le DVD du documentaire sortira le 23 mars chez Arte Vidéo en coédition avec l’INA
C’est précisément parce qu’ils sont hautement toxiques et nocifs pour la santé de ceux qui y sont exposés (les agriculteurs, mais aussi les consommateurs) que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Food and Agriculture Organization (FAO) ont inventé un système qui permet d’évaluer la toxicité des pesticides (mais aussi des additifs et plastiques alimentaires-), dont le pilier s’appelle la « Dose Journalière Acceptable » (DJA). Certains emploient l’expression « Dose journalière admissible » mais je préfère utiliser celle qu’a proposée René Truhaut, un toxicologue français, considéré comme le « père de la DJA », dans les (rares) articles qu’il a consacrés à son « invention ». Ce concept, dont j’ai reconstitué l’origine grâce à mes recherches dans les archives de l’OMS , à Genève désigne « la quantité de substance chimique que l’on peut ingérer quotidiennement et pendant toute une vie sans qu’il n’y ait d’effet sur la santé ». En termes clairs : c’est la quantité de poison que nous sommes censés pouvoir ingérer quotidiennement, car si ladite substance n’était pas un poison, il n’y aurait pas besoin d’inventer une DJA! Voilà pourquoi, avec ARTE et La Découverte, j’ai décidé d’appeler mon film et livre Notre poison quotidien, car je montre comment notre nourriture est quotidiennement contaminée par de petites quantités de poisons divers et variés. Le titre est aussi un clin d’œil à la référence des Evangiles que tout le monde connaît: « Notre pain quotidien ». »

Extrait de son livre – Paracelse: « la dose fait le poison »

Notre poison quotidien : comment l'industrie chimique empoisonne notre assiette de Marie-Monique Robin aux éditions La Découverte (le 7 mars 2011 en librairie)
Notre poison quotidien : comment l’industrie chimique empoisonne notre assiette de Marie-Monique Robin aux éditions La Découverte (le 7 mars 2011 en librairie)
Dans son ouvrage publié le 7 mars prochain aux éditions La Découverte, Marie-Monique Robin explique notamment le rôle joué par Paracelse dans le système d’évaluation des poisons chimiques qui contaminent notre alimentation. En effet, le médecin suisse du XVIème siècle qui est cité à toutes les sauces, est l’auteur d’une phrase, qui constitue le dogme central de l’« idéologie de la dose journalière acceptable », pour reprendre les termes de René Truhaut, considéré comme l’« initiateur de la DJA » : « Rien n’est poison, tout est poison: seule la dose fait le poison. » Voici un extrait du livre de Marie-Monique Robin : « Né Philippus Theophrastus Aureolus Bombastus von Hohenheim, celui qui est entré dans l’histoire sous le nom de « Paracelse » était un alchimiste, astrologue et médecin suisse, à la fois rebelle et mystique, qui a dû maintes fois se remuer dans sa tombe, en voyant comment les toxicologues du XXème siècle ont abusé de son nom pour justifier la vente massive de poisons. Parmi les coups de gueule légendaires du « médecin maudit » [[René Allendy, Paracelse. Le médecin maudit, Dervy-Livres, 1987.]], l’un mérite d’être médité par tous ceux qui sont chargés de la protection de notre santé : « Qui donc ignore que la plupart des médecins de notre temps ont failli à leur mission de la manière la plus honteuse, en faisant courir les plus grands risques à leurs malades ? » [[Paracelsus, Liber paragraphorum, in Sämtliche Werke, Editions K. Sudhoff , t. IV, p. 1-4 .]], s’emporte le professeur de médecine, alors qu’il vient de brûler les manuels classiques de sa discipline devant l’ Université de Bâle, ce qui, on s’en doute, lui valut quelques solides inimitiés. « Allergique à tout argument d’autorité » [[Andrée Mathieu , Le 500e anniversaire de Paracelse, L’Agora, vol. 1, no 4, décembre 1993/janvier 1994.]] – chose que semblent aussi avoir oublié ceux qui appliquent les yeux fermés le principe qui porte son nom – Paracelse est à la fois considéré comme le père de l’homéopathie et de la toxicologie, deux disciplines qui, aujourd’hui, ne s’apprécient guère. La première revendique l’une de ses phrases les plus célèbres, dont s’est d’ailleurs aussi inspiré Pasteur, lorsqu’il inventa le premier vaccin : « Ce qui guérit l’homme peut également le blesser et ce qui l’a blessé peut le guérir. » La seconde en préfère une autre, somme toute complémentaire : « Rien n’est poison, tout est poison: seule la dose fait le poison. » [[Rebelle invétéré, Paracelse n’écrivait pas en latin, mais en allemand. Pour les germanistes, la phrase originale est : « Alle Ding sind Gift, und nichts ohn Gift; allein die Dosis macht, das ein Ding kein Gift ist ». Mot à mot : tout est poison et rien n’est sans poison. Seule la dose fait qu’une chose n’est pas un poison.]] L’idée que « la dose fait le poison » remonte à l’Antiquité. Dans leur livre Environnement et santé publique, Michel Gérin et ses coauteurs rapportent que « le roi Mithridate consommait régulièrement des décoctions contenant plusieurs dizaines de poisons afin de se protéger d’un attentat de ses ennemis. Il aurait si bien réussi que, fait prisonnier, il échoua dans sa tentative de se suicider à l’aide de poison ». [[Michel Gérin, Pierre Gosselin, Sylvaine Cordier, Claude Viau, Philippe Quénel, Eric Dewailly, Environnement et santé publique. Fondements et pratiques, , Edisem Inc, 2003, p.120. À noter que l’on soupçonne que les poisons utilisés par le malheureux roi, qui sera finalement tué par un mercenaire, d’avoir été éventrés…]] C’est au Grec que l’on doit le mot « mithridatisation » qui désigne « l’accoutumance ou l’immunité acquise à l’égard de poisons par exposition à des doses croissantes ». S’appuyant sur ses propres observations, Paracelse considère que des substances toxiques peuvent être bénéfiques à petites doses, et qu’inversement une substance a priori inoffensive comme l’eau peut s’avérer mortelle si elle est ingérée en trop grande quantité. Nous verrons ultérieurement que le principe de la « dose fait le poison », – dogme intangible de l’évaluation toxicologique des poisons modernes -, n’ est pas valide pour de nombreuses substances, dont celles qu’on appelle « les perturbateurs endocriniens » et qu’il est souvent complètement inopérant , car il ignore la multiplicité des poisons auxquels nous sommes quotidiennement exposés, lesquels peuvent interagir ou s’additionner, en vertu de « l’effet cocktail ». Mais nous n’en sommes pas encore là… Pour en savoir plus
Consultez le blog de Marie-Monique Robin
Consultez le blog de Marie-Monique Robin
– Consultez le blog de Marie-Monique Robin en cliquant ici. – Le DVD du documentaire sortira le 23 mars chez Arte Vidéo en coédition avec l’INA. Il est déjà disponible en précommande sur Amazon.fr : Enfin, la précédente enquête de Marie-Monique Robin, « Le monde selon Monsanto » est toujours disponible en livre et en DVD.

Erik Orsenna s’insurge contre « notre poison quotidien »

L’académicien Erik Orsenna, accessoirement président du jury des Trophées de l’agriculture durable hausse le ton contre l’émission « notre poison quotidien ». Il qualifie l’attitude de ses confrères qui ont réalisé ce programme de « malhonnête ». Regardez sa réaction énergique. Cela se déroule le lendemain de l’émission lors de la remise des Trophées au ministère de l’Agriculture à Paris. Attention le son est bas…

 

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David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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6 Commentaires

  1. À petit feu et à grande échelle : l’empoisonnement du consommateur
    Le consommateur a de quoi être inquiet : à la chimie naturelle de son environnement se sont ajoutées de façon exponentielle tout au long des cinquante dernières années une multitude de molécules issues de la chimie de synthèse. Longtemps acceptées comme les signes du miraculeux progrès de la science, ces substances artificielles aiguisent désormais la méfiance ou l’hostilité d’un nombre croissant de consommateurs en Europe et en Amérique du Nord. Des études de plus en plus nombreuses attestent de leurs dangers pour la santé. Les Agences officielles de surveillance ne semblent pas pressées de s’en soucier.

    L’aspartame va nous servir d’exemple emblématique d’une science imprudente et d’un pouvoir politique irresponsable, tous deux soumis aux impératifs marchands et financiers des Multinationales de l’industrie. Célèbre édulcorant artificiel intense, l’aspartame (APM) est un dipeptide composé de deux acides aminés naturels, l’acide aspartique et la phénylalanine dérivant du méthanol. L’aspartame a un pouvoir sucrant 200 fois supérieur à celui du saccharose et est utilisé pour édulcorer les boissons et aliments à faible apport calorique ainsi que les médicaments (code E951 de la classification européenne des additifs alimentaires). On le trouve dans plus de six mille produits alimentaires consommés principalement par les enfants et les femmes. En Europe, l’APM est autorisé depuis 1994 (1981 aux États-Unis). La dose journalière admissible (DJA) en vigueur pour l’aspartame est fixée actuellement à 40 mg/kg de poids corporel/jour. Le CSAH, Comité scientifique de l’alimentation humaine de la Commission européenne, a réévalué ce seuil successivement en 1989, 1997 et 2002. C’est dire si la DJA a une indiscutable portée scientifique ! En 1995, une étude évoqua une possible relation entre l’augmentation de la fréquence de tumeurs du cerveau et la consommation d’aspartame. Se prononçant une première fois en 1997, le CSAH a conclu en 2002 que les données scientifiques de l’étude de 1995 n’apportaient pas de preuve d’un lien entre aspartame et tumeurs du cerveau. La dose journalière admissible de l’aspartame fut alors maintenue. Traversons l’Atlantique afin de mieux comprendre les tenants et aboutissants de l’une des nombreuses affaires de ce que l’on commence à sérieusement qualifier de « santé environnementale ». C’est aux États-Unis que l’aspartame a été inventé en 1965 par le chimiste J. Schlatter. Plusieurs rapports rédigés par des scientifiques de la FDA (Food and Drug Administration) recommandèrent dans les années 1970 de ne pas mettre en circulation l’aspartame en raison de sa probable dangerosité. Les demandes d’autorisation de mise sur le marché émanaient de la société Searle – rachetée par Moncento en 1985 – détentrice du brevet (tombé dans le domaine public en 1988) et présidée par Donald Rumsfeld de 1977 à 1985. Après l’arrivée de Ronald Reagan à la Maison blanche, l’aspartame fut autorisée pour les aliments solides (juillet 1981) et pour les liquides (1983). En 1981, l’aspartame fut également autorisé par un comité commun d’experts de l’OMS et de la FAO. Puis vinrent les autorisations en cascade dans plus de quatre-vingts pays. La bataille contre les scientifiques indépendants des enjeux commerciaux semblait définitivement gagnée.

    C’est en 2005 que le Centre de Recherche sur le Cancer Ramazzini de Bologne publia les résultats d’une étude chez le rat dont les résultats mettaient en évidence une augmentation de l’incidence des lymphomes, leucémies et autres types de cancer chez les animaux exposés à l’aspartame. Saisie par la Commission européenne, l’EFSA (Agence européenne de sécurité des aliments) a alors étudié ces nouvelles données et… a conclu à l’absence d’élément permettant de mettre en cause les évaluations précédemment réalisées, ni la DJA de l’aspartame. En 2007, on assiste au même scénario : une nouvelle publication de l’Institut Ramazzini démontre l’augmentation significative des cas de leucémies, lymphomes et de cancers des glandes mammaires chez les rats après l’exposition à l’aspartame, in utero cette fois. En février 2009, l’EFSA rend son avis à propos de cette communication scientifique : pour elle, les données obtenues n’indiquent pas un potentiel génotoxique ou cancérigène de l’aspartame après une exposition in utero. Pourtant, le débat sur l’aspartame, et les édulcorants en général, est loin d’être clos. De nouvelles études scientifiques, très récemment publiées, se sont à nouveau penchées sur les éventuels effets d’édulcorants alimentaires sur la santé. Ainsi, en décembre 2010, le Dr Morando Soffritti et l’équipe du Centre de Recherche sur le Cancer Ramazzini de Bologne ont publié dans la revue American Journal of Industrial une troisième communication démontrant un effet cancérogène. Elle révèle que l’administration d’aspartame ajouté à la nourriture, de la période prénatale à la fin de la vie, provoque le cancer du foie et du poumon chez la souris Swiss mâle.

    Parallèlement, une étude prospective menée chez près de soixante mille femmes danoises enceintes est parvenue à la conclusion que la consommation quotidienne durant la grossesse de boissons gazeuses ou non gazeuses sucrées artificiellement pourrait augmenter le risque d’accouchement prématuré. On attend avec impatience l’avis de l’EFSA et de son homologue française.

    Les Agences officielles vont avoir de plus en plus de mal à dissimuler l’ampleur de l’empoisonnement global de notre environnement et de ses effets sur notre santé. Elles sont magistralement prises en défaut par Marie-Monique Robin dans son dernier film, « Notre poison quotidien », qu’Arte diffusera le 15 mars prochain. Les dits experts y sont risibles tant ils s’emmêlent les pinceaux qui leur ont trop longtemps servi à peindre le tableau de la chimie maîtrisée. Mais, on rit jaune car la question est trop grave. Le nombre d’enfants atteints de cancer ne cesse de progresser dans les pays riches, ceux de l’agriculture chimique et du développement de la malbouffe. L’argument suprême des experts – l’espérance de vie continue de croître – ne tient plus qu’à un fil. Aux États-Unis, il ne tient déjà plus : la courbe s’est inversée en 2008. Oui, dans le pays le plus riche du monde, l’espérance de vie diminue désormais. Notre tour va venir immanquablement puisque les européens font à peu de chose près les mêmes choix stratégiques en matière agro-alimentaire. Il est temps que le consommateur citoyen se dresse !

    Cadoudal

  2. Notre poison quotidien : comment l’industrie chimique empoisonne notre assiette
    L’industrie alimentaire et l’empoisonnement insidieux qu’elle nous fait supporter est en effet une chose contre laquelle il faut lutter. Somme toute il faut relativiser ce que cette industrie nous coûte, d’un point de vue « médical » et ce qu’elle nous apporte.
    En effet les organismes génétiquement modifiés, les engrais, les pesticides permettent une agriculture performante laquelle autorise le développement de civilisations ou le taux de « maladies » liées à la sous-nutrition n’existent plus.
    Il est heureux qu’aujourd’hui notre plus gros problème soit de lutter contre la pollution, le sur emballage, la sur consommation et tout le reste, puisque cela signifie que nous sommes passés d’un manque à une période d’abondance.
    Ce n’est pas l’industrie et les produits qu’elle nous donne à consommer qui est la chose la plus dure à combattre, mais notre mode de vie à raisonner.
    Viendra le jour ou les opposant à l’industrie changerons leur revendications complexes contre une seule beaucoup plus simple; l’homme commence ou commencera bientôt à sur peupler notre planète, mais diminuer sa consommation individuelle n’a que peu de sens si nous engendrons à deux encore plus de consommateurs que nous le sommes nous même.

    Maintenant, pour lutter contre cette industrie qui accélère le rythme de notre néfaste croissance, il faut chaque jour prendre soin de ce suffire de ce dont nous avons besoin.
    Le problème est qu’il semble impossible de retrouver une terre saine ou son potager ne sera pas contaminé par les chimisteries employées sur les océans céréaliers voisins, potager ou même l’eau de pluie est chargée de souffre, l’eau des nappes, de nitrates…
    Mais un espoir subsiste peut-être pour tous ceux qui se battrons pour la décroissance sans succès, c’est la prochaine arrivée de la guerre pour le pétrole, espérant que nos armes atomiques n’auront pas, à l’ échelle humaine, contaminées définitivement notre seule planète.

    • Notre poison quotidien : comment l’industrie chimique empoisonne notre assiette
      Et Anton l’imposteur, va rejoindre tes amis Alerte Environnement et Agriculture et environnement pour faire ta désinformation entre amis des lobbys sans scrupules !
      Au moins pour ceux qui te payent royalement, tu justifieras ton travail de collabos !
      Maintenant les consom’acteurs citoyens contribuables entre en résistances et le jour de la libération, j’espère que tu seras encore de ce monde pour répondre de tes actes pour crime contre l’humanité !!!!

  3. Notre poison quotidien : comment l’industrie chimique empoisonne notre assiette
    Merci à Cdurable de nous avoir signalé cet excellent reportage !

    Le pain que nous livrent quotidiennement nos boulangers n’est pas non plus exempt de nombreux produits chimiques. Depuis 1995, avec la directive 95/2/CE de l’UE, une liste de plus de 150 « additifs alimentaires » peuvent être utilisés en boulangerie, dans la fabrication des farines, des levures ou encore dans les procédés de fabrication. Même la réglementation pour le pain bio autorise des additifs dans la levure.

  4. Notre poison quotidien : comment l’industrie chimique empoisonne notre assiette
    Lecteur attentif de « notre poison quotidien », je trouve l’enquête de MMR de très grande qualité et ses critiques très pertinentes. Pourtant, je ne peux pas m’empêcher d’émettre à son égard un point de vue critique. En effet, si l' »empoisonnement » me paraît pouvoir qualifier l’intention de propager des molécules qui sont « manifestement » des poisons pour l’homme et son environnement, toute application de ces trouvailles chimiques, ne peut être qualifiée ainsi. Moi-même j’ingère quotidiennement de l’insuline chimique pour vivre et quand bien même elle est potentiellement cancérigène comme celà est suspecté, dois-je regretter toute l’ingestion passée au risque de regretter d’avoir vécu jusqu’à aujourd’hui ?

    Sans vouloir me faire l’avocat du diable, ce à quoi je ne tiens pas, l’industrie chimique est faite certes de cyniques vendeurs de poisons, mais aussi d’honnêtes chercheurs qui ne sont pas moins des êtres moraux que ne le sont ceux qui défendent à juste titre la protection de l’homme de de son environnement. Il est ainsi risqué de renoncer au géni de certains qui contribuent à un indiscutable progrès, sous prétexte que d’autres en tirent un bénéfice juqu’à l’insensé.

    Je partage ainsi l’accusation de MMR à l’égard de ceux qui nient obstinément la toxicité établie de certaines substances, mais il est peut-être injuste de rejetter toute l’industrie chimique d’un revers de balais.

    Comment peut-on s’assurer que l’on serait soi-même prêt à sacrifier sa situation socio-professionnelle pour éviter les effets toxiques de tant de molécules, du moins comme ce serait le cas dans un processus de renoncement global à toute cette chimie, pour ceux qui en tirent par exemple de par leur travail un modeste bénéfice ?

    D’autre part, ne faut-il pas considérer que l’empoisonnement certes réel est relatif au bénéfice que nous à apporté cette chimie ? Certes la résultante est difficile à établir, mais on ne peut prétendre être objectif en négligeant soit le degré d’empoisonnement, soit le bénéfice obtenu.

    Croire par ailleurs qu’un renoncement radical aux substances toxiques est envisageable très rapidement au niveau de toute une société est naïf, car ce serait ne pas tenir compte de l’avidité des désirs des êtres humains (producteurs et consommateurs).

    Et il serait juste enfin de considérer que l’industrie chimique qui à tant investi dans la recherche veut en obtenir une rentabilité. Certes la rentabilité matérielle au détriment de la vie est une erreur, parfois davantage. Mais les découvertes scientifiques en chimie ont requis beaucoup de temps, de moyens et d’énergie, dans la plupart des cas avec des intentions louables, et les bénéfices ainsi obtenus autrefois, ne peuvent être oubliés même sous prétexte des empoisonnements ultérieurs.

    Si j’ai tenu à développer ici ce regard un peu critique envers MMR, c’est parce que précisément je ne voudrais pas que ce combat contre notre empoisonnement quotidien se prive de l’appui de tous ceux, honnêtes et besogneux qui bien que servant l’industrie productrice de ces poisons, ne sont pas moins concernés par la complexité du problème entre les avantages et les inconvénients d’applications scientifiques mal maîtisées. Sans doute que MMR dans son remarquable combat aurait ainsi à gagner à s’appuyer sur cette énergie humaine et sur son géni, pour encore mieux participer à l’inversion d’un processus dans lequel nous sommes tous impliqués.

    En tant que consommateurs ou producteurs de poisons nous ne sommes pas d’irresponsables automates. Et si nous ne sommes pas dépourvus de désirs avides qui nous aveuglent si souvent, nous ne sommes pas que cupidité. La responsabilité de chacun est de changer le changeable d’une manière sensée, donner l’exemple. J’ai moi-même changé quelques habitudes en matière de consommation de produits contenant des molécules toxiques et j’irai dans le sens de participer à l’orientation vers un meilleur contrôle des effets de l’incorporation à notre environnement de substance chimiques de synthèse, mais je tâche de m’abstenir de dénigrer sans discernement suffisant l’industrie chimique.

    Merci encore à MMR pour la richesse de son ouvrage et les informations qu’elle nous apporte. Merci à Paul Diel pour son oeuvre, qui fait ressortir combien les intentions sont essentielles, comment elles peuvent nous échapper et combien il est facile sous des comportements multiples de les démentir et d’en afficher d’autres…